Serge Prokofiev a tout juste 27 ans lorsqu’il dirige la création de sa 1ère Symphonie le 21 avril 1918 à Petrograd. Musicopolis suit aujourd'hui pas à pas le jeune compositeur dès l’année 1916, où il décide d'en écrire les premières notes !
''J'ai envisagé de composer ma "Symphonie classique" loin du piano, et tout le travail que j'ai fait jusqu'ici, je l'ai fait dans ma tête''
"Depuis quelques temps, écrit Prokofiev dans son journal en mai 1917, j'ai envisagé de composer ma "Symphonie classique" loin du piano, et tout le travail que j'ai fait jusqu'ici je l'ai fait dans ma tête. Maintenant je suis résolu à la finir. Il me semblait que composer avec ou sans piano était simplement une question d'habitude, et que ce serait bien de gagner plus d'expérience avec une oeuvre peu complexe comme cette symphonie. Je n'aurais pas besoin d'un piano non plus pour l'orchestration du Concerto pour violon. C'est sur ce travail que je me concentrerais pendant ce séjour à la campagne."
''Le public lui sera juste content d'entendre une musique heureuse et sans complication, que bien sûr, ils applaudiront !''
Après quelques chutes de neige inopinées au début du mois de mai, enfin la chaleur du printemps s'installe, et Prokofiev peut se remettre au travail en alternant les séances à la table et les promenades dans la campagne. Il écrit dans son journal : "j'ai pensé à chaque moindre détail de l'orchestration du Concerto pour violon, ce qui était une tâche facile et plaisante, et aussi, en marchant à travers champs, j'ai composé la symphonie "classique". J'ai mis sur le papier ce que j'avais déjà composé, mais par encore en partition pour orchestre. Quand nos musiciens et professeurs à tendance classique (mais à mon avis de faux-classiques) entendront cette symphonie, ils vont sursauter et crier pour protester contre ce nouvel exemple de l'insolence de Prokofiev, regardez comme il ne laisse même pas Mozart reposer en paix mais vient le malmener avec ses sales pattes, contaminant les pures perles classiques avec d'horribles dissonances Prokofieviennes. Mais mes vrais amis verront que le style de ma symphonie est précisément d'un classicisme mozartien et ils lui accorderont sa vraie valeur, tandis que le public lui sera juste content d'entendre une musique heureuse et sans complication, que bien sûr, ils applaudiront !"
''A nouveau, les mêmes rayons de soleil. C'était incroyable ! fantastique ! La symphonie a merveilleusement réussi, et elle a eu un succès immense."
Prokofiev termine sa symphonie vers le 10 septembre 1917, et il espère bien qu'elle sera créée au mois d'octobre. Mais la Révolution d'octobre va empêcher cette première, qui va être repoussée d'abord en novembre, puis de plus en plus tard. Finalement le concert est programmé pour le mois d'avril. C'est le compositeur qui tient la baguette. A la répétition générale, alors qu'il monte sur l'estrade, il sent son visage baigné par le soleil dont les rayons passent par une fenêtre en face de lui. Il est un peu ébloui, il voit des cercles rouges devant ses yeux, mais il lui semble que le soleil lui envoie des vœux pour sa symphonie héliophile et pour lui-même.
Le 21 avril 1918, il fait beau à Petrograd ! Le concert est à deux heures. Le jeune compositeur est lui-même à la baguette. Il s'en sort très bien. Il écrit dans son journal "A nouveau, les mêmes rayons de soleil. C'était incroyable ! Fantastique ! La symphonie a merveilleusement réussi, et elle a eu un succès immense."
Programmation musicale
Serge Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n°1 en Ré majeur op 25 "Classique" (1916-17) IV. Finale. Molto vivace
Orchestre Symphonique de Boston, direction Pierre Monteux
West-Hill Radio Archives WHRA-6022
Serge Prokofiev (1891-1953)
Gavotte de la Première Symphonie (version pour piano)
Serge Prokofiev, piano
MCPS 232598
Serge Prokofiev (1891-1953)
Le Joueur (1915-17) Acte IV. "J'ai, j'ai, j'ai, j'ai gagné"
Vladimir Galuzin, Aleksei, Orchestre du Kirov, direction Valery Gergiev
Philips 454559-2
Serge Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano et orchestre n°2 en sol mineur op 16 (1912-13) IV. Finale. Allegro tempestoso
Denis Matsuev, piano, Orchestre du Mariinsky, direction Valery Gergiev
Mariinsky MAR0599
Serge Prokofiev (1891-1953)
Visions fugitives op 22 (1915-17) n°19 "Presto agitatissimo e molto accentuato"
André Tchaikowsky, piano
RCA 8898547014201
Serge Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n°1 en Ré majeur op 25 "Classique" (1916-17) I. Allegro
Orchestre du Ministère de la Culture d'URSS, direction Gennady Rojdestvensky
Melodiya 74321 66979 2
Serge Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour violon n°1 en Ré majeur op 19 (1916-17) I. Andantino
David Oistrakh, violon, Orchestre symphonique de la Radio de Moscou, direction Kirill Kondrashin
DGG 002894777479
Serge Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n°1 en Ré majeur op 25 "Classique" (1916-17) I. Allegro
Orchestre du Ministère de la Culture d'URSS, direction Gennady Rojdestvensky
Melodiya 74321 66979 2
Serge Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n°1 en Ré majeur op 25 "Classique" (1916-17) II. Larghetto
Orchestre du Ministère de la Culture d'URSS, direction Gennady Rojdestvensky
Melodiya 74321 66979 2
Serge Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n°1 en Ré majeur op 25 "Classique" (1916-17) III. Gavotte
Orchestre du Ministère de la Culture d'URSS, direction Gennady Rojdestvensky
Melodiya 74321 66979 2
Serge Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n°1 en Ré majeur op 25 "Classique" (1916-17) IV. Finale.
Orchestre du Ministère de la Culture d'URSS, direction Gennady Rojdestvensky
Melodiya 74321 66979 2
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