Phénoménal virtuose émule de Charlie Parker, ce saxophoniste italien était lui aussi tenté par des extrêmes mortels.
- Aujourd’hui, 23 juin, je voudrais vous parler de Massimo Urbani, mort le 23 juin 1993 à l’âge de trente-six ans.
Plus tard, des musiciens italiens de jazz parleront de l’impression irréelle d’entendre jouer Charlie Parker. Pas seulement les phrases musicales que chacun connait par cœur, pas seulement la fureur sereine avec laquelle un torrent de notes se précipite, mais aussi l’intelligence, la clairvoyance, la vision avec laquelle un saxophone alto se jette dans un thème musical pour y tracer une route que personne jusqu’alors n’avait perçue.
Il se peut qu’il y ait un peu de reconstruction, d’idéalisation de la jeunesse de Massimo Urbani par ses témoins, mais l’essentiel est là : dans la première moitié des années 1970, un adolescent italien surgit avec un niveau de jeu quasiment surnaturel.
Il s’appelle donc Massimo Urbani et c’est un enfant des logements sociaux du quartier de Monte Mario, plus haute colline de Rome au pied de laquelle on a construit vite fait, après-guerre, des immeubles à bon marché. Il commence la clarinette à onze ans, le saxophone à quatorze ans et, à peine plus d’un an après, on l’entend sur un disque du saxophoniste Mario Schiano.
Ses débuts sont pétaradants. En 1974, à dix-sept ans, il apparait sur un disque de Loy & Altomare, duo folk rock influent. Et il entre dans le quartet du trompettiste Enrico Rava. Presque aussitôt, d’ailleurs, il devient inquiétant. Il est encore mineur quand il part jouer avec Rava à New York mais, un jour, il entre dans une fureur noire, claque la porte, quitte le groupe et va dormir pendant plusieurs semaines sur les bancs de Central Park.
Nous écoutons : Blues For Bird, composition de Massimo Urbani en hommage à son idole Charlie Parker, extraite de son dernier album, en 1993.
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