Le dernier concert de la saison du Centre de Musique de chambre de Paris est diffusé en streaming ce soir sur la plateforme Recithall et le programme comme le concept valent le détour.
Le spectacle a été capté sans public, le 13 mars, dans la salle du MC93 de Bobigny. La caméra a été posée au milieu de la scène, qui est éclairée par une lumière blanche, crue, qui évoque l’atmosphère glaciale des hivers russes. Car nous sommes en URSS dans les années 1950 : en guise de décor, un portrait de Staline et un téléphone d’époque, qui ne sonnera pas mais fait planer une atmosphère oppressante, symbole de peur et d’écoute permanente. Ce concert-spectacle d’une heure s’appelle Staline/Chostakovitch et évoque, à travers trois œuvres du compositeur russe, la relation complexe et tendue entre le dictateur et le musicien.
Cinq jeunes musiciens professionnels, âgés de 25 à 30 ans, sont sur scène, en costumes des années 1950 : un quatuor à cordes et un piano, accompagnés des voix enregistrées de deux comédiens. L’un prête sa voix à Staline, l’autre à Chostakovitch. Comme souvent dans les productions du Centre de musique de chambre, pas de statisme ! Les musiciens se déplaceront tout au long du spectacle. Ils commencent avec la cadence du premier concerto pour violoncelle, puis interprètent le deuxième trio avec ses thèmes juifs, une pièce composée juste après la guerre, qui évoque le bombardement de Dresde, bombardement qui a beaucoup marqué Chostakovitch. Enfin, place au Quatuor n°8, composé en 1960 et dédié aux victimes du fascisme. La partition est truffée de citations : Chostakovitch y évoque sa première symphonie, qui marqua le début de son succès, à seulement 19 ans, son sulfureux opéra Lady Macbeth de Mstensk, censuré par Staline lui-même en 1936, les notes macabres du "Dies Irae"… Un programme sur-mesure mis en scène par Camille Dugas, avec notamment, de nombreuses images d’archives, pour une immersion garantie dans l’esprit tourmenté de l’un des plus grands compositeurs russes. Beaucoup connaissent l’anecdote : Chostakovitch dormait avec une valise pleine au pied de son lit, prêt à fuir même en pleine nuit, en cas d’arrestation, pour échapper au goulag.
Ce qui est inédit, c’est que la caméra posée sur scène filme tout ce qui s’y passe, à 360°. Ça veut dire que ce soir, sur votre smartphone ou votre ordinateur, vous pourrez faire glisser l’image pour vous diriger comme bon vous semble et suivre l’évolution des musiciens. Une première en musique de chambre ! Un concert à découvrir ce soir, sur la plateforme Recithall et disponible en replay jusqu’au 25 avril.
Programmation musicale
- 08h08RICHARD WAGNER (Compositeur)WAGNER Lohengrin WWV 75 : Prélude (Acte III)
, JAMES LEVINE (Chef d'orchestre), , ORCHESTRE DU METROPOLITAN OPERA DE NEW YORK
L'équipe
- Production