Juif né d’une mère chrétienne et immense chanteur et oudiste de culture arabe, il a été assassiné sans que personne n’avoue le crime qui a déclenché l’exode des Juifs de Constantine.
- Aujourd’hui, 22 juin, je voudrais vous parler de Cheikh Raymond Leyris, mort le 22 juin 1961 à l’âge de quarante-huit ans.
Les chiens aboient, les loups hurlent, les hyènes ricanent, les porcs grognent ; seuls les humains se taisent. Parce que seuls les humains connaissent la honte de ne pas tuer pour se nourrir. Alors on ne saura jamais qui a tué Cheikh Raymond Leyris, en plein soleil de midi, un jeudi sur le marché de Constantine, sa ville natale.
Juste après avoir parlé à un marchand de chaussettes, cet homme en costume s’est effondré sur le côté, son chapeau clair près de lui, tué d’une balle dans la nuque. Ce jour-là, ce n’est pas seulement un homme qui meurt, mais aussi un pays. Un pays où des artistes jouaient la même musique sans que leur religion ne les sépare. Un pays où un juif avait porté à son sommet un art arabe.
Cet homme qui meurt le 22 juin 1961 est juif de langue arabe et française, de nom chrétien et cheikh parce que musicien arabe – Cheikh Raymond Leyris. Vivant, il était un symbole de ce pays qu’il avait aimé, chanté et magnifié. Mort, il est devenu le symbole d’un pays qui n’existe plus.
Nous écoutons : Komtara, un titre de musique andalouse de Constantine, enregistré par Cheikh Raymond Leyris quelques mois avant son assassinat en 1961. Le violoniste est Sylvain Ghrenassia, le père d’Enrico Macias.
L'équipe
- Production
- Autre