Jazz et franc-maçonnerie, avec Raphaël Imbert

Jazz et franc-maçonnerie, avec Raphaël Imbert
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Jazz et franc-maçonnerie, avec Raphaël Imbert
Jazz et franc-maçonnerie, avec Raphaël Imbert

Aujourd'hui nous allons aborder un sujet quasiment inédit, en tout cas un sujet rare dans la musicologie jazzistique, en examinant les rapports qu'ont entretenu, ou qu'entretiennent encore, le jazz et la franc-maçonnerie. Si le sujet reste aujourd'hui si peu exploré, c'est sans doute parce que la place et l'esprit de la franc-maçonnerie aux Etats-Unis depuis le dix-huitième siècle n'a pas grand-chose en commun avec le travail et l'idéologie des loges maçonniques hexagonales, dont l'image a été forgée pour l'essentiel par le combat anticlérical et laïc : la situation est très différente de l'autre côté de l'Atlantique. C'est sans doute aussi parce qu'il n'existe pas une œuvre de référence incontournable pour l'étude proprement musicale du sujet, alors que dans la musique dite classique, l'on peut au moins se pencher sur l'un des derniers chefs-d'œuvre de Mozart, son opéra « La Flûte enchantée ». Et puis, il faut bien le reconnaître, les musiciens de jazz eux-mêmes évoquent très peu le sujet, préférant conserver leur jardin secret en la matière - il est vrai que le jazz moderne et contemporain a vu nombre de ses acteurs privilégier d'autres engagements, notamment au sein de la religion musulmane, délaissant par la même occasion leur obédience maçonnique. Et pourtant, il fut un temps pas si lointain où il était tout naturel d'être, à la fois, « jazzman, noir et franc-maçon », comme l'affirme le chapitre d'un ouvrage qui vient de paraître sous la signature du saxophoniste Raphaël Imbert, qui mène parallèlement depuis une dizaine d'années des recherches approfondies sur le rôle du spirituel dans le jazz, et qui transpose ses travaux dans le champ artistique, en faisant se croiser, hier Bach et Coltrane, aujourd'hui Mozart et Ellington. Raphaël Imbert est bien sûr notre invité ce matin pour évoquer ce sujet presque vierge.

Invités

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Raphaël Imbert

Né le 02 juin 1974 à Thiais, France, Raphaël Imbert grandit dans un environnement particulièrement sensible aux pratiques artistiques. A l'âge de 15 ans, il découvre le saxophone et subit dès lors un véritable coup de foudre pour cet instrument. Autodidacte, Raphaël Imbert s'inscrit dans la classe de Jazz du CNR de Marseille, tenue par Philippe Renault, et rencontre les musiciens régionaux avec qui il jouera le plus régulièrement (Emile Atsas, Jean-Luc Difraja, Vincent Lafont, Pierre Fenichel...). Il remporte avec Jean-Jacques Élangué le premier prix du conservatoire et monte deux groupes, le Hemlé orchestra et le Atsas imbert consort, avec lesquels il se produira dans de nombreux festivals (Vienne, Nice, Fiesta des Suds, Théâtre des Salins...). Au contact de ces musiciens, il cultive son goût de la composition et des situations musicales les plus éclectiques. Plus personnellement, il développe une vision de la musique et du Jazz liée à la spiritualité intrinsèque que représente la démarche musicale du Jazzman.
Dans ce but, il fonde le « Nine Spirit » pour jouer les musiques sacrées de Duke Ellington, John Coltrane, Pharoah Sanders, Albert Ayler et d'autres, et pour réaliser des spectacles qui s'inspirent de textes évocateurs et qui présentent la narration comme un élément musical à part entière (ce sera Théodore Monod, Amadou Hampatê Bâ, Martin Luther King ...). Par ailleurs, Raphaël met au point un projet d'étude sur le Sacré dans le Jazz, et devient lauréat de la Villa Médicis Hors Les Murs. Il est membre du conseil d'administration de l'Orchestre national de Jazz de 2004 à 2007 et remporte le 28ème concours national de Jazz de la Défense en juin 2005. Raphaël Imbert compose également pour le cinéma et la télévision pour les projets de Philippe Carrese et Isabelle Boni-Claverie. Il élabore le projet « BACH COLTRANE » avec André Rossi et le Quatuor Manfred, l'album dépasse les 12 000 exemplaires vendus, et depuis, en plus des concerts, il élabore une méthode d'improvisation pour ensemble de musique de chambre, qu'il propose à « Musique en Voutes » et ProQuartet. En 2005, le Nine Spirit devient la Compagnie Nine Spirit, structure administratif et artistique apte à développer ses idées et celles des artistes associés, tel la chanteuse et compositeur Marion Rampal. Depuis 2004, Raphaël Imbert a intégré comme étudiant l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) sous la direction de Jean Jamin, et en tant que tel a été missionné pour un séjour d'étude dans le sud des USA, dans le cadre du projet IMPROTECH, financé par l'ANR, en partenariat avec le CNRS, l'IRCAM et le LAHIC. En 2011 et 2012, Raphael Imbert a joué avec John Tchicai, Evan Parker, Joe McPhee, Simon Goubert, Hamid Drake, Gerald Cleaver, Joe Martin, Tom McClung, etc.. Il intègre l'Attica Big Band d'Archie Shepp (Jazz à la Villette 2012, avec Famoudou Don Moye, Amina Claudine Myers, Ambrose Akinmusire, Sebastien Llado, et de nombreux « sudistes » comme Christophe Leloil, Marion Rampal, Simon Sieger, Romain Morello, etc.) et le nouveau label d'Harmonia Mundi « Jazz Village ».

