C’est l’histoire d’une rencontre qui a eu lieu dans un petit royaume d’Europe, il y a 158 ans jour pour jour. Celle d’un compositeur allemand aux abois et d’un roi de 18 ans qui aurait donné sa vie pour lui.
Palais de la Résidence à Munich, 4 mai 1864. Dans un petit salon tendu de brocart, Richard Wagner attend. Il se prépare à une rencontre qui pourrait changer sa vie. Tout s’est passé très vite. La veille, il était encore à Stuttgart. Il a reçu la visite d’un certain Monsieur Pfistmeister, secrétaire du cabinet de Sa Majesté le roi Louis II de Bavière. Le visiteur lui a remis trois cadeaux : un rubis enchâssé dans un anneau d'or, une photographie-portrait du monarque et une invitation : le roi désire s'entretenir avec lui « pour l’aimer, l'aider et le servir ».
Louis II n’a que 18 ans. Il vient tout juste de prendre les rênes du petit mais puissant royaume de Bavière et ne rêve que de musique et d’architecture féerique. Richard Wagner l’obsède depuis son adolescence. On raconte même qu’à dix-sept ans, le jeune prince a été frappé par une crise d’épilepsie tant il avait été bouleversé par une représentation de Tannhäuser.
Suite à leur rencontre, Louis II propose à Wagner de s’installer auprès de lui, à Munich. Il lui permettra de vivre sans plus se soucier de problèmes d’argent. De créer à condition qu’il reste à ses côtés. Wagner hésite, la proposition tombe à pic pourtant. Lui qui a subit les échecs de ses opéras en Allemagne et du Tannhäuser à Paris est endetté. Pire, il même recherché par de nombreux créanciers… Alors il accepte la proposition de ce roi amoureux.
Louis II ne compte pas les dépenses pour ce compositeur qui le fascine tant et à qui il écrit des lettres enflammées. "Monsieur, Soyez persuadé que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour compenser vos souffrances passées. J'écarterai à jamais de votre tête les misérables soucis de la vie de chaque jour, afin que vous puissiez déployer librement les ailes puissantes de votre génie, dans le pur éther de votre art enivrant." Pour celui qui a su parler à son coeur, il finance contre vents et marées la création de Tristan et Isolde et érigera un écrin démesurée : le théâtre de l’Avenir de Bayreuth.
Mais cette belle histoire ne devait pas durer. Face à l’amour de Richard Wagner et Cosima, suite à la multiplication des critiques qui s’élèvent contre sa générosité ruineuses, Louis II se voit obligé de renvoyer Wagner de son palais. Pourtant dans l’intimité des lettres, le roi nourrit un rêve, il écrit : « Retirons-nous du monde extérieur, il ne nous comprend pas […]. Oubliez notre grossier entourage frappé d’aveuglement, rampant dans l’obscurité. Que notre amour brille éclatant. » Mais Wagner éconduit ce roi qui restera seul, rongé par ce rêve brisé.
- Avec la collaboration d'Anne-Lys Thomas.
Programmation musicale
- 08h16
Schwanengesang D 957 : Ständchen Franz Schubert (Compositeur)Schwanengesang D 957 : StändchenIan Bostridge (Ténor), Antonio Pappano (Piano)
Album Franz Schubert : Schwanengesang et autres Lieder (2009)Label EMI CLASSICS (EMI 2426392) - 08h20
Mozart avec nous Boris VianMozart avec nousAlbum Boris chante Vian / Ils chantent Boris Vian (2020)Label Mercury (5391068)
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