Partons à la découverte d'une danse née à la Renaissance et qui est un l’équivalent chez les baroqueux du titre Minor Swing de Django Reinhardt pour les musiciens de jazz manouche : un standard que tout le monde connait et sur lequel on improvise des solos jusqu’à plus soif !
La Romanesca est une danse construite sur une série d’accord immuables et par-dessus-lesquels on compose ou on improvise des mélodies. Ces accords et leur basse sont dits obstinés car ils forment une boucle qui se répète obstinément.
Cette mélodie, qui peut faire penser à Greensleeves ou à une autre basse obstinée célèbre nommée la Folia, est née au milieu du 16e siècle. Son nom nous indique qu’il s’agit peut-être d’une danse venue de Rome à l'instar du plus beau des légumes, le chou romanesco ! Pourtant ce n’est pas un compositeur italien mais espagnol nommé Alonso Mudarra qui fut le premier à utiliser le terme de Romanesca dans une tablature publiée en 1546 composée pour une vihuela, un instrument à mi chemin entre la guitare et le luth.
Reprise par d’autres vihuelistes de renom comme Luis de Narvaez, Enriques de Valderrabano ou Diego Pisador, la Romanesca devient une mélodie extrêmement populaire à l’époque baroque. Au 17e par exemple, cette basse et ces accords obstinés sont repris par Monteverdi, Stefano Landi, Frescobaldi, Gregorio Strozzi ou encore la compositrice Francesca Caccini.
La Romanesca est même reprise par le plus grand transcripteur du 19e siècle à savoir Franz Liszt qui modifie l’harmonie de la danse originale et rajoute des rubatos et des sonorités pianistiques très romantiques, comme un ligne de basse doublée à la main gauche.
Au 20e siècle, on peut aussi trouver des analogies entre les accords de la Romanesca et la chanson Dans le Port d’Amsterdam de Jacques et pourquoi pas Here’s To You d’Ennio Morricone. La basse et les accords sont quasiment les mêmes que ceux de La Romanesca du 16e siècle !
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