Fragson ou le malheur d’avoir un père

Harry Fragson dans les années 1900 par William Davey
Harry Fragson dans les années 1900 par William Davey
Harry Fragson dans les années 1900 par William Davey
Harry Fragson dans les années 1900 par William Davey
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Vedette des deux côtés de la Manche et en deux langues, il était à la fois magnifiquement laid et implacablement séducteur.

  • Aujourd’hui, 30 décembre, je voudrais vous parler de Fragson, mort le 30 décembre 1913, à l’âge de quarante-quatre ans. 

Souvent, si l’on se souvient de Fragson, c’est qu’une chanson de Barbara parle de lui, et que les barbaristes savent que, dans sa jeunesse, elle reprenait quelques-uns de ses classiques – mais pas le plus célèbre, « Si tu veux faire mon bonheur / Marguerite, donne-moi ton cœur »

On ne sait plus forcément, en effet, que Harry Fragson fut un des quatre empereurs du caf’ conc’ avant la guerre de 14, avec Mayol, Dranem et Polin. Longtemps avant l’invention du micro, il chante dans des cafés concerts qui font jusqu’à deux mille places ; voix puissante mais toujours distincte et précise, même pour les derniers rangs, il chante en s’accompagnant lui-même au piano, l’instrument disposé de trois-quarts pour que les spectateurs ne perdent rien de ses mimiques. 

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Il est vrai qu’il est laid comme une poire blette mais élégant comme un milord ; un clin d’œil aux messieurs égrillards et un sourire de charme pour ces dames. Et moderne, avec ça : en 1912, il introduit en France une musique rapportée d’Angleterre, à la fantaisie tordante, diablement syncopée et propice aux grimaces : le ragtime. 

Nous écoutons : Si tu veux Marguerite, le plus grand succès de sa carrière, selon les sources de 1912, à l’époque où Fragson enregistre cette chanson.