Il y a plus d’un siècle, le compositeur hongrois enregistrait en Algérie les musiques traditionnelles de Biskra. Aujourd’hui, Camel Zekri s’inscrit dans la démarche entreprise par Béla Bartók : créer en parcourant le monde.
L'humeur du jour de Camel Zekri
Róza Eskenázy était une célèbre chanteuse grecque romaniote et constantinopolitaine de rebetiko, de musique grecque traditionnelle d'Asie mineure et de chansons folkloriques. Sa carrière discographique et sur scène s'est étendue de la fin des années 1920 jusqu'aux années 1970. Elle fut surnommée la « reine du rebetiko » Bien qu'elle ait interprété tous les types de chanson de l'époque, son nom reste attaché particulièrement aux premiers succès du rebetiko, dont elle fut avec Ríta Abatzí l'une des principales interprètes d'avant-guerre.
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Róza Eskenázy
Hariklaki
Róza Eskenázy, chant et castagnettes
Alekos Arapakis, violon
Kyriakos Kostoulas, clarinette
Mathios Balabanis, darabukka (tambour)
Yannis Soulisi, luth
MUSURGIA GRAECA/LYRA
Reportage Couleurs du Monde
Quelques mois avant que n'éclate la Première Guerre Mondiale, Béla Bartók est passé par Biskra, éblouissant oasis algérien dont la proximité avec le désert fascinait alors bien des voyageurs. Séduit lui aussi, le compositeur hongrois y a enregistré les riches harmonies de musiciens locaux et s'en est inspiré pour écrire au plus fort du conflit un Quatuor à cordes doté d'une force mystérieuse.
Parce qu’il est originaire de Biskra, parce qu’il a également une formation classique, Camel Zekri se devait d’écrire les derniers chapitres de cette singulière histoire. Sur scène, il en réécrit d'abord les premiers lignes, avec l'Ensemble Diwan Chekwa, quintet traditionnel mené par la mezwed, la piquante cornemuse des confins du Sahara. Puis il cède la place au Quatuor Béla, pour qu’il parcoure les partitions du disciple de Liszt et de Brahms qui fait aujourd’hui figure de pionnier des musiques du monde.
Enfin, Camel Zekri revient flanqué de deux guitaristes, Serge Teyssot-Gay et Olivier Benoît, et du saxophoniste hongrois Akosh S., pour improviser une relecture contemporaine des rythmes premiers.
Les mélodies de l’oasis rebondissent ainsi d’une rive à l’autre et traversent les époques, affichant au passage une insolente jeunesse, signe d’immortalité.
Camel Zekri, compositeur, musicien et improvisateur
D’origine algérienne, Camel Zekri a entrepris depuis plusieurs années la réunion de deux mondes, celui des musiques improvisées où il est actif en France, et celui de ses racines, l’Afrique et les musiques traditionnelles. Né le 15 novembre 1962 à Paris, le guitariste est, à ses débuts, un adepte des chemins de traverse : adolescent, il apprend en autodidacte la guitare électrique pour entrer dans des formations rock, puis étudie la guitare classique (premier prix de conservatoire), se passionne pour le jazz contemporain (John McLaughlin, Anthony Braxton…), et s’engage dans plusieurs années de musique antillaise (il enregistre notamment avec Dédé Saint-Prix).
La rencontre du clarinettiste Xavier Charles à la fin des années 1980 est décisive : ils forment le quartet Dicotylédone, premier ensemble ancré dans l’improvisation. De l’héritage familial du Diwan, cérémonie mystique dirigée par son grand-père maternel à Biskra, Camel Zekri reste distant. Un voyage au Niger en 1992 sera le déclencheur : à l’écoute de musiciens traditionnels, il développe un jeu davantage basé sur l’ornementation (qu’il transcrira par la suite dans l’harmonisation et les traitements sonores), et apprend le oud. Parallèlement, il s’inscrit au sein des musiques improvisées dans la continuité d’aînés tels Derek Bailey ou Keith Rowe, affranchissant l’instrument des notions traditionnelles de rythme et d’harmonie, usant de la guitare préparée. Au cours des années 1990, il rejoint Denis Colin et Les Arpenteurs, le grand orchestre Système Friche de Xavier Charles et Jacques Di Donato, ou co-fonde le quatuor de guitares Misères et Cordes avec Pascal Battus, Emmanuel Petit et Dominique Répécaud. Camel Zekri privilégie les petits ensembles d’improvisation libre, où la dimension expérimentale se nourrit d’un sens rituel de l’écoute, propice à la magie des textures.
