« J’ai fait en conscience mon métier de voyageur » Dans ce recueil de correspondances de Mendelssohn présenté par le musicologue Nicolas Dufetel, on a plaisir à découvrir l’Europe à travers les yeux du compositeur et à faire la rencontre de personnes qui ont compté pour lui, à commencer par Goethe.
« Weimar, le 21 mai 1830. Cher Père, je ne me rappelle pas avoir jamais eu, depuis que je voyage une journée aussi pure, aussi délicieuse que celle d’hier. Le matin de bonne heure, le ciel était couvert par une brume grise que le soleil ne perça qu’assez tard; mais l’air était frais. (…) Peut-être resterai-je encore deux jours, mais je ne les regretterai pas, car jamais je n’ai vu le vieillard aussi gai, aussi aimable, aussi causeur et expansif que cette fois. »
Vous l’aurez compris, le vieillard causeur et aimable dont parle Felix Mendelssohn est le plus illustre des écrivains allemands. Il considère Mendelssohn comme comme son fils adoptif depuis ce jour de novembre 1821 où il a fait la rencontre du musicien alors âgé de 12 ans. C’est le mentor de Mendelssohn, Carl Zelter qui avait insisté pour que son ami Goethe fasse la rencontre de son jeune élève. Au cours du séjour de Zelter et Mendelssohn, le poète avait immédiatement était impressionné et ému par les talents de pianiste et la maturité artistique de celui qu’il surnomma « l’enfant sublime ».
Le fait que Mendelssohn commence son grand voyage européen par une halte au domicile de Goethe, à Weimar e n’a rien d’anodin. En effet, depuis leur rencontre en 1821, Goethe suit de près l’évolution artistique du musicien. La première lettre de son voyage nous en dit beaucoup sur la complicité qui animait le jeune homme de 21 ans et le poète alors âgé de 70 ans. « Tous les jours je dîne à sa table, et après le dîner, il m’emmène dans son cabinet où il me questionne sur mes projets d’avenir. Il me parle d’art, de théâtre, de poésie, de l’Hernani de Victor Hugo, de Lamartine, et beaucoup des jolies femmes.»
Pour Goethe et ses visiteurs qui viennent de toute l’Europe, Mendelssohn joue du piano et permet finalement à Goethe de se tenir au courant de l’actualité musicale du pays. « C’est singulier disait-il, que je sois resté si longtemps sans entendre de musique ! Pendant ce temps vous n’avez pas cessé vous autres, de faire progresser l’art, et je ne suis plus au courant; allons expliquez-moi cela tout au long, car il s’agit maintenant de causer raisonnablement.»
Mendelssohn se tient sur le perron de la maison de Weimar. Il a promis à Goethe de lui écrire les impressions de son voyage européen. Il reviendra le voir à son retour, c’est promis. Pourtant le musicien ne sait pas qu’il s’agit de la dernière fois qu’il dit au revoir au poète qui s’éteindra paisiblement deux ans plus tard. Avant de laisser partir son invité, il lui donne une page du manuscrit de Faust où il a écrit ces mots : « A l’aimable Felix Mendelssohn, maître souverain du piano, souvenir d’amitié, par un beau jour du mois de mai 1830 ».
Programmation musicale
- 08h18
Quintette n°5 en Si bémol Maj op 19 G 429 : 2. Presto assai Luigi Boccherini (Compositeur)Quintette n°5 en Si bémol Maj op 19 G 429 : 2. Presto assaiSylvain Sartre (Flûte traversière), Théotime Langlois De Swarte (Violon), Sophie De Bardonneche, Martha Paramo (Alto (instrument)), Hanna Salzenstein (Violoncelle), Les Ombres
Album Une nuit à Madrid (2020)Label MIRARE (MIR524D) - 08h22
Cradle song MORAN JASONCradle songAlbum Artist in residenceLabel Blue Note (3627112)
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