Florian Favre, la quête d'identité

• Florian Favre invité de Alex Dutilh
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Né et grandi à Fribourg, c’est à Berne que Florian Favre fait ses études et fonde son Trio en 2011. Après avoir enregistré huit disques en tant que leader, en solo, duo, trio et quintet, ces derniers temps, il se consacrait à son projet “Néology”, dans lequel il devient rappeur / slameur et ajoute deux souffleurs et un guitariste à son trio. À l'été 2019, Florian Favre est retourné vivre à Fribourg, plus précisément dans une petite banlieue à une vingtaine de minutes de la ville. Puis le sextet et le trio avec lesquels il faisait de nombreux concerts ont été brusquement contrariés par la pandémie et il ne fut plus question de voyager. Soudain, Florian Favre s'est retrouvé confronté à lui-même. "Bientôt la question de savoir qui et ce que je suis réellement s'est imposée à moi lorsque je ne pouvais plus faire ce que je faisais habituellement." La réflexion sur sa propre identité a donné lieu à de nouvelles compositions, mais surtout à un engagement plus profond avec sa propre histoire, qui se concrétise finalement en un album solo le second après “Dernière danse” paru en 2014.

Une vidéo spectaculaire, tournée sur le lac de Gruyère, dans laquelle il interprète à sa façon un thème populaire Adyu mon bi payi  montre son enchantement à la découverte des musiques du patrimoine de sa région. " Après le tournage de la vidéo, j'ai commencé à chercher d'autres morceaux que j'avais l'habitude d'entendre dans des versions chorales». Il trouve en particulier des musiques chez le compositeur Joseph Bovet, maître de chapelle, qui aurait écrit plus de 2000 pièces profanes ou sacrées. Parmi elles, la chanson Le vieux chalet, connue dans le monde entier. 

“Pour l'essentiel, cette musique "traditionnelle" est encore relativement jeune", explique Florian Favre. "Les pièces de Bovet sont très populaires, même si elles ne passent pas à la télévision ou à la radio. Elles font partie de notre mémoire collective et de cette tradition chorale particulière que nous avons dans le canton de Fribourg. Ici, il y a une chorale dans presque chaque village où les gens chantent ces mêmes chansons. » Il a adapté ces pièces, les a interprétées à sa façon, mêlant des improvisations à leur trame musicale et a naturellement conservé les titres originaux, dont certains étaient écrits en patois, le dialecte de la région de Fribourg.

Dans ses propres compositions, Florian Favre reprend certains aspects de la vie traditionnelle, parfois avec un regard critique. Don't Burn The Wich, en 5/8, dénonce cette attitude rurale qui consiste à condamner quelqu'un qui semble se comporter différemment. 

“ On parle vite des gens qui sont différents visuellement ou en raison de leurs opinions, ils sont assez vite discriminés. Quand j'ai écrit cette pièce, j'ai pensé à une personne qui danse de façon complètement libre, j'ai voulu en faire une sorte de célébration. Un hommage au mode de vie traditionnel, en revanche, se trouve dans Our Cowboy.  Le cow-boy, cliché des westerns américains, possède une côte exotique assez élevée ; ma pièce est un hommage aux gens simples, les gardiens de troupeaux de vaches, des personnes qui accomplissent leur travail modestement et sans trop d'histoires “.

Depuis quelques années, Florian Favre explore les possibilités de son instrument de façon à produire des sons plus percussifs en le "préparant". Pour les pièces comme Nouthra Dona di Maortsè et The dzodzet, il utilise une boîte de trombones collée à un dictionnaire d'espagnol pour créer un son légèrement claquant, semblable à celui d'une caisse claire. Dans la danse Don't burn the witch, Florian Favre utilise les sourdines de la boîte à outils de l'accordeur de piano pour arrêter les notes de basses. Il crée ainsi des motifs secs, staccato, répétitifs et un soupçon de grosse caisse. 

Comment le dernier titre de l'album, la chanson I've Got You Under My Skin de Cole Porter s'inscrit-il dans son répertoire ? "Ce folklore que je revisite, je le porte à même la peau, que je le veuille ou non...cette pièce était l'occasion rêvée pour une déclaration d'amour ! "

« L’une des grandes vertus de son jazz, c’est qu’il ne s’écoute pas forcément au coin du feu. Il est embrasement. Il est pop. Il ne s’excuse pas de son exigence et n’assène pas non plus son bon goût. Il est à l’image du jazz romand que l’on aime. Éruptif » Arnaud Robert / Le Temps

Biographie

Né en 1986 à Fribourg, Florian Favre était tout d’abord parti pour devenir un footballeur professionnel. Aujourd’hui il est pianiste, compositeur et leader confirmé, et vient de débuter un deuxième master en pédagogie à la haute école de Lausanne (HEMU).

Après une brève expérience dans le monde du piano classique dès 8 ans, il commence à étudier le jazz au Conservatoire de Fribourg avec Richard Pizzorno. Il sort diplômé en 2007 avec les félicitations du jury. Il entre la même année à la haute école des arts de Berne et étudie avec Andy Scherrer, Bert Joris, Frank Sikora, Patrice Moret, William Evans, Dejan Terzic, Colin Vallon, Andreas Scherrer, et Thierry Lang. Il reçoit son Bachelor en Art ainsi que la bourse Friedelwald en 2010, et poursuit dans la même école avec un Master en composition et théorie auprès de Django Bates et Dieter Amman, master qu’il termine en 2014.

Il est leader du Florian Favre Trio, avec lequel il a enregistré trois albums, mène à bien d’autres projets artistiques comme le groupe Néology (sextet dans lequel il se mue en pianiste-slammeur), ou encore son projet solo. Son éclectisme et son ouverture l’amènent à jouer avec des artistes de renoms issus tant de la scène Jazz que de la scène pop et hip-hop : on y croise à la fois des collaborations avec les New York Voices, Joshua Redman, Scott Robinson, Ann Malcolm et Sandy Patton, mais également avec des musiciens comme Stefan Eicher, Kutti MC, Ella Ronen, Pamela Mendez, Bühne Huber, Fanny Leeb. En tant que compositeur, Il écrit des musiques pour grandes formations de jazz, pour la danse et le théâtre.

Il est récompensé par le « Biberach Jazz Prize » en 2010 en Allemagne, remporte l’International Jazzhaus Competition à Freibourg (Allemagne), est demi-finaliste au Concours de Piano Solo à Montreux en 2013 et rafle tous les prix de la « Bejazz international Competition », en Belgique en 2016. En 2018 il reçoit la bourse de mobilité du canton de Fribourg qui lui permet de séjourner et développer ses projets musicaux à New York et à la Nouvelle-Orléans.

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Où écouter Florian Favre

• A Paris (75) mardi 08 février à 19h30 au Sunside pour la parution de "Idantitâ"

Florian Favre (piano)