"Orient et Occident" de Saint-Saëns : un face-à-face musical

Napoléon Bonaparte en Egypte (1867) par Jean-Leon Gerome (1824-1904)
Napoléon Bonaparte en Egypte (1867) par Jean-Leon Gerome (1824-1904) - DeAgostini/Getty Images
Napoléon Bonaparte en Egypte (1867) par Jean-Leon Gerome (1824-1904) - DeAgostini/Getty Images
Napoléon Bonaparte en Egypte (1867) par Jean-Leon Gerome (1824-1904) - DeAgostini/Getty Images
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A l'occasion du centenaire de la disparition de Camille Saint-Saëns, Max Dozolme se penche sur une œuvre peu connue du compositeur français. Orient et Occident op.25 (1869), une marche censée confronter la musique occidentale et orientale.

C’est un couloir large de 345 mètres, long 193 kilomètres et qui réunit la mer Méditerranée et la Mer Rouge ! Le 17 novembre 1869, le canal de Suez était inauguré en grande pompe en Egypte. La même année Camille Saint-Saëns rendait compte de cet événement historique en composant Orient et Occident. Une marche pour orchestre d’harmonie qui met face à face deux conceptions de la musique orientale et occidentale selon Saint-Saëns. 

Tout commence  par une marche militaire, un hymne sans paroles que ne renierait pas la Garde Républicaine avec un rythme très appuyé, bien ponctué par des grosses caisses, cymbales et triangles ! Les voix s’entremêlent et quelques chromatismes passent par là. 

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Mais tout à coup,  la matière musicale s’allège. Bienvenue dans le musée oriental imaginaire de Saint-Saëns et ses galeries de clichés typiques de l’orientalisme musical du 19e siècle. On y entre sur ostinato de percussion et une mélodie jouée par les bois, au rythme plus libre, sans accompagnement harmonique comme un air de zourna Turc quelque peu improvisé. 

Une monodie bientôt rejointe par une petite flûte qui joue une gamme que l’on associe encore aujourd’hui à l’Asie mais qui est, en fait utilisée dans le monde entier, à savoir la gamme pentatonique. La fameuse gamme qui se joue sur les touches noires d’un piano !

Un peu plus loin, un hautbois et une clarinette jouent une arabesque qui se balance sur un accord mineur puis majeur, le tout sur de longs accords tenus, des notes pédales, autre cliché pour évoquer des musiques populaires ou orientales.   

Au final, ce rêve d’orient s’achève par le retour des thèmes d’Occident qui entrent par la forme musicale complexe et considérée comme la plus occidentale qui soit : une fugue ! La partie orientaliste de la pièce est donc "encadrée" par deux épisodes dans un style occidental. Ce final fugué symbolise t’il la politique coloniale de l'Europe du 19e siècle ? Au contraire, la présence, furtive, de quelques éléments orientalistes dans cette fugue peut elle être comprise comme un désir pour Saint-Saëns de rapprocher l'Orient et l'Occident ? Et si cette œuvre n'avait aucune arrière pensée politique après-tout ? A vous de juger... 

MAXXI Classique
4 min

Programmation musicale

  • 08h17
    Allerseelen op 10 n°8 trv 141 n°8 - pour mezzo soprano et piano
    Allerseelen op 10 n°8 trv 141 n°8 - pour mezzo soprano et piano
    Richard Strauss (Compositeur)
    Allerseelen op 10 n°8 trv 141 n°8 - pour mezzo soprano et piano

    Sophie Koch (Mezzo-soprano), Philippe Entremont (Piano)

    Album Richard Strauss : 14 Lieder (2008)
    Label CASCAVELLE (VEL 3117)
  • 08h20
    Debussy Gabriel Fauré
    Debussy Gabriel Fauré
    Alain Souchon
    Debussy Gabriel Fauré

    Pierre Souchon (Compositeur), David Mac Neil

    Album Ame fifties (2019)
    Label WARNER

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