Aujourd’hui, Anne-Charlotte Rémond vous emmène en hiver 1516 au Manoir de Cloux près d’Amboise. Hiver durant lequel un certain Léonard de Vinci arrive en France…
« C'était un génie extraordinaire ; il était chaleureux, précis et généreux, avec une expression rayonnante et gracieuse ; et puisqu'il était un merveilleux inventeur et connaisseur de toutes les subtilités et plaisirs du théâtre, et qu'il jouait si bien de la lira da braccio avec l'archet, il a miraculeusement été admiré de tous les princes pendant toute sa vie. » Paolo Giovo
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
On trouve chez les contemporains de Léonard de Vinci pas mal de choses à glaner concernant ses qualités de musicien. Le peintre et architecte toscan Giorgio Vasari nous donne quelques précisions dans ses V_ies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes_. Il écrit à propos de Léonard : "Il a consacré beaucoup d'effort à la musique ; avant tout, il s'est attaché à apprendre le jeu de la lire, puisque par nature il possédait un esprit noble et élégant ; il chantait divinement, improvisant son propre accompagnement à la lira."
Mais au fait, qu'est-ce qu'une lira da braccio (une lire de bras) ? Le terme "lire" reprend l'idée de l'instrument antique : hommage à la "lyre", instrument pratiqué par Apollon puis par son fils Orphée. Construite par Hermès dans une carapace de tortue, avec des cordes en boyaux de bœuf, la lyre antique est donc un instrument à cordes pincées. Rien à voir en fait avec cette lira da braccio, qui ressemble davantage à un violon, et qui se joue avec un archet. La lira da braccio a une forme qui se rapproche de celle du violon, mais avec quelques différences. D'abord la touche (le manche de l'instrument) est un peu plus large. Ensuite, le nombre de cordes : la lira en a 7 : (5 sur la touche, et deux en dehors), qui servent de bourdon. Le chevalet, la petite pièce de bois qui soutient les cordes et qui leur permet de ne pas toucher la touche, est presque plat : ce qui permet de jouer facilement plusieurs cordes à la fois, et donc, de produire des accords.
Giorgio Vasari, dans le récit qu'il consacre à la vie de Léonard raconte qu'en 1494, le peintre musicien a été amené en grande fanfare chez Lodovico Sforza (le duc de Milan), exprès pour jouer pour lui, puisqu'il aime passionnément le son de la lira. Pour l'honorer, Léonard lui apporte un instrument qu'il a construit de ses mains, fait principalement d'argent, en forme de crâne de cheval. "Une chose nouvelle et étrange, nous dit Vasari, avec un son plus beau et plus fort. En le jouant, il surpassait tous les autres musiciens venus jouer là." C'est donc pour l'entendre que Lodovico a fait venir Léonard, ce qui atteste de sa réputation musicale.
En septembre 1515 a eu lieu la bataille de … Marignan ! Le roi François 1er, qui voulait récupérer le Milanais, a gagné ! En décembre, à Bologne, il rencontre le pape Léon X pour engager des négociations en vue d'un concordat. Il est probable que Léonard est présent à cette occasion. François 1er est plein d'admiration pour le peintre (et musicien) et il lui propose de venir en France, de troquer le Mont Palatin pour la douceur des Pays de la Loire. C'est un an après seulement que notre Léonard prend la route jusqu'à Amboise. Là, il va passer les 3 dernières années de sa vie. Le roi lui offre le manoir du Cloux, qu'on appelle aujourd'hui Château du Clos-Lucé (tout de suite plus classe). Léonard va vivre ses derniers jours dans la paix, ayant quotidiennement des échanges avec François. Il apprécie la vie à Amboise, mais il se sait malade, et il profite du temps qui lui reste pour mettre un peu d'ordre dans ses Carnets. Peut-être fait-il encore de la musique, il a certainement avec lui sa lira da braccio… Peut-être parfois, en joue-t-il, puis, laissant l'instrument, s'en va regarder par la fenêtre de sa chambre qui donne sur la Loire, en évoquant les jours passés…
Programmation musicale
Anonyme / Texte d'Angelo Poliziano Fabula di Orpheo, Bologne 1492
Canzona d'Aristée "Udite, selve, mie dolce parole" "Ecoutez, forêts, mes douces paroles"
Giovanni Cantarini, ténor, Baptiste Romain, lira da braccio
Ricercar RIC354
Anonyme / Texte d'Angelo Poliziano Fabula di Orpheo, Bologne 1492
Plainte d'Orphée "Dunque piangiamo o sconsolata lira"
Giovanni Cantarini, ténor, Baptiste Romain, lira da braccio
Ricercar RIC354
Anonyme
Romanesca et Passamezzo
Baptiste Romain, lira da braccio
Ricercar RIC354
Anonyme (Renaissance)
Spero haver felice
Vincent Bouchot, baryton, Frédéric Martin, lira da braccio
Ricercar RIC100/3
Anonyme (3ème livre de Frottole de Petrucci, 1503) / Improvisation de récitation
Rime, sonetto XVIII de Pétrarque "Vergognando talor" "Pris de honte parfois"
Clara Coutouly, soprano, Baptiste Romain, lira da braccio
Alpha 270192
Franchino Gaffurio (1451-1522)
O sacrum convivium
Capella de la Torre, direction Katharina Baüml
Deutsche Harmonia Mundi G010003919534H
Josquin Desprez (vers 1450-1521)
Planxit autem David
Ensemble Doulce Memoire
Alpha 270192
Josquin Desprez (v. 1450/55-1521)
Mille regretz, chanson à 4 voix
Vox Luminis, direction Lionel Meunier
Ricercar RIC 106
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration