Le Rondo Veneziano : un carnaval de reprises

La pochette du premier album du Rondo Veneziano sorti en 1980 est un avertissement. On peut en effet y voir un violoncelliste et un flûtiste tout en perruque, collants et habits de cour jouer en duo non pas dans un palais de la cité des doges mais sur le toit d’un vaisseau spatial qui se promène dans l’espace. Avec une pochette pareille, pas étonnant d’entendre des œuvres baroques venues d’une galaxie très lointaine…

Au milieu des années 70, Freddy Naggiar le propriétaire d’un label milanais nommé Baby Records et le chef d’orchestre Gian Piero Reverberi ont l’idée de recruter sept étudiants de conservatoires pour former un orchestre de chambre moderne. Leur objectif ? Associer ces musiciens à une formation de rock pour donner à entendre une musique baroque nouvelle. Une sorte de pop baroque façon Vladimir Cosma faite de reprises d’œuvres de Mozart, Beethoven mais aussi de compositions originales de Reverberi écrites dans le style de musiciens baroques à l'instar de cette composition qui ressemble beaucoup à la célèbre toccata et fugue en ré mineur de Bach.

Mettre au premier plan des instruments acoustiques et associés traditionnellement à a musique était, selon Gian Piero Reverberi une réponse à l’omniprésence des synthétiseurs qui dominaient la production musicale des années 80 . Toujours selon le chef d'orchestre : « Les synthétiseurs peuvent fournir de nombreuses impressions, mais pas d'émotions. C'est pourquoi la joie que procure une valse de Strauss ne peut pas être créée par des appareils électroniques ».

Avec ses compositions néobaroques, Reverberi était également persuadé qu’il pourrait faire découvrir la musique ancienne à un public qui d’habitude se montre méfiant voire réfractaire à cette musique. L’histoire lui a donné raison car depuis sa création, le Rondo Veneziano, toujours actif, a vendu quelques 25 millions de disques et continue d’inspirer des artistes qui réinventent la musique ancienne.

En intitulant Rondo Parisiano le premier titre de leur tout premier disque sorti en 2009, le duo Something à la mode se place comme les héritiers du Rondo Veneziano. D’ailleurs, sur ce concerto électronique, on peut même entendre le styliste Karl Lagerfeld faire un clin d’œil direct au Rondo Veneziano, un groupe inimitable !