Parution du premier album du duo formé par le pianiste Bojan Z et le saxophoniste Julien Lourau, sur le label Two Birds One Stone.
Au sommaire aujourd'hui
► Bojan Z et Julien Lourau
à la Une
► Jazz au Trésor : Sallie Blair - Complete Albums and Singles, 1957-62
► Jazz Agenda :
- 3 invitations pour 2 pour le concert de **Endless ** jeudi 3 décembre à 20h30 à l' Espace Croix-Baragnon de Toulouse.
Cliquez sur "contactez-nous " et laissez vos nom et prénom. Une invitation pour 2 personnes pour les 3 premiers mails.
► Jazz Culture : Race Records, Black Rock Music Forbidden on U.S. Radio 1942-1955
► TOUS LES TITRES DIFFUSES SONT EN BAS DE PAGE A LA RUBRIQUE "PROGRAMMATION MUSICALE" Bojan Z et Julien Lourau
► Retrouvez le duo vendredi 4 décembre dans la session musicale de la Matinale Culturelle de Vincent Josse sur France Musique, à partir de 8h30 !
Bojan Z et Julien Lourau, c’est une vieille histoire, commencée au siècle dernier.* « La première fois, c’était au Sunset, en 1989. J’avais 21 ans, lui 18. Il arrivait d’un concert de rockabilly, j’ai tout de suite été impressionné par son son »*, se souvient le pianiste qui ce jour-là repris à sa main The Peacocks de Jimmy Rowles. « Bojan avait une grande facilité à jouer les standards. D’ailleurs c’est sur ce répertoire que nous avons commencé à jouer ensemble. Des vieux trucs mais aussi des compositions plus modernes… », reprend le saxophoniste.
Entre eux, cela sonne comme une évidence :* « On était de la même génération, on partageait le même intérêt pour l'histoire du jazz et son actualité, et on avait surtout envie d’écrire notre propre partition. »* Ils entendent déjà étendre le champs d’investigation du jazz, labourant aussi bien les terres fertiles des musiques balkaniques que défrichant des territoires sonores plus électriques, avec la fulgurante Trash Corporation.* « Le déclic s’est produit en répétition lorsque Bojan commença à jouer des morceaux du pays pendant les pauses. J’ai tout de suite été attiré par ce rapport à la musique traditionnelle dont nous avons été coupé en France. Une musique qui prend sa place dans la vie quotidienne, une musique désacralisée dont on peut se jouer. Bojan a apporté l'humour dans ses bagages. »*
Très vite, ils vont se distinguer parmi une prodigieuse génération : tous deux lauréats du prestigieux Concours de La Défense, les solistes se sont depuis démultipliés, menant de front une carrière en leader sans renoncer à des prises de participation dans bien des projets amis. À commencer par s’inviter dès que possible. En 1999, sur « Koreni », le pianiste réalise un superbe duo avec le saxophoniste. Deux ans plus tard, Julien Lourau l’invite au tabouret pour « The Rise ». Entre eux, le même désir de fréquenter les chemins de traverse, de creuser un sillon singulier.* « Julien est un voyageur, qui n'a pas peur des nouvelles rencontres, de l'inconnu, et c'est ainsi qu'il a progressé. »* Pareil compliment pourrait résumer le parcours de Bojan. Pas de doute, à les écouter, à les entendre tout autant, ces deux-là forment une complice paire de complémentaire pour qui le jazz est avant tout une histoire de vibrations.
C’est cela dont parle ce duo, vingt-cinq ans et bien des ébats plus tard. Une formule qu’ils ont l’heur et le loisir de tester maintes fois sur scène. Des rendez-vous intimes, guettés par les amateurs. Jusqu’à la salle Pleyel, en mai 2009, où ils conclurent en tête à tête, une soirée dédiée à leurs projets respectifs. « Vous n'êtes pas dans une lutte d'ego mais plutôt dans l'entraide. », confia ce soir-là le tromboniste Josh Roseman à Julien Lourau. Ce soir-là, c’était comme une espèce de consécration d’une amitié. Ils reprendront la formule au printemps suivant pour Banlieues Bleues, achevant d’attiser le désir de pouvoir les écouter sur disque. C’est chose faite. Ou plutôt fêtée par leur communauté, celle qu’ils ont sollicitée lors d’une campagne sur Ulule.
