L’Adagio de Samuel Barber est-elle l’oeuvre la plus triste de l’Histoire ?

Le compositeur américain Samuel Barber photographié en 1978.
Le compositeur américain Samuel Barber photographié en 1978. - Jack Mitchell/Getty Images
Le compositeur américain Samuel Barber photographié en 1978. - Jack Mitchell/Getty Images
Le compositeur américain Samuel Barber photographié en 1978. - Jack Mitchell/Getty Images
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Samuel Barber est né il y a 111 ans, le 9 mars 1910. Son Adagio pour cordes est très souvent associé au recueillement lors de funérailles ou de cérémonies commémoratives. L'Adagio, un cliché de la "musique triste" que l'on retrouve au cinéma, dans les séries, les jeux vidéos et même des sketchs.

En 2004, les auditeurs de Today, la matinale de la BBC Radio 4, élisaient **l’Adagio pour cordes (1936)**de Samuel Barber comme l’oeuvre la plus triste jamais écrite. L’Adagio de Barber est effectivement un incontournable des playlists et des compilations de musiques tristes. On a pu l’entendre jouée en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercasher à Paris mais aussi lors des enterrements de Grace Kelly, d’Albert Einstein et de John F. Kennedy. Le lendemain de  l'assassinat du Président américain, la Première dame Jackie Kennedy fait jouer cette oeuvre appréciée par son mari à la Maison Blanche. La réaction de Samuel Barber : « C’est toujours cette pièce qui est jouée… J’aurais aimé qu’on interprète une autre de mes oeuvres ».

Pourquoi cette musique est-elle si appréciée et pourquoi l’associe-t-on à la mort et au recueillement ? Est-ce à cause de l’apparente simplicité de ce requiem sans parole et qui ne dit pas son nom ? Nous avons affaire ici à un moment sombre, lent, suspendu et sans dissonance. Une phrase très lyrique construite par palier, qui se répète de nombreuses fois et qui reste dans la tête. On peut aussi entendre aisément des symboles dans ce grand crescendo qui conquiert progressivement les aigus. Si les aigus sont associés au ciel, alors cette oeuvre nous dit effectivement de relever la tête, de continuer à espérer. 

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Les mots se fracasseront toujours sur le récif du mystère musical. Toujours est-il que la crainte de Barber s’est confirmée depuis les années soixante. Cette oeuvre est devenue le cliché des musiques tristes. Au cinéma, on ne compte pas les exemples de scènes pathétiques qui se jouent sur l’adagio, de Platoon à Elephant Man de Lynch et plus récemment avec Les choses qu’on dit les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret. Reprise en rap tout autant qu’en musique électronique, cette musique est aussi utilisée dans les séries The Simpsons, How I Met your Mother et même pour accompagner l’incendie d’un vaisseau dans le jeu vidéo Homeworld. 

MAXXI Classique
4 min

Dans le sketch La Plaidoirie, Albert Dupontel interprète un avocat plus que médiocre qui imagine émouvoir les jurés avec cette musique. Une manière de souligner la popularité de cet adagio, point culminant du projet musical de Barber : « Mon but est d’écrire de la bonne musique qui sera compréhensible pour le plus grand nombre possible d’auditeurs plutôt que de m’adresser seulement aux petites sociétés musicales snobs des grandes villes ». 

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