

Un geste d’épure, une attention à l’essentiel, aux mélodies puissantes : avec “Eye of I”, qui sort chez Anti-, la nouvelle coqueluche du saxophone ténor, James Brandon Lewis, remet en jeu son titre d’album de l’année de 2021. Coup de maître.
- James Brandon Lewis à la Une
- 3 invitations pour 2 à gagner pour le concert de Lisa Cat-Berro dimanche 05 février à 17h à l'Arthemuse à Briec (29) avec les Aprèm’ Jazz. Cliquez sur " contacter l'émission " et laissez vos nom et prénom. 1 invitation pour 2 pour les 3 premiers mails.
- 3 invitations pour 2 à gagner pour le concert de Cédric Hanriot lundi 06 février à 21h au Studio de l’Ermitage à Paris (75). Cliquez sur " contacter l'émission " et laissez vos nom et prénom. 1 invitation pour 2 pour les 3 premiers mails.
- 2 invitatoins pour 2 à gagner pour le concert de Laura Prince mardi 07 février à 20h30 au Cheval Blanc de Schiltigheim (67). Cliquez sur " contacter l'émission " et laissez vos nom et prénom. 1 invitation pour 2 pour les 2 premiers mails.

En 2021, le saxophoniste et compositeur James Brandon Lewis a fait une percée dans sa carrière avec son dixième album, “The Jesup Wagon”. Inspiré par les efforts d'éducation agricole de l'inventeur George Washington Carver. Une réalisation qui a été saluée par la critique pour sa mosaïque onirique de gospel, de folk-blues et de fanfares catapultantes. Il a été nommé “album de l'année” par Jazz Times et Downbeat et par de nombreux magazines de jazz internationaux, et a fait de James Brandon Lewis l'un des jazzmen les plus singuliers de sa génération.
En cours de route, James Brandon Lewis a attiré l'attention de nombreux artistes improvisateurs, notamment le saxophoniste et légende du jazz Sonny Rollins, qui ne fait pas souvent d'éloges. Touché par le son profond et spirituel de James Brandon Lewis, Sonny Rollins a déclaré : "Quand je t'écoute, j'écoute Bouddha, j'écoute Confucius... j'écoute le sens profond de la vie. Tu maintiens l'équilibre du monde." 👇
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Après que les louanges se soient tues, James Brandon Lewis a inévitablement commencé à penser à la prochaine étape. C'était au moment des derniers instants de la panique pandémique, et il savait qu’avant tout, il avait envie de jouer. Il savait aussi qu'il n'avait pas envie d'entreprendre un autre projet de recherche extra-musicale comme pour “The Jesup Wagon”. Il prit le temps de ruminer les dix années qu'il avait passées en tant que musicien à New York, et les expériences qu'il avait vécues à la tête de ses propres groupes tout en saisissant les occasions de se mêler aux groupes de punk, aux MC de hip-hop et aux titans du free jazz. Il a pensé aux moments où il s'est senti le plus vivant. Ils avaient une caractéristique en commun : ce n'était pas des exercices cérébraux dans la lourdeur du concept. Ils se produisaient lorsqu'il était détendu, dans l'instant, mu par un simple instinct viscéral.
"Je suis issu de la génération qui est allée à l'école pour apprendre la musique", déclare James Brandon Lewis, qui se décrit lui-même comme un chercheur et une vieille âme de 39 ans, qui a fait ses études de premier cycle à l'université Howard de Washington DC et obtenu sa maîtrise à Cal Arts, où il a étudié notamment avec Charlie Haden. "Ce qui se passe dans cet environnement, c'est que tout devient excessivement compliqué. [Après “Jesup Wagon”], j'ai pris conscience que j'avais tendance à rester coincé dans ma tête. J'ai commencé à réfléchir à l'importance de sortir de ces schémas de pensée scolaires. À ce stade, j'ai une sorte d'intuition expérimentée, pour savoir où les choses sont censées aller. J'ai commencé à remettre tout cela en question, et plus je le faisais, plus j'étais obsédé par les choses simples, les bases."
James Brandon Lewis s'est alors lancé dans ce qui est devenu une remise en cause complète et revitalisante de son sac à malices artistiques. Il a éliminé les complexités de la composition, se concentrant sur des mélodies fortes et faciles à chanter. Il a exploré des thèmes de chansons folkloriques comme ceux qu'il a interprétés avec Marc Ribot sur l'émouvant “Songs of Resistance 1942-2018”, qui l'a fait connaître à des musiciens extérieurs au monde du jazz. (Marc Ribot, un admirateur de longue date, a plaidé pour que le label ANTI- signe James Brandon Lewis, son message décrivant Lewis comme un gardien de l'héritage de John Coltrane : "Les solos de James Brandon Lewis sont comme un jumbo jet - vous devez leur donner beaucoup d'espace sur la piste pour décoller et atterrir").
Puis James Brandon Lewis a médité sur la configuration instrumentale la mieux adaptée pour mettre en lumière ses nouvelles idées. Plutôt que d'écrire pour un grand groupe, ou même une section de cuivres, il s'est orienté vers un trio non conventionnel : saxophone ténor, violoncelle électrique et batterie. Et il a troqué les manifestes esthétiques qu'il avait joints aux albums précédents (voir “An Unruly Manifesto”) pour un simple credo punk-band-in-the-basement : traquer l'énergie. Par-dessus tout.
