Le cinéma hollywoodien a contribué aussi à diffuser un certain son typiquement américain. Curieusement, ou plutôt logiquement - compte tenu de l'exil de nombreux artistes européens dans les années 30 - ce sont des compositeurs du vieux continent comme Dimitri Tiomkin qui ont forgé cette identité.
Si les Etats-Unis sont une terre d'immigration, de nombreux compositeurs américains ont fait leurs études en Europe et notamment à Paris auprès de Nadia Boulanger qui a connu diverses générations de compositeurs, de Aaron Copland à Quincy Jones en passant par Leonard Bernstein et Philipp Glass. Pourtant deux de ses élèves, Copland et Thomson sont à l'origine d'un son typiquement américain qui s'incarne dans des partitions telles la musique du film de Lewis Milestone, The Red Pony, écrite par Copland en 1949.
Ce son américain avec l'utilisation de quintes ou de quartes, intervalles considérés comme purs, constitue un pendant musical à l'immensité vide des Grandes Plaines. Mais on trouve également des musiques plus vivantes et animées, parfois inspirés par les sons de la ville, comme la Western suite d'Elie Siegmeister.
Qui aurait pu dire que c'est à un compositeur russe, formé dans la grande tradition du conservatoire de Saint-Pétersbourg et élève de Glazounov, que l'on doit les plus fameuses partitions de films de western américains ? Né en Ukraine en 1894, Dimitri Tiomkin gagne sa vie comme pianiste de cinéma, improvisant sur les films muet en temps réel. Après la révolution, il part à Berlin étudier avec Ferruccio Busoni puis à Paris où il créé le Concerto en fa de George Gershwin. Tiomkin arrive à Hollywood après le krach de 1929 où l'industrie du cinéma se porte, elle, très bien. En 1937, le réalisateur Franck Capra lui demande d'écrire la musique de son film Les Horizons perdus qui se déroule au Tibet. Tiomkin se renseigne donc, réflexe qu'il prendra par la suite, sur la musique orientale. Par la suite, Capra l'aide dans ses recherche en lui fournissant un livre What America sings, un recueil de musiques communautaires, comportant les pièces que l'on chante dans les chorales, les musiques péri-religieuses, les ballades celtes, toutes ces sons qui font partie de l'héritage américain.
Dans les années 40, Tiomkin se consacre à ce pour quoi il va passer à la postérité : la musiques des films de western. Parmi ses réussites, on trouve Rio Bravo, Le Train sifflera trois fois ou Le Cavalier du désert. Son talent, sa curiosité et sa grande versatilité lui permettent de toucher tous les styles, de la musique de procession, au péplum, en passant par la musique pseudo-égyptienne. Dans Alamo de John Wayne, il mêle musique d'inspiration irlandaise et espagnolade, Mexique oblige !
Programmation musicale
Aaron Copland, The Red Pony (extr.). 1949
Dallas Symphony Orchestra
Andrew Litton, dir.
Delos DE 3221MP3
Elie Siegmeister, Western Suite (extr.) 1949
Utah Symphony Orchestra
Maurice Abravanel, dir.
Vox Box CDX 5182
Dimitri Tiomkin, Lost Horizon (extr.) : Funeral Procession / Leaving Shangri-La
Orchestre dirigé par Max Steiner Anon.
Caledonia's Wail For Niel Gow
(Captain Simon Fraser, 1816 Collection)
The Globby O, Jig
(Ryan's Mammoth Collection)
Dimitri Tiomkin, The Alamo Suite : 1, Overture / 2, Davy Crockett / 3, Battle / 4, Epilogue
Whitney Claire Kaufman, Andrew Playfoot (vocals),
London Voices
London Symphony Orchestra
Richard Kaufman, dir.
LSO Live LSO0720
Dimitri Tiomkin, Rhapsody of Steel Suite
The Pittsburgh Symphony
Dimitri Tiomkin, dir.
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