Du classique au jazz avec la violoniste Eva Slongo

Il suffit d’un violon et d’une voix. Deux instruments joués en simultané par Eva Slongo et qui nous donnent à entendre l’essence d’une symphonie ancienne… Il faut la voir sur scène, enchaîner les doubles cordes au violon tout en fredonnant ou en chantant des airs manouches, des compositions ou des arrangements d’oeuvres classiques. Cette technique musicale, Eva Slongo l’a perfectionnée sur scène, après avoir suivi des cours avec les violonistes Pierre Blanchard et Didier Lockwood. Des musiciens qui ont comme elle, ont un jour tourné le dos à une carrière classique pour développer un nouveau langage, jazz et improvisé.

Intitulé « Souffle », ce disque est un retour au source pour Eva Slongo. Il lui permet de réconcilier deux langages musicaux qui sont les siens et deux époques de sa vie. En reprenant l’Allegretto de la Septième Symphonie de Beethoven ou cette Gnossienne d’Erik Satie, Eva Slongo renoue avec ses souvenirs d’une enfance passée auprès de musiciens classiques, elle convoque les années et les prix de Conservatoire obtenus en Suisse et s’amuse à faire groover des partitions figées et à les doter de timbres et de phrasés jazzys. Ceux du pianiste confident Giovanni Mirabassi mais aussi du bassiste François Moutin, du batteur Lukmil Perez ou encore du saxophoniste Baptiste Herbin.

Avec Eva Slongo, les mélodies de Beethoven, de Satie ou encore de Fauré sonnent comme des standards de jazz moderne. Ce sont des mélodies jouées au violon avec des ghost notes, des notes fantômes, peu appuyées, volatiles et qui donnent un côté aérien à un violon qui rêve et se déploie sur quelques accords joués en boucle, comme une grille de jazz qui n’a plus grand chose de classique.

Au milieu de la Sicilienne swinguante de Gabriel Fauré et de la Gnossienne groovy de Satie, on trouve aussi de nombreuses compositions d’Eva Slongo. Ici c’est le chemin inverse qui s’opère tant ces compositions jazz et qui évoquent quelques musiques de mondes imaginaires sont aussi empreintes de modes de jeu classique.

Il en est ainsi des Poèmes du Vent. La pièce qui est à l’origine du disque et qui nous rappelle qu’Eva Slongo a dans ses valises des arrangements de nombreuses autres oeuvres classiques qui n’apparaissent pas dans cet album. Notamment des airs de Chopin ou de Corelli qui ont été mis de côté afin de donner à ce disque une véritable unité, une identité métisse entre jazz et classique.

• Eva Slongo en concert le 22 juin 2022 au Bal Blomet à Paris.