Quand les orchestres adoptent Facebook live

Capture d'un "Facebook live" dans les coulisses de l'Opéra-Comique
Capture d'un "Facebook live" dans les coulisses de l'Opéra-Comique
Capture d'un "Facebook live" dans les coulisses de l'Opéra-Comique
Capture d'un "Facebook live" dans les coulisses de l'Opéra-Comique
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Les "Facebook Live", qui permettent de diffuser un flux vidéo en direct sur le réseau social, séduisent de plus en plus le monde de la musique classique. Comment les orchestres et institutions musicales utilisent-ils ce mode de communication ?

L’arrivée en fanfare du live sur les réseaux sociaux est l’un des phénomènes numériques majeurs de l’année écoulée. Il faut dire que les géants du web n’ont pas lésiné : Twitter a racheté l’application de vidéos en direct Périscope ; Google, propriétaire de Youtube, dispose de son service de vidéo, Youtube Live, et enfin Facebook, dont on ne rappelle plus le milliard et demi d’utilisateurs, a désormais sa propre plateforme de direct. Concrètement, Facebook Live permet de diffuser un flux vidéo en direct en un clic, depuis un smartphone. Depuis son lancement en 2016, c’est un carton, à tel point que les personnages politiques s’en sont emparés lors de la dernière campagne présidentielle.

Le monde culturel n'est pas en reste. Le Musée du Louvre a déjà organisé des Facebook live dans son Carrousel. Son petit frère du Nord, le Louvre-Lens, a inauguré ses dernières expositions à coup de directs sur la plateforme. Même engouement au Guggenheim de Bilbao ou au Metropolitan Museum de New-York. Et côté musique classique, la pertinence du nouvel outil de Facebook n’a pas échappé aux orchestres français. L’Orchestre de Paris a étrenné Facebook Live lors des Journées « Portes ouvertes » de la Philharmonie, avec un petit concert de l’ensemble de trombones. Verdict : la vidéo a passé la barre des 2000 likes et a été partagée plusieurs centaines de fois.

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Les arguments en faveur de ces retransmissions en direct sur le réseau social sont multiples. Premièrement, c’est gratuit : on filme avec son smartphone. Peu de moyens et, à la clé, de potentielles belles audiences, alors pourquoi s’en priver ? L’idée est de faire de chaque direct un petit événement unique qui permette à l’orchestre d’interagir avec sa communauté, qui peut commenter le live. Proximité assurée ! Et puis la force de frappe des contenus diffusés sur le plus puissant des réseaux sociaux est considérable : plus d’un Français sur trois se connecte chaque jour à Facebook.

Mais tous les contenus ne se prêtent pas à ce type de format. On comprend bien qu’un concert symphonique ou qu’un opéra entier ne pourra pas être diffusé sur Facebook live. L’iPhone ne se prête pas encore à la captation de gros événements. Pour qu’un live Facebook fasse mouche, il faut faire preuve de créativité. L’Orchestre de Paris a choisi de diffuser des avants et des après concerts, des happenings de musique de chambre ou des extraits de répétitions… Bref, des formats courts qui permettent de piquer la curiosité des internautes et leur présenter le travail et les musiciens de l’orchestre.

Les salles de concert s'y mettent également : l’Opéra-Comique a fait visiter ses coulisses juste avant la première de Fantasio d’Offenbach : on voyait le ténor enfiler ses collants et les internautes pouvaient poser des questions aux artistes. L’auditorium de Lyon ou l’Opéra de Paris ont organisé des Facebook Live pour présenter leurs saisons 2017/2018. Les institutions britanniques, à la pointe en ce qui concerne le numérique, organisent régulièrement des live sur Facebook, comme la Royal Opéra House, qui dévoile par exemple une répétition matinale du ballet de l’Opéra, avec les danseurs en tenue de sport, à la barre.

Néanmoins, les musiciens sont plus réservés que les services de communication des orchestres. Quand on filme avec un smartphone, il ne faut pas s’attendre au son d’un captation professionnelle. Beaucoup d’interprètes redoutent de se retrouver sur Facebook, dans une vidéo qui n’est pas à l’image de leur performance. L’Orchestre de Paris a donc investi dans des micros et des stabilisateurs pour proposer un son correct. Ces formations d’excellence doivent répondre à un certain standing.

En France, les orchestres symphoniques ont longtemps été à la traîne en matière de développement numérique. Face à la baisse de la fréquentation des salles de concert, les orchestres se mobilisent pour conquérir une nouvelle audience, plus jeune et plus diversifiée socialement. Et le numérique représente alors un atout essentiel, déclinable sous différentes formes, dont les live sur Facebook. Les écrans n’ont donc pas fini d’accompagner la vie musicale !

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