Comme Shining de Stanley Kubrick, Shutter Island de Martin Scorsese nous invite à ressentir la folie et l'angoisse grâce à une utilisation remarquable d'oeuvres postromantiques et surtout contemporaines de Gustav Mahler, John Cage ou encore Krzysztof Penderecki et son implacable Troisième Symphonie.
C’est une musique qui vient de très loin. Qui se rapproche petit à petit. La partition semble imiter le son d’une corne de brume tandis que, sur une mer sans vagues, un bateau perce le brouillard. Sur ce petit navire, l’inspecteur Teddy Daniels incarné par Leonardo Di Caprio scrute l’horizon. Il cherche des yeux l’île où il doit accoster. Elle se nomme Shutter Island et dissimule un asile psychiatrique où sont enfermés des criminels. Au moment où l’île apparait enfin, noire dans un paysage orageux façon Île des morts d’Arnold Böcklin, une nouvelle musique apparait comme un panneau où l'on pourrait lire : DANGER.
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D’une corne de brume l’autre. Nous sommes désormais en présence d’une note de ré dans le grave scandé par des contrebasses et des violoncelles. Comme de nombreuses musiques que l’on peut entendre dans Shutter Island, celle-ci est préexistante au film. Il s’agit d’un extrait de la Troisième Symphonie de Krzysztof Pendereckii. Sous-titré « Passacaille », cette partition de 1995 est un hommage à la musique ancienne et plus précisément à la passacaille, une danse baroque qui repose sur un thème obstiné, répété ad libitum et le plus souvent dans le grave.
Le puissant crescendo orchestral de la Passacaille n’évoque pas seulement notre arrivée sur l’île. Elle agit comme un leitmotiv dans le film de Scorsese, c’est une page récurrente qui incarne le ressenti, les angoisses et par son caractère répétitif peut-être même l’enfermement psychologique de l’agent Teddy Daniels.
Outre la Passacaille de Penderecki, Shutter Island nous fait aussi entendre d’autres pièces contemporaines signées Morton Feldman, Giacinto Scelsci, John Cage ou encore Gyorgy Ligeti dont la musique est associé à des images particulièrement effrayantes comme dans l’incontournable Shining de Stanley Kubrick. En fait, mis à part quelques titres de rock, une seule oeuvre tranche radicalement avec les pièces contemporaines de Shutter Island.
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Quand il l’écoute sur un vinyle dans les appartements du directeur de l’asile, le Marshall Teddy Daniels reconnait cette oeuvre, il s’agit du Quatuor avec piano en la mineur de Gustav Mahler, une oeuvre inattendue, inachevée et de jeunesse du Viennois qui évoque de douloureux souvenirs pour le Marshall Daniels. Dailleurs, cette musique est une des clefs pour percer le mystère de Shutter Island.
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