Le 18 septembre 1814 est une date importante dans l'histoire de l'Europe. C'est l'inauguration officielle de la conférence diplomatique qui réunit toutes les puissances, grandes et petites, pour élaborer une fin - provisoire - aux guerres qui ravagent l'Europe depuis la Révolution française.
Tous les chefs d'Etats et les diplomates sont présents : les noms des souverains, des ministres et des chargés d'affaires des différentes cours forment une liste de plus de 500 personnes, qui sont venues avec leurs suites. Au sortir de longues années de guerre, qui semblaient avoir tari toutes les sources de richesses, les têtes couronnées réussissent néanmoins à déployer des prodigalités sans fin qu'elles dispensent dans une grande fête qui va durer 5 mois…
"Vous arrivez a point pour voir de grandes choses. L'Europe est à Vienne. Le tissu de la politique est tout brodé de fêtes. A votre âge on aime les réunions joyeuses, les bals, les plaisirs, je vous réponds que vous n'en chômerez pas; car le congrès ne marche pas, il danse. C'est une cohue royale. De toutes parts on crie paix, justice, équilibre, indemnité, légitimité. La concorde a enfin réuni les peuples, si longtemps ennemis, leurs plus illustres représentants en donnent déjà l'exemple. Chose qu'on voit ici pour la première fois, le plaisir va conquérir la paix." Le Prince de Ligne
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Hommage à Haydn
Parmi les réjouissances offertes par la capitale autrichienne à ses invités du Congrès, quelques concerts qui permettent d'entendre les oeuvres qui ont marqué la récente histoire de la musique viennoise. A l'automne 1814, on donne au théâtre de la porte de Carinthie le célèbre oratorio La Création de Haydn. Le maître est mort il y a 5 ans seulement, pendant l'occupation française. Le souvenir des premières auditions est encore tout frais dans les mémoires.
Ce soir de Congrès, nous dit un témoin "La salle, éclairée par une multitude de bougies, et les loges drapées avec magnificence, formaient un coup d'oeil éblouissant. Plusieurs loges étaient destinées aux souverains, d'autres occupées par le corps diplomatique. Quant au parterre, il était tellement rempli de gens décorés qu'on eût pu l'appeler un parterre de chevaliers"
Beethoven à l'honneur
Les autorités municipales viennoises ont confié à Beethoven la composition d'une oeuvre nouvelle pour honorer les centaines de visiteurs distingués présents dans la capitale à l'occasion du congrès. Dès le mois d'octobre il s'est mis au travail, et le 29 novembre, au même concert que la Victoire de Wellington, il dirige pour la première fois sa cantate Le Glorieux Moment. "L'Europe est debout ! clame le texte. Et les temps, dans leur marche éternelle, le choeur des peuples et les siècles anciens, élèvent stupéfaits leurs regards."
Le Requiem à la mémoire de Louis XVI, avec la musique de Sigismund Neukomm, élève de Haydn, a été donné dans la cathédrale de Vienne le jour anniversaire de la mort du roi, le 21 janvier 1815, alors que l'hiver a ralenti quelque peu les ardeurs des Congressistes. Mais bientôt le Carnaval va ramener la période des bals et des fêtes.
Vienne danse à trois temps
Une danse en particulier fait tourner les têtes à Vienne et même suscite quelques plaintes des gardiens de la morale. C'est la valse. Un témoin nous décrit la scène : "Dès que les premières mesures se sont fait entendre, les physionomies s'épanouissent, les yeux s'animent, un frémissement court de proche en proche. Les gracieux tourbillons s'organisent, se mettent en mouvement, se croisent, se devancent, tandis que les spectateurs que l'âge réduit à l'immobilité marquent la mesure et le rythme. Il fallait voir ces femmes ravissantes, toutes éclatantes de fleurs et de diamants, emportées par cette irrésistible harmonie, penchées sur le bras de leurs valseurs, et semblables à de brillants météores ; il fallait voir la soie brillante, la gaze légère de leurs vêtements obéir à l'impulsion et dessiner de gracieuses ondulations ; il fallait voir enfin cette sorte de bonheur extatique respirant sur leurs charmants visages…"
Programmation musicale
Antonio Salieri (1750-1825)
Les Danaïdes (1784) Allegro brillante
Orchestre Mozart de Mannheim, direction Thomas Fey
Hänssler Classics CD 98.506
Adalbert Gyrowetz (1763-1950)
Symphonie en Mi bémol majeur op 18 (1797 ?) III. Menuetto. Allegro
Orchestre de Chambre de la Bohême du Sud, direction Jan Talich
CR0590-2
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Polonaise en Ré majeur WoO 21 (1810)
Orchestre Philharmonique de Berlin, direction Hans Priem-Bergrath
DGG 419624-2
Ignaz Moschelès (1794-1870)
Sextuor en Mi bémol majeur op 35 pour piano, violon, flûte, 2 cors et violoncelle (1815) II. Menuetto. Molto Moderato
Consortium Classicum
Bayer Records BR 100231 CD
Joseph Haydn (1732-1809)
La Création (1798) IV. Air de Gabriel et choeur "Mit Staunen sieht dans Wunderwerk" Christine Schäfer, soprano, Gachinger Kantorei Stuttgart, Bach Collegium Stuttgart, direction Helmuth Rilling
Hänssler classics CD 98938
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
La Victoire de Wellington ou la Bataille de Vittoria (1813) I. La bataille Orchestre Wiener Akademie, direction Martin Haselbock
Alpha ALPHA473
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Der glorreiche Augenblick op 136 (1814) I. Choeur "Europa steht" Choeur de Londres, Royal Philharmonic Orchestra, direction Hilary Davan Wetton
Naxos 8.572783
Sigismund Neukomm (1778-1858)
Requiem à la mémoire de Louis XVI (1815) Séquence. Dies irae Choeur de chambre de Namur, La grande Ecurie et la Chambre du Roy, direction Jean-Claude Malgoire
Alpha ALPHA966
Ludwig van Bethoven (1770-1827)
Mödlinger Tänze (1819) I. Valse en Mi bémol WoO 17 n°1
Orchestre de chambre de Berlin, direction Helmut Koch
Berlin Classics 0091312 BC
Ludwig van Bethoven (1770-1827)
Mödlinger Tänze (1819) I. Valse en Si bémol WoO 17 n°3
Orchestre de chambre de Berlin, direction Helmut Koch
Berlin Classics 0091312 BC
François-Adrien Boieldieu (1775-1834)
Le Calife de Bagdad (1800) Ouverture
Orchestre de la Suisse Italienne, direction Howard Griffiths
CPO5552442
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