Survivre à ses blessures : Le Concerto pour la main gauche de Ravel

Portait du pianiste Paul Wittgenstein (1887-1961)
Portait du pianiste Paul Wittgenstein (1887-1961) - Bettmann / Contributeur
Portait du pianiste Paul Wittgenstein (1887-1961) - Bettmann / Contributeur
Portait du pianiste Paul Wittgenstein (1887-1961) - Bettmann / Contributeur
Publicité

Il y a 61 ans disparaissait le pianiste Paul Wittgenstein, le frère de Ludwig, célèbre notamment pour avoir créé le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel. Une oeuvre jazzy et grandiose qui a le pouvoir de panser les plaies et les mutilations d’une guerre…

C’est l’histoire d’une balle qui vole dans le ciel d’Ukraine. Tirée par un soldat russe, elle touche sa cible. En cette fin d’été 1914, un soldat autrichien tombe. C’est un pianiste virtuose, il se nomme Paul Wittgenstein et ne pourra plus jamais jouer les concertos de Beethoven, de Chopin ou de Rachmaninov. Prisonnier par les soldats russes à l’aube de la Première Guerre Mondiale, Wittgenstein est amputé de son bras droit. Une fois la guerre terminée, le pianiste ne se résout pas abandonner la musique. Il arrange pour sa main restante des œuvres du répertoire, il compose et et commande aux plus grands compositeurs de son époque des partitions spectaculaires. Des pièces signées, Benjamin Britten, Korngold, Richard Strauss ou encore Maurice Ravel.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Les graves sont le royaume de la main gauche. Le pianiste fait donc son entrée dans ce registre sombre du piano. L’instrument tremble mais la main du pianiste doit rester ferme. Son coeur aussi, car le concerto est un immense défi lancé à Paul Wittgenstein et à tous les pianistes qui ont osé l’apprivoiser. Créé à Vienne le 5 janvier 1932, ce concerto multiplie les passages délicats. On croirait entendre deux mains et pourtant une seule joue ces traits virtuoses, la main gauche du pianiste. Celle que l’on juge en général moins habile et chantante que la droite, doit ici tout assumer. Jouer les mélodies et s’accompagner aussi.

Publicité
MAXXI Classique
4 min

Dans ce concerto, comme dans celui en sol, l’Enfant et Les Sortilèges ou le mouvement « blues » de sa Sonate pour violon, Maurice Ravel a saupoudré sa d'éléments. Prenez ce thème et essayez d’identifier les caractéristiques qui peuvent évoquer le jazz des années trente…

MAXXI Classique
5 min

Il y a tout d’abord le rythme obstiné joué par les percussions. Les cascades sept notes jouées en contre temps, des riffs cuivrés qui rappellent les big bands de jazz mais aussi des éléments mélodiques. Les chromatismes et la  blue note, cette note bleue, très expressive utilisée dans le jazz et le blues que l’on retrouve chez Gershwin et qui pullule dans le concerto de Ravel.

MAXXI Classique
4 min

Quand il reçoit la partition Wittgenstein est troublé par les audaces de Ravel. Le pianiste change des passages ce qui provoque la furie du compositeur comme le note Marguerite Long dans son autobiographie Au piano avec Maurice Ravel où elle écrit ceci : « Ravel s’avançait lentement vers Wittgenstein et lui dit : « Mais ce n’est pas cela du tout ! » Et l’autre, de se défendre : « Je suis un vieux pianiste et cela ne sonne pas ! » Et Ravel de répliquer : « Je suis un vieil orchestrateur et cela sonne ! »

Programmation musicale

  • 08h19
    7 mélodies op 2 : Hébé
    7 mélodies op 2 : Hébé
    Ernest Chausson (Compositeur)
    7 mélodies op 2 : Hébé

    Véronique Gens (Soprano), Susan Manoff (Piano)

    Album Véronique Gens : Néère (2015)
    Label ALPHA (ALPHA215)

L'équipe