Wynton Marsalis : par amour du jazz et du classique

New Orleans. C’est le titre de cette composition. C’est aussi le nom du berceau du jazz et de la ville natale de Wynton Marsalis. Prénommé Wynton en hommage au pianiste Wynton Kelly, le trompettiste peut aussi s’appuyer sur un nom illustre. Comme Branford, Delfeayo et Jason Marsalis, respectivement saxophoniste, trombonistes et batteurs de renom, Wynton est le fils d’un pianiste Ellis Marsalis Junior. C’est lui qui donne les premiers cours de trompette à son fils et qui l’accompagne au Conservatoire de la ville afin qu’il étudie le jeu et le répertoire classique. Sans bouder les gammes modales et les improvisations paternelles, l’adolescent se prend de passion pour l’exactitude des partitions baroques et classiques. Il se produit avec des orchestres symphoniques de la ville et joue même en soliste dans des concertos de Bach et de Haydn.

Grâce à son travail acharné, six heures de trompette par jour, Wynton Marsalis se perfectionne au Centre de Musique de Tanglewood puis à la Juilliard School. A 18 ans, il rêve d’une carrière de trompettiste soliste. Malgré ses tournées avec les Jazz Messengers d’Art Blakey et des enregistrements de jazz salués par le public et les critiques, Wynton n’abandonne pas le classique pour autant. En 1983, il enregistre chez CBS un album consacré à la musique concertante de Haydn, Leopold Mozart et Hummel qui lui permet de devenir, à seulement 22 ans, le premier musicien à obtenir un Grammy Awards en jazz et en classique au cours de la même année !

Mais Wynton Marsalis ne brille pas seulement dans le répertoire baroque et classique de Bach, Haendel, Haydn et Mozart. Ses nombreux disques enregistrés avec des ensembles aussi prestigieux que l’English Chamber Orchestra ou l’Orchestre Symphonique de Londres nous font aussi entendre des interprétations de grande qualité de concertos du XXe siècle signés Henri Tomasi et André Jolivet. Comme ces derniers, Wynton Marsalis aime intégrer des éléments issus du jazz dans des genres musicaux classiques. Je pense à Blood on the Fields, l’une des compositions les plus célèbre de Marsalis un véritable oratorio avec chœur et arias et qui hommage au blues et aux prémices du jazz.

Blood on the Fields, un vaste oratorio pour choeur, chanteurs solistes et big band qui obtient en 1997 le Prix Pulitzer dans la catégorie musique. Une distinction qui était jusque-ici réservée aux oeuvres classiques et qui sonne comme une évidence quand elle récompense Wynton Marsalis, trait-d’union entre le classique et le jazz et qui nous prouve encore aujourd’hui que ne pas choisir a parfois du bon !