Deux jeunes avocats français créent le Barreau des arts, une association qui réunit des avocats bénévoles dans toute la France, et propose des conseils juridiques gratuits à destination des artistes jeunes et précaires.
Deux jeunes avocats parisiens, Lucie et Corentin, spécialisés en propriété intellectuelle, viennent de créer le « Barreau des arts ». En réponse à la forte précarité dans laquelle nombre de musiciens ont pu subir lors de la crise, mais pas seulement, l'association propose d'offrir des conseils juridiques gratuits par téléphone aux artistes français, jeunes ou précaires.
Depuis quelques jours, le Barreau des arts rassemble une trentaine d’avocats professionnels. Ce tout jeune projet a vocation à grandir et inclure de plus en plus d'avocats. Il entend réaffirmer la dimension sociale de la profession d’avocat, à partir de plusieurs constats.
D'abord, les artistes – musiciens, danseurs, comédiens, graphistes, photographes, etc - connaissent peu, voire pas du tout, leurs droits. En effet, ils évoluent au sein d'un monde professionnel très concurrentiel, dans lequel les relations avec les employeurs sont parfois complexes et peu respectueuses envers les musiciens.
Ensuite, le droit d’auteur est une discipline complexe, et les écoles d’art et les conservatoires fournissent peu de bases juridiques aux futurs professionnels. N'oublions pas qu'un artiste, en 2020, se doit d'être maître, en plus de sa pratique artistique, de son image, sa communication, l'administration et la comptabilité qui accompagnent le métier d'artiste.
La demande de conseil juridique est importante chez les artistes : en moins d’une semaine, le Barreau des arts a reçu une quinzaine de demandes dont celle, par exemple, d’une photographe de 20 ans ayant travaillé en stage pour un grand magazine national, magazine qui a publié ses photos à répétition sans jamais la créditer. La jeune artiste, démunie et inquiète pour sa réputation professionnelle, a cherché les conseils d'une avocate du Barreau des arts qui lui ont permis de rééquilibrer le rapport de force.
Les trois fondateurs du Barreau des arts se sont inspiré de ce qui se fait dans le monde anglo-saxon : en Australie, au Canada, à New-York, il existe des initiatives similaires. Proposer des conseils juridiques gratuits, cela s’appelle en jargon d’avocat le « pro bono » : c’est une pratique très développée dans les cabinets anglo-saxons et en France, la demande est croissante de la part des avocats.
Le site www.barreaudesarts.fr propose un simulateur pour déterminer si vous entrez dans les critères d’éligibilité pour bénéficier de conseils juridiques gratuits. L’association aimerait également faciliter l’accès au droit des étudiants des conservatoires et des écoles d’art. Un grand bravo à ces jeunes juristes pour une initiative plus que nécessaire.
L'équipe
- Production