Philippe Cassard, pianiste (4/5) : "Nikita Magaloff, c'est la rencontre de ma vie. J'y pense tous les jours"

Dans cet épisode, Philippe Cassard nous emmène à Vienne où il passe trois années essentielles et fondatrices. C’est la ville dans laquelle il découvre l’art lyrique, que ce soit le lied avec Erik Werba, ou l’opéra avec les plus grands sur scène. Une période grisante...

"Mes années à Vienne, c'était la liberté, je quittais mes parents. J'allais pouvoir faire exactement comme je l'entendais, vivre ma vie d'étudiant. J'avais une toute petite bourse, mes parents ne pouvaient pas vraiment m'aider parce que j'avais aussi 2 soeurs qui faisaient de études et donc j'ai vécu chichement. Mais je mettais un peu d'argent de côté pour 2 choses : aller au concert et les gâteaux !"

"J'ai commencé à jouer des lieder, à les déchiffrer. C'était extraordinaire parce qu'avec Werba, c'est une telle encyclopédie : il savait tout sur tout ! Il parlait beaucoup des mots, de la poésie et nous faisait lire les poèmes mis en musique. La voix a aussi joué un rôle, j'ai toujours aimé l'opéra, la voix. Aller 160 fois à l'opéra, ce n'est pas anecdotique, c'est une drogue. L'odeur de l'Opéra de Vienne : j'étais complètement accro !".

"Nikita Magaloff, c'est la rencontre de ma vie. J'y pense tous les jours. Je pense à tous mes maîtres, je suis toujours très reconnaissant. Ils m'ont tellement nourri, construit, éduqué, soutenu, aimé, critiqué... Magaloff n'était pas le dernier à me critiquer mais c'était fait avec une telle bienveillance"

Actualité

Livre

Philippe Cassard
Par Petites touches
Ed. Mercure de France

« Quand je suis à Paris, quoi qu’il arrive et par tous les temps, je fais mon petit tour au jardin. C’est un ravissement pour mon oreille lorsque la pluie qui tombe dru se divise en plusieurs pupitres et distribue les timbres, le tempo, les phrasés. Alors le jardin sonne comme un orchestre de chambre, très XXe siècle. »

Le jardin du Luxembourg est pour Philippe Cassard, grand pianiste classique international et producteur d’émissions à France-Musique, le point de départ d’une rêverie à la Debussy qui retraverserait « par petites touches » toute sa vie. Curiosité, gourmandise, exigence, drôlerie. Des figures majeures et des lieux apparaissent, Sviatoslav Richter, Vladimir Horowitz, Christa Ludwig, Natalie Dessay. Besançon, sa ville natale où il donna un récital en soliste à l’âge de huit ans, Chaux-les-Passavant, le village de son père, mais aussi Vienne, Dublin, Paris.
Et comme devant un clavier, cet autoportrait convoque les règles fondamentales du piano, le doigté, l’assise, l’aisance du corps, l’adhérence des doigts au clavier, la souplesse des poignets, le travail permanent des gammes, des arpèges, des traits d’octave, un enseignement qu’il aimera plus tard transmettre à son tour dans ses émissions. Un délicieux voyage qui part du jardin, s’envole dans les plis de la mémoire, et y revient.

CD

À lire aussi : Portraits de famille