Rongé par la dépression, un des plus grands talents du jazz italien a fini par mettre fin à ses jours.
- Aujourd’hui, 29 mars, je voudrais vous parler de Luca Flores, mort le 29 mars 1995 à l’âge de trente-huit ans.
Luca Flores n’était pas que pianiste. Il a longtemps eu une activité de professeur et, sur internet, on retrouve facilement trace des conseils qu’il donnait à ses élèves. Ainsi, il avait dessiné le plan de travail d’une journée d’étude : deux heures pour étudier les autres pianistes, une demi-heure de technique, une heure sur les accords et les grilles, trois heures pour travailler ses morceaux. Manifestement, la méthode réussit car, parmi ses élèves, on compte notamment Stefano Bollani.
Mais, autant Bollani est solaire, autant il faut voir en saturne l’astre qui commande au destin de Luca Flores. Tout commence joliment, pourtant, car il aborde le piano dans sa prime enfance, alors que ses parents sont expatriés au Mozambique. Mais ses années de formation se déroulent à Florence. C’est là qu’il découvre le jazz vers quatorze ou quinze ans. Leçons, travail solitaire, petits clubs, engagements discrets puis de plus en plus prestigieux.
Luca Flores va jouer avec le Bottin mondain du jazz italien, mais aussi avec beaucoup de sommités internationales – Chet Baker, Lee Konitz, Dave Holland, David Murray… Mais aux activités de sideman, qui agrandissent l’univers musical et font bouillir la marmite, il préfère la liberté du trio. Si on devait schématiser en quelques mots, on dirait qu’il est une sorte de Bill Evans aussi fasciné par la mélodie populaire que peut l’être Keith Jarrett.
À vingt-trois ans, en 1979, il commence aussi à enseigner. Il professe un art de l’écoute, de l’imprégnation, une sorte de lâcher-prise de l’inspiration qui en fait un musicien aux mélancolies accidentées, à la fois méditatives et imprévisibles.
Nous écoutons :
For Those I Never Knew, un titre enregistré en solo par Luca Flores pour l’album qui porte le même nom, quelques semaines avant son suicide.
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