

La musique classique jalonne le cinéma mais aussi la vie d’Ingmar Bergman, un réalisateur qui a offert à des notes de Chopin, de Bach ou de Schubert des mises en scène mémorables.
Sur une platine vinyle qui occupe tout l’écran du cinéma, une main pose le bras du lecteur sur un disque. La mélodie sinueuse du Leiermann, le joueur de vièle de Franz Schubert, retentit alors. Deuxième plan, un peu plus large. Apparait alors le visage d’un homme qui remet le disque du début. Troisième plan, encore plus large, cet auditeur obsessionnel est dans un asile et l’on comprendra bientôt que l’œuvre qu’il écoute en boucle a partie liée avec le film qui démarre. Dans « En Présence d’un clown », ce n’est pas un joueur de vièle qui rencontre le narrateur mais un Pierrot lunaire et funeste qui hante le personnage principal.
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En présence d’un clown est loin d’être le seul film de Bergman ou la musique est un personnage à part entière. De grandes œuvres classiques sont à l’origine de certains de ses films. Je pense notamment au Concerto pour orchestre de Bartók, point de départ du film Silence, à l’Heure du loup inspiré de l’Art de la Fugue, à Vers la joie, un clin d’œil explicite à l’hymne de la Neuvième Symphonie de Beethoven qui retentit avec force à la fin du film sans oublier Communiants sorti en 1962, un film inspiré de la Symphonie de Psaumes de Stravinsky.
La Symphonie de Psaumes de Stravinsky, une œuvre que Bergman découvre grâce à Käbi Laretei, une pianiste estonienne qui épouse le réalisateur en 1959. Pendant leurs années de mariage et après leurs séparations, Bergman utilise très souvent des enregistrements de Käbi Laretei. C’est elle qui donne des indications à Ingrid Bergman pianiste virtuose dans le si musical Sonate d’Automne, elle encore qui interprète la Mazurka de Chopin, hymne nostalgique et mélancolique de Cris et Chuchotements.
Dans Cris et Chuchotements sorti en 1972, la mazurka de Chopin dialogue aussi avec une sarabande de Bach. Un extrait de la Suite n°5 pour violoncelle qui interrompt de manière spectaculaire les retrouvailles décisives de deux sœurs. Là où l’on aimerait connaître la teneur de l’échange entre Ingrid Thulin et Liv Ullmann, c’est en réalité le violoncelle de Pierre Fournier qui résonne en majesté.
Un exemple parmi tant d’autres d’utilisation raffinée de la musique classique chez Bergman, réalisateur d'une Flûte enchantée cinématographique et qui avait un jour confié avoir rêvé d’être un chef d’orchestre dans une autre vie. Rien d’étonnant de la part de ce cinéaste qui regardait et réalisait ses films en ouvrant grand ses oreilles, comme un véritable chef d’orchestre.
Programmation musicale
- 08h17
Armide abandonnée : Da quel primiero istante (Acte I sc 4) Air d'Erminia Niccolo Jommelli (Compositeur)Armide abandonnée : Da quel primiero istante (Acte I sc 4) Air d'ErminiaChristophe Rousset (Chef d'orchestre), Claire Brua (Mezzo-soprano, RINALDO), Gilles Ragon (Ténor, TANCREDI/TANCREDE), Véronique Gens, Laura Polverelli (Mezzo-soprano, RAMBALDO), Cecile Perrin (Soprano, DANO), Les Talens Lyriques
Album Armida abbandonata (intégrale) (1994)Label FNAC ALPHA (592326)
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