1836, Louise Bertin : Création de son opéra « La Esmeralda »

Esmeralda et Quasimodo, illustration d’ Eugene Deveria (1808-1865) Musée Carnavalet / 1836, Louise Bertin : Création de son opéra « La Esmeralda » / Musicopolis
Esmeralda et Quasimodo, illustration d’ Eugene Deveria (1808-1865) Musée Carnavalet / 1836, Louise Bertin : Création de son opéra « La Esmeralda » / Musicopolis ©Getty - DEA / M. SEEMULLER
Esmeralda et Quasimodo, illustration d’ Eugene Deveria (1808-1865) Musée Carnavalet / 1836, Louise Bertin : Création de son opéra « La Esmeralda » / Musicopolis ©Getty - DEA / M. SEEMULLER
Esmeralda et Quasimodo, illustration d’ Eugene Deveria (1808-1865) Musée Carnavalet / 1836, Louise Bertin : Création de son opéra « La Esmeralda » / Musicopolis ©Getty - DEA / M. SEEMULLER
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Le 14 novembre 1836, l’Académie Royale de Musique de Paris accueille la création de l’opéra de Louise Bertin ''La Esmeralda'', dont Victor Hugo a signé le livret, tiré de son roman ''Notre Dame de Paris''

Ce soir c'est la première représentation d'un ouvrage qui réunit un auteur célèbre, Victor Hugo, pour le livret, et une compositrice, Louise Bertin, pour la musique

La salle de l'Académie Royale de Musique rue Le Peletier est pleine du tout-Paris attiré par la publicité faite autour du nouvel opéra : ce soir c'est la première représentation d'un ouvrage qui réunit un auteur célèbre, Victor Hugo, pour le livret, et une compositrice, Louise Bertin, pour la musique. On dit que pour monter son œuvre, la jeune femme a été soutenue par sa famille, les célèbres Bertin, dont le membre le plus notable est alors Louis-François, directeur du Journal des débats. Des éléments bien prometteurs en effet, et qui laissent à penser que La Esmeralda  va être un grand succès.

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"Avec de pareils éléments de succès, écrit Jules Janin dans le Journal des Débats, des vers de M. Hugo, et quelques-uns de ses plus charmants, une action intéressante et rapide, des décorations pittoresques, une grande richesse, une grande variété de costumes, une musique passionnée, touchante, joyeuse, mélancolique tour à tour ; et enfin et surtout des chanteurs pleins de zèle, d'intelligence et de talent, le moyen de ne pas réussir ?" 

Pourtant, avant même la première, avant d'avoir lu le livret et avant d'avoir entendu une note de la musique, les critiques ont commencé à se déchaîner avec la plus grande malveillance. La compositrice n'y est pas pour grand-chose, mais son librettiste, lui a de nombreux détracteurs et le journal de son père en a tout autant !

Victor Hugo est un ami de la famille Bertin. Il est possible que dès avant mars 1831, où paraît son roman Notre-Dame de Paris, il ait été question qu'il en tire un livret d'opéra pour Louise

Victor Hugo est un ami de la famille Bertin. Il est possible que dès avant mars 1831, où paraît son roman Notre-Dame de Paris, il ait été question qu'il en tire un livret d'opéra pour Louise. On a pu lire çà et là que Hugo l'aurait écrit pour ménager le père Bertin, directeur du Journal des Débats, mais à lire sa correspondance avec la compositrice entre le début de leur collaboration et la création de l'œuvre, sur une durée de 5 ans donc, on ne peut pas avoir de doute : il y a une véritable amitié entre eux, et Victor se prête avec grâce à toutes les demandes de Louise sur la construction des scènes et la versification des airs, des ensembles et des chœurs. "Voici , mademoiselle lui écrit-il par exemple, votre petite scène à l'état de squelette. C'est vous qui mettrez sur ces pauvres os décharnés, d'abord de la chair, puis un riche vêtement."

''Comment avez-vous pu croire un seul instant que je renoncerais à Notre-Dame de Paris pour quoi que ce soit au monde''

L'élaboration de La Esmeralda de Louise Bertin, est jonchée de péripéties ! C'est que Victor Hugo a lui-même fort à faire avec les autorités. Au moment de l'interdiction de représentation du Roi s'amuse, Louise est même obligée d'user de toute sa persuasion pour le convaincre qu'elle veut quand même continuer à travailler avec lui : "comment avez-vous pu croire un seul instant, lui écrit-elle, que je renoncerais à Notre-Dame de Paris pour quoi que ce soit au monde. J’ai de l’amour-propre, Monsieur, et j’aime mieux tomber avec le premier, que réussir avec un autre. Si vous avez jamais remarqué en moi quelques hésitations, vous savez bien qu’il faut les attribuer au sentiment que j’ai de ma faiblesse, et à la répugnance que j’éprouve à vous voir vous occuper d’un travail si au-dessous de votre génie. Comment, moi qui n’admire que vous au monde, pourrais-je refuser l’honneur de mettre mon nom à côté du vôtre ?" 

Malgré les préventions des critiques, et leur opposition à Victor Hugo et au Journal des Débats, la première de La Esmeralda de Louise Bertin est bien accueillie. Un chroniqueur écrit : "Tout le mal qu'on en avait dit d'avance, sans même l'avoir entendue, a été démenti par le succès. Son mérite, croissant d'acte en acte, jette d'incontestables éclats au deuxième et au troisième. Mais au dernier, il s'élève à une hauteur de dramatique, de chant et d'instrumentation qu'envieraient nombre de nos grands artistes en ce genre. Des choeurs, une romance, deux duos, des airs, notamment celui de Quasimodo, qui a été redemandé, ont obtenu tous les suffrages. Après l'entier succès de la pièce, au moment où l'on allait nommer les auteurs, quelques mécontents sans raison ont essayé de troubler la fête, mais la salle a répondu par des bravos et on a nommé entre deux salves M. Victor Hugo, Mlle Louise Bertin, MM. Philastre et Cambon (les décorateurs)."

Programmation musicale

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Ouverture (orchestration Richard Dubugnon)
Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte I. Choeur "Vive Clopin roi de Thune"
Choeur de la Radio Lettone, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte I. Choeur "La voilà la voilà"
Choeur de la Radio Lettone, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte I. Ensemble "La nuit est sombre"
Maya Boog, Esmeralda, Manuel Nuñez Camelino, Phoebus, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte I. Finale Duo Esmeralda Phoebus "Daignez me dire"
Maya Boog, Esmeralda, Manuel Nuñez Camelino, Phoebus, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte II. Choeur "Il enlevait une fille"
Choeur de la Radio Lettone, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte III. Air de Phoebus avec choeur "O l'amour volupté suprême"
Manuel Nuñez Camelino, Phoebus, Choeur de la Radio Lettone, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte IV. Romance d'Esmeralda "Phoebus n'est-il sur la terre"
Maya Boog, Esmeralda, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte IV. Air de Quasimodo. Air des cloches.  
Frédéric Antoun, Quasimodo, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341   

Louise Bertin (1805-1877)
La Esmeralda (1832-36) Acte IV. Finale Ensemble "Oh rigueur inattendue"
Maya Boog, Esmeralda, Manuel Nuñez Camelino, Phoebus, Francesco Ellero d'Artegna, Frollo, Choeur de la Radio Lettone, Orchestre National de Montpellier-Languedoc-Roussillon, direction Lawrence Foster
Accord 480 2341
 

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