Ben Sidran opte pour le piano

• Ben Sidran invité de Alex Dutilh
• 10 CD à gagner en répondant correctement à la question posée par Alex Dutilh. Envoyez un mail à openjazz.jeu@radiofrance.com et laissez vos nom, prénom et adresse postale COMPLETE. 1 CD à gagner pour les 10 premières bonnes réponses. Bonne chance !

J’ai le titre de cet album (“Swing State”) parce qu’il décrit bien l’espace émotionnel dans lequel la musique vous plonge lorsqu’elle swingue. Cela ne vient pas de votre cerveau, cela vient de votre corps. De tous les rythmes que les gens ont toujours essayé de transcrire dans le jazz, le swing était la chose que vous vouliez établir pour que les gens se sentent bien.

• 3 invitations pour 2 à gagner pour le concert de André Manoukian et Elodie Frégé + Rhoda Scott Ladies All Stars le vendredi 27 mai à 21h au Parc des Expositions du Comminges à Saint Gaudens (31) dans le cadre du festival Jazz en Comminges. Envoyez un mail à openjazz.jeu@radiofrance.com et laissez vos nom et prénom. 3 invitations pour 2 pour les 3 premiers mails.
• 2 invitations pour 2 à gagner pour le concert de Louis Winsberg "Le Temps Réel" le vendredi 27 mai à 21h30 au Sunset à Paris (75). Envoyez un mail à openjazz.jeu@radiofrance.com et laissez vos nom et prénom. 2 invitations pour 2 pour les 2 premiers mails.
• 3 invitations pour 2 à gagner pour le concert du Healing Orchestra "Free Jazz for the People !" le samedi 28 mai à 21h au café de la MdP à la Fraternelle à Saint Claude (39). Envoyez un mail à openjazz.jeu@radiofrance.com et laissez vos nom et prénom. 3 invitations pour 2 pour les 3 premiers mails.

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“Swing State” est mon premier album instrumental. J’ai certes fait des instrumentaux par le passé mais il s’agit là de mon premier album en trio piano-contrebasse-batterie. Mes disques favoris quand j'étais tout jeune, c’était ceux d’Horace Silver, Bobby Timmons, Bud Powell et plus tard de Sonny Clark. Le piano, dans la configuration du trio, était le format qui me plaisait le plus. Et donc aujourd’hui, soixante ans plus tard, je voulais vivre ce que ces musiciens ressentaient à cette époque lorsqu’ils jouaient dans ce type de formation. Je sais que je ne peux pas jouer comme eux, mais je peux en revanche me sentir comme eux. C’est ce que j’appelle donc le swing state.

Pour le répertoire de cet album, j’avais initialement pensé à réinterpréter quelques-uns des thèmes que je préférais dans le bebop des années 50. À partir de là, j’ai commencé à me pencher sur un répertoire plus ancien pour, finalement, choisir principalement des chansons des années 30. Et d’ailleurs, je me rends compte aujourd’hui que ce sont ces mêmes chansons que j’ai jouées en premier quand j’ai commencé à jouer du piano quand j’étais tout jeune.

J’avais un “Fake Book” (un recueil illégal de partitions) qui m’avait été donné par un ami de mon père, un pianiste qui avait travaillé dans les années 30. Et c’est donc avec les mélodies et chansons de cette époque, comme Tuxedo Junction, Lullaby Of The Leaves et Over The Rainbow, que j’ai commencé à jouer du piano. Je n’avais pas réellement conscience de cela quand j’ai enregistré “Swing State'' mais à posteriori, je constate que les raisons qui m'ont conduites à faire le choix de ce répertoire sont en définitive très profondes.

J’ai le titre de cet album (“Swing State”) parce qu’il décrit bien l’espace émotionnel dans lequel la musique vous plonge lorsqu’elle swingue. Cela ne vient pas de votre cerveau, cela vient de votre corps. De tous les rythmes que les gens ont toujours essayé de transcrire dans le Jazz, le swing était la chose que vous vouliez établir pour que les gens se sentent bien. La première fois que j’ai ressenti ça, j’avais 6 ou 7 ans alors que j’écoutais un disque de Jimmy Forrest qui s’appelait “Night Train”.

Ça m’a fait flipper ! J’ai entendu ce disque alors que j’étais à un cours de dessin où les professeurs ont joué cette chanson en nous demandant de dessiner ce que cela nous évoquait. Je ne me souviens pas de mon dessin, mais je me souviens avoir couru dans la pièce. Je n’avais jamais ressenti cela auparavant. Ça a déclenché quelque chose en moi qui, après toutes ces années, est toujours là, présent.

En tant qu’êtres humains, nous avons tendance à nous serrer les coudes. C’est une sorte de réflexe de combat ou de fuite quand on se sent menacé. Parfois il suffit cependant de se détendre et de lâcher prise. En ces temps troublés, cela a été un véritable défi. Mais c’est ce que j’ai essayé de faire au cours de ces deux dernières années en me concentrant sur ce que j’avais ressenti de meilleur depuis mes jeunes années. Par exemple, je me suis toujours dit que quand j’aurais atteint un certain âge, je prendrais enfin le temps de lire tous ces grands livres que je faisais semblant de lire quand j’étais à l’université. Cet album, c’est un peu ça : faire un disque en trio rempli des chansons de mon enfance.

Je n’aurais pas pu faire cet album sans Billy Peterson à la contrebasse et Leo Sidran à la batterie. Nous avons tellement joué tous les trois ensemble au cours des dernières décennies que nous n’avons pas besoin de nous parler. La musique jaillit d’elle-même et ensemble naturellement. Nous sommes entrés dans le studio, sans aucun travail d’arrangement préalable et en 10 à 15 minutes, nous avons trouvé la juste manière de jouer ensemble. Cela s’est fait naturellement, authentiquement et rapidement. Et cela reflète vraiment ce que je suis en ce moment. Ce n’est pas seulement une idée qui s’est concrétisée, c’est aussi une bonne chose de faite.

Ben Sidran, Février 2022

(extrait du communiqué de presse)