« Ce duo est l’expression la plus évidente de notre longue amitié. Tout ce temps passé, au-delà et avec la musique, s’entend dans ce format : le discours, l'écoute et l'échange d'idées y sont très fluides. Le but étant quand même toujours de se surpasser et surprendre l'autre… Ce qui nous réussit souvent. » Bojan Z ne croyait pas si bien prédire, dès 2007. Et rien de mieux que le cadre du direct pour graver ces instantanés. Trois jours au Triton, le club des Lilas, dix-sept ans après leur toute première fois, au Pannonica de Nantes. « La présence du public permet de ne pas rester en couple. C’est nous qui devons envoyer une énergie vers une tierce personne. D’ailleurs, les essais en studio n’ont pas été très concluants. La scène, c’est quand même notre manière de fonctionner depuis des années », insiste Julien Lourau. Pas de doute, le face à face, sans faux semblants, demeure le théâtre idoine de leurs intimes confessions, ultimes convictions.
Pour s’y préparer, ils ont profité d’une résidence à la fondation Hartung, à Antibes, histoire d’ajouter de nouvelles graines (Seeds, une pièce plus climatique rapportée par Bojan Z) au répertoire ajusté au fil des années. Celui qui a fait l’identité de cette entité aux contours esthétiques résolument ouverts. Roumgrois, Fuzzlija et Bulgarska, les titres laissent déjà entendre ce qui se trame dans cette libre conversation improvisée qui se joue des oeillères, qui transgressent les frontières fixées par les gardiens du temple. Et en avant la musique… **L’un à l’écoute de l’autre, l’autre a l’oreille de l’un, le geste du piano en écho du souffle du saxophone, et ainsi de suite. ** L’enjeu dépasse toute histoire d’ego. Une intro solo, sur le ton de la confidence, sert de rampe de lancement d’une furia sonore, un long chorus fait écho à de douces volutes. Le fantôme de Ravel hante quelques pièces, l’ombre de Shorter plane, mais aussi, ici et là, l’art du bruit des rétro-futuristes. Le clavier presque beuglé, comme une fanfare d’ébène, comme un orchestre de cordes violentées, fait corps à coeur avec le sax furibard, funky ou free, selon l’humeur. Ils se percutent, se frôlent, s’enlacent. Physique, on ne peut plus physique. Limite art brut. Jamais brutal. Juste de l’amitié pure. Et dure. Et plus si affinités. Non sans rire…
C’est cela que célèbre ce disque, moins de cinquante minutes qui racontent un quart de siècle. L’essence, pas une note, juste celles qu’il faut. Un premier disque, ce n’est pas rien. Et celui-là compte double, puisqu’il est l’acte fondateur d’un nouveau label. Two Birds One Stone. « D’une pierre, deux coups. » Il était temps.* « Franchement on s’est longtemps accordé le luxe de ne pas le faire, car on jouait régulièrement, sans se prendre la tête. Sans avoir à défendre un disque, et sa tournée. Ce qui implique une logique trop mécanique. Au risque de s’épuiser. »* Alors voilà, l’absence est comblée, et nous voici comblés.* « Alors voilà maintenant on va être obligés de continuer. »* Rendez-vous est pris pour une suite, sous forme d’un EP vinyle, qui laisse deviner, au fil du sillon, de nouvelles pistes à creuser. Ce n’est qu’un début, poursuivons les ébats.
Où écouter Bojan Z et Julien Lourau
- le jeudi 3 décembre à 21h au New Morning à Paris
- les jeudi 21, vendredi 22 et samedi 23 janvier 2016 à 20h45 au Jazz Club de Dunkerque
- le samedi 13 février à 20h30 à la Cave Dimière à Argenteuil
L'équipe
- Production
- Collaboration