Born on June 2 1974, Raphaël Imbert grew up in an artistic background. At the age of 15, he discovered the saxophone. It was love at first sight. Self-taught, he registered for the CNR jazz class in Marseilles, taught by Pilippe Renault, and met the regional musicians he plays with the most regularly (Emile Atsas, Jean-Luc Difraja, Vincent Lafont, Pierre Fenichel...).
With Jean-Jacques Elangué, he wins the first prize at the Conservatoire (music school), and starts two bands, the Hemle Orchestra and the Atsas Imbert Consort, with which he will play in many festivals ( Vienne, Nice, Fiesta des Suds in Marseilles, Théâtre des Salins...). Having rubbed shoulders with these musicians, he enjoys composing in eclectic musical situations.

Programmation musicale

Duke Ellington (1899-1974)
The Brotherhood (« 3rd Sacred Concert - The Majesty of God As Performed in Westminster Abbey)
Duke Ellington, piano et narration
Orchestre et John Alldis Choir
RCA 7432137510224 octobre 1973

Duke Ellington
I'm Beginning to See the Light
Raphaël Imbert
RF non commercial

W. C. Handy (1873-1958)
Memphis Blues (« Early Jazz 1917-1923 »)
The Virginians
Frémeaux & Associés FA 18122 mars 1922

Trad.
West Lawn Dirge (Eureka Brass Band « New Orleans Funeral And Parade »)
Eureka Brass Band
American Recordings 701951

Jelly Roll Morton
Oh Didn't He Ramble (« Funeral Songs - Dead Man Blues »)
Sidney de Paris, Claude Jones, Sidney Bechet, Happy Cauldwell, Jelly Roll Morton
Lawrence Lucie, Wellman Braud, Zutty Singleton
Membran/Documentsseptembre 1939

Trad.
John the Revelator (Son House « The Original Delta Blues « album »)
Son House, chant
Columbia / Legacy 489891 2avril 1965

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Christ Lag in Todesbanden BWV 4 (Paul Robeson « Live at Carnegie Hall »)
Paul Robeson, basse
Vanguard Records9 mai 1958

Trad. (arrangement John Coltrane)
Song of the Underground Railroad (John Coltrane « Africa Brass Sessions Volume 2 »)
John Coltrane, saxophone ténor & orchestre
Impulse Records IMP 2168223 mai 1961

Roy Eldridge (1911-1989) / Milt Hinton (1910-2000)
Pluckin' the Bass (« Dizzy Gillespie »)
Cab Calloway orchestra avec notamment :
Milt Hinton, Dizzy Gillespie, Chu Berry, Andrew Brown
Masters Of Jazz / Cabu R2CD 8006novembre 1939

Rex Stewart (1907-1967)
Menelik The Lion of Judah
Rex Stewart, cornet
Lawrence Brown, Ben Webster, Harry Carney, Duke Ellington, Jimmy Blanton, Sonny Greer
Masters Of Jazz MJCD 13103 juillet 1941

Trad.
Nobody Knows
Raphaël Imbert
RF non commercial

John Coltrane (1926-1967)
Spiritual (John Coltrane « Live At the Village Vanguard - The Master Takes »)
John Coltrane, saxophone ténor ; Eric Dolphy, clarinette basse;
McCoy Tyner, piano; Reggie Workman, contrebasse; Elvin Jones, batterie
Impulse IMPO-251novembre 1961

Albert Ayler (1936-1970)
Masonic Inborn, Part 1 (Albert Ayler « Music Is the Healing Force Of The Universe »)
Albert Ayler, saxophone ténor, cornemuse, chant
Mary Maria Parks, Henry Vestine, Bobby Few, Stafford James, James Folwell, Muhammad Ali
Impulse 065 383-226-29 août 1969

Paul Desmond (1924-1977)
Take Five (Dave Brubeck « Time Out »)
Paul Desmond, Dave Brubeck, Eugene Wright, Joe Morello
The Dave Brubeck Quartet
Columbia Legacy CK 65122 juillet 1959

Sun Ra (1914-1993)
Egypt Strut (Sun Ra Arkestra « Egypt Strut »)
Sun Ra Arkestra
Vinyl Lovers 9010591983

Steve Coleman (né en 1956)
Ritual-Solo (Aether) (Steve Coleman and Five Elements « Weaving Symbolics »)
Steve Coleman, saxophone alto
Label Bleu LBLC 66922004

Duke Ellington (1899-1974)
Part VI (23rd Psalm) (Duke Ellington « Black Brown and Beige »)
Mahalia Jackson, chant
Duke Ellington and his orchestra
Columbia / Legacy CK 6556611 février 1958

Duke Ellington (1899-1974)
Come Sunday (Raphaël Imbert «Heavens / Amadeus & the Duke »)
Marie Béreau, violon; Raphaël Imbert, clarinette basse; André Rossi, piano
Jazz Village / Harmonia Mundi (à paraître le 26 fév 2012

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