Quand Maurice Ravel a le "Blues"

Portrait de Maurice Ravel en pyjama par Achille Ouvré (1909)
Portrait de Maurice Ravel en pyjama par Achille Ouvré (1909) - Snark / Photo12 via AFP
Portrait de Maurice Ravel en pyjama par Achille Ouvré (1909) - Snark / Photo12 via AFP
Portrait de Maurice Ravel en pyjama par Achille Ouvré (1909) - Snark / Photo12 via AFP
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Take the jazz seriously ! Prenez le jazz au sérieux disait Ravel. Lui-même s’est passionné par cette musique et s’en est même inspiré dans sa Sonate pour violon qui fête aujourd’hui ses 95 ans.

Imaginons une spectatrice qui a peut-être existé. Ce soir du 30 mai 1927, elle serait bien allé dans un café-concert ou au Théâtre des Ambassadeurs, dans le huitième arrondissement de Paris où l’on donnait ce soir-là une revue intitulée « De Broadway à Paris ». Seulement… son diable de fiancé l’a obligée à venir avec lui Salle Erard, le temple de la musique contemporaine française de l’époque. Tandis que Maurice Ravel au piano et le violoniste Georges Enesco viennent d’achever le premier mouvement d’une sonate qui la laisse pantoise, retentit alors le second mouvement intitulé « Blues » et sur son visage, tout doucement, un sourire se dessine lorsque le violoniste lâche son archet et se met à jouer les trois accords typiques d’un blues américain.

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Puis Ravel au piano imite les notes tenues d’un trombone dans les graves, il reprend le rythme lancinant, la pulsation mélancolique d’un blues américain. Et Enesco se lance dans un thème tout aussi plaintif, comme s’il imitait une voix ou un cornet qui glisse de notes en notes… En écoutant cette mélodie de violon chaloupée, comme improvisée et ses gammes étranges formées de "blue notes", notre spectatrice, appelons-la Lucienne, pense au saxophone soprano, cet étrange instrument joué par un musicien américain nommé Sidney Bechet qui l’avait tant subjugué lorsqu’elle l’avait vu joué à Paris quelques années plus tôt.

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MAXXI Classique
4 min

Mais le souvenir de Lucienne s’estompe tout à coup par un petit coup de de coude donné par son fiancée… Il s’approche de son oreille et lui chuchote : « écoute ces petits motifs joués au piano... Tu ne trouves pas qu’il ressemble beaucoup à ceux que Ravel avait déjà utilisés dans son opéra L’Enfant et Les Sortilèges, ce passage très jazz déjà où une théière anglaise chantait sur une sorte de fox-trot délirant ! »

MAXXI Classique
4 min

L’Enfant et les Sortilèges, ses Concertos pour piano en sol et pour la main gauche et le Blues de la Sonate, dans toutes ces partitions Ravel clame son amour pour le jazz des années 20. Cette musique qu’il incorpore à ses oeuvres avec tellement d’originalité qu’il finit par créer une musique nouvelle, ni jazz, ni classique. Ce que Ravel nomma un « jazz stylisé, de caractère plus français qu'américain peut-être", mais néanmoins fortement influencé par le jazz. »

MAXXI Classique
4 min

Programmation musicale

  • 08h17
    Spiewnik domowy Livre VII : 13. Lza - pour contre-ténor et piano
    Spiewnik domowy Livre VII : 13. Lza - pour contre-ténor et piano
    Stanislaw Moniuszko (Compositeur)
    Spiewnik domowy Livre VII : 13. Lza - pour contre-ténor et piano

    Jakub Jozef Orlinski (Contre-ténor), Michal Bial (Piano)

    Album Farewells (2022)
    Label ERATO (0190296269714)

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