C’est grâce au Festival de l’eau en 1996 qu’il entreprend un premier métissage des cultures, avec la rencontre d’artistes européens et africains initiées le long du fleuve Niger : « Improvisation, tradition, leur point commun, c’est la spiritualité qui les entoure », dit-il.
Camel Zekri revient alors vers le Diwan de Biskra (dont il a enregistré une cérémonie pour le label Ocora), en proposant à partir du répertoire traditionnel de nouveaux espaces de dialogue : sont invités des musiciens gnaouas, l’Algérienne Hasna El Becharia et le Marocain Mahmoud Gania, ou encore le chanteur basque Benat Achiary. Il poursuit aujourd’hui cette démarche avec Le Cercle, où sont réunies musiques orientales (chant soufi), africaines (tambours, quarkabous…) et européennes (notamment le saxophone de Daunik Lazro et la guitare de Dominique Répécaud). En 2003, il signe un album solo Venus Hottentote qui s’entend comme un recueil de nouvelles sonores, où le lyrisme mélodique se mêle à l’incandescence d’effusions électriques. Une nouvelle plénitude dans son jeu, signe de l’aboutissement d’un regard introspectif sur ses racines : « Mes images intérieures, ce sont les grands espaces de l’Algérie, ce sont eux qui m’inspirent les silences, une sorte de contemplation ». Une mémoire réflexive qui induit ce parcours de défricheur, à la fois judicieusement transversal et d’une grande intégrité.
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- Concert le vendredi 6 mars à 20:00 à l'Auditorium, de l'Institut du monde arabe, dans le cadre du Festival Arabofolies
Avec l’Ensemble traditionnel de Biskra, le quatuor Béla et le quatuor SOAC.
Ce concert n’est pas seulement un voyage de la Hongrie au Sud algérien, il dessine également une trajectoire historique, des musiques traditionnelles aux plus innovantes via les prémisses de la modernisation du classicisme européen, telle qu’initiée par Béla Bartók.
En 1913, Béla Bartók entreprend un voyage aux portes du désert, dans la cité oasis de Biskra ; il a emporté avec lui un phonographe Edison et des dizaines de rouleaux vierges afin d’enregistrer les performances d’ensembles populaires de la région. C’est à partir de ces extraits centenaires que l’Ensemble traditionnel de Biskra a recomposé un programme constitué de chants de confréries et de chants festifs, tels que les jouaient leurs ancêtres.
De retour en Europe, Bartók, inspiré par ses trouvailles algériennes, écrit plusieurs pièces dont le quatuor à cordes no 2 op. 17, que s’approprie le Quatuor Béla au milieu de ce concert. Enfin, c’est un ensemble extrapolant la démarche de Bartók jusqu’à l’avant-garde contemporaine qui clôt la soirée : le quatuor SOAC, dont les improvisations prolongent l’esprit des traditions de Biskra et celui de la musique de Bartók jusqu’aux portes du futur. SOAC est l’acronyme des prénoms des musiciens voyageurs de l’ensemble : le maître de la guitare rock française Serge Teyssot-Gay ; le guitariste Olivier Benoît, ancien directeur de l’Orchestre national de jazz (2014-2018) et actuel directeur de l’orchestre La Pieuvre ; Akosh S., saxophoniste hongrois inventif, célébré à la tête de son quintet Unit ; et Camel Zekri, membre de la confrérie des musiciens de Biskra, producteur très demandé et figure des musiques improvisées.
Dans la discothèque d'Ocora
Programmation musicale
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