Valentin Silvestrov, 84 ans, l’un des plus grands compositeurs vivants d’Ukraine voulait rester jusqu'au dernier moment dans son pays natal. Mais l'avancée des forces russes l'aurait finalement contraint à l'exode.
Le 3 mars dernier le chef d’orchestre russe Andrey Boreyko et l’orchestre philharmonique Janacek d’Ostrava donnaient à entendre un concert pour l’Ukraine où succédait à l’hymne du pays, cette pièce de Valentin Silvestrov : Hymne 2001. Une œuvre composée au début de notre millénaire et qui nourrissait pour notre époque un espoir de paix entre les nations. Au moment où Andrey Boreyko dirige ce concert à Ostrava en République Tchèque, Valentin Silvestrov est encore à Kiev. Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes s’inquiètent de la santé du compositeur.
Quelques jours plus tard, le chef d’orchestre poste sur les réseaux sociaux une photo de Valentin Silvestrov. On le voit à l’arrière d’un van, assis au milieu de plusieurs personnes, peut-être des journalistes allemands. Il lève la main comme pour indiquer que tout va bien. Dans sa publication, à côté de la photo anonyme, Andrey Boreyko indique que Valentin Silvestrov a été obligé, comme des millions d'autres Ukrainiens de fuir Kiev, de passer la frontière, et qu’il est désormais en sécurité.
Les nombreux messages d’inquiétudes que l’on pouvait lire ces derniers jours sur les réseaux sociaux montrent à quel point ce compositeur qui a connu la censure des soviétiques au cours de sa vie est apprécié et respecté. Il faut dire que ce musicien engagé, né près de Kiev en 1937, est passé par des courants stylistiques très différents au cours de sa vie. Dans les années 60, il faisait partie de l’avant-garde artistique de la capitale ukrainienne et d’Europe. Comme d’autres membres de l’école de Darmstadt tels que Pierre Boulez, Luigi Nono et Maderna et Stockhausen, Valentin Silvestrov a commencé sa carrière de compositeur en signant des partitions résolument tournées vers la modernité.
La trajectoire musicale de Silvestrov partage quelques points communs avec celle de son collègue estonien Arvo Pärt. En effet, l’Ukrainien a lui aussi fini par se détourner de sa première manière de composer à partir des années 70 pour écrire des œuvres finalement beaucoup plus consonantes, néoclassiques et souvent minimales. Son œuvre n’entend plus faire table rase du passé mais le réinterpréter comme c’est le cas de cet hommage à Jean-Sébastien Bach. Une nouvelle interprétation de la Chaconne du maître allemand…
On dit souvent que dans l’œuvre de Silvestrov, le passé et le présent semble fusionner. C’est ce que l’on constate dans la musique du film Le Temps qui reste de François Ozon ou encore dans cette Sérénade de l’Adieu au titre d’une douloureuse actualité…
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Programmation musicale
- 08h16
Sonate pour piano n°45 en La Maj HOB XVI : 30 : 1. Allegro Joseph Haydn (Compositeur)Sonate pour piano n°45 en La Maj HOB XVI : 30 : 1. AllegroJean-Efflam Bavouzet (Piano)
Album Haydn : Sonates pour piano / Vol. 10 (2022)Label CHANDOS (CHAN20191)
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