Ce processus de dépouillement a mené directement à “Eye of I”, le premier album chez 'Anti- Records de James Brandon Lewis. Vivifiant, parfois obsédant et d'une diversité saisissante. C'est un disque vivant avec les contrastes de la vie quotidienne aux États-Unis vers 2022 : dissonant une minute, gracieux et profond l'instant d'après ; animé par la colère et la dispute ainsi que par la possibilité de résolution ; donnant un espace égal pour les expressions de foi inébranlable et la concentration sauvage spontanée.
" Ce qui m'intéresse, c'est la danse ", explique James Brandon Lewis, qui attribue au mentorat à long terme du pianiste Matthew Shipp le mérite d'avoir élargi sa conscience des aspects tacites de la conversation musicale. "C'est une dynamique fondamentale - je prends un peu, tu donnes un peu, nous interagissons, maintenant nous avons quelque chose, maintenant nous pouvons aller quelque part". Il ajoute que le "power trio" de “Eye of I” - Chris Hoffman au violoncelle et Max Jaffe à la batterie - est particulièrement doué pour ce genre d'échanges : "La première fois que nous avons joué, les choses ont tout de suite décollé. Tout ce que fait ce groupe est frais."
“Eye of I” s'ouvre sur 44 secondes d'un groove graveleux, de haute voltige, une ouverture qui pulvérise l'oreille, conçue pour nettoyer toute trace d'ordinaire de la palette. A partir de là, James Brandon Lewis offre une reprise recueillie de Someday We'll All Be Free de Donnie Hathaway, puis le premier de ses originaux désarmants et addictifs, The Blues Still Blossoms.
Bien que marqué par l'intervalle primordial du blues en tierce bémol, il s'agit plus d'une incantation que d'un blues. Comme l'explique James Brandon Lewis, il a cherché à éviter toute trace du blues tel qu'il est compris par les universitaires. "*Je pensais à des kilomètres de champs bleus, c'était l’image dans mon esprit. Je voulais un blues qui sonne comme s'il flottait et ne finissait jamais. Et aussi neuf, rafraîchissant. Le morceau est construit sur un phrasé semblable à un mot - je ne pense pas du tout au temps… C'est comme une promenade pour respirer, ou une conversation. C'est le blues d’après une dure journée de travail - ça n'a rien à voir avec la structure formelle du blues. C'est plutôt : "*OK, donc, maintenant que la temporalité de la journée de travail est terminée, qu'est-ce que tu as envie de dire ?"
Cet air et le méditatif Within You Are Answers sont remarquables pour leurs thèmes solides, amples et narratifs. Ils n'ont pas grand-chose en commun avec les compositions complexes et labyrinthiques du jazz contemporain - et c'est intentionnel. Lewis se souvient que, dès ses premières expériences musicales à Buffalo, dans l'État de New York, il a su, de manière innée, qu'il avait une aptitude particulière pour la mélodie.
"Je suis allé dans un lycée d'arts du spectacle où il était obligatoire, dès la cinquième ou la sixième année, de faire partie de la chorale. J'ai donc appris à chanter, à utiliser ma voix. Cela m'a permis d'être attentif à la mélodie, et aussi à la qualité émotionnelle de la musique, à la façon dont une mélodie peut vous faire ressentir quelque chose." James Brandon Lewis a commencé à jouer de la clarinette à l'âge de 9 ans, et se souvient avoir appris les mélodies à l'oreille, de mémoire. "Quand le film “Mr. Holland’s Opus” est sorti, j'ai tout simplement adoré, et je me souviens encore de cette mélodie que le clarinettiste essayait d'apprendre. J'avais 12 ans. Mais je peux encore la chanter - elle a été gravée dans mon esprit toute ma vie."
L'identité mélodique de James Brandon Lewis englobe l'ancien et le futur, l'intérieur et l'extérieur, la densité et l'ouverture, l'église et la rue. C'est un maître du motif court et contagieux et, comme Sonny Rollins, il consacre de longs moments de son improvisation à l'étirement, la réfraction et la mutation de phrases courtes. Fils de pasteur, James Brandon Lewis a grandi en jouant à l'église et en écoutant les titans du jazz à la maison, puis, en grandissant, en rencontrant des artistes de Buffalo comme le saxophoniste free Charles Gayle ou Grover Washington Jr., à l'esprit groove. Après avoir déménagé à New York, Lewis a poursuivi la musique dans de nombreuses voies différentes, jouant régulièrement avec les bassistes William Parker et Jamaaladeen Tacuma du Prime Time band d'Ornette Coleman, ainsi qu'avec le tromboniste Craig Harris et bien d'autres.
James Brandon Lewis a fait ses débuts en tant que leader en 2010 et a presque immédiatement commencé à attirer l'attention des médias. "Il n'y a pas de raccourci facile pour décrire le mode opératoire musical de James Brandon Lewis", a observé Rolling Stone. "Dès ses premiers albums, le saxophoniste a su trouver l’équilibre entre une spiritualité profonde, inspirée du gospel, et un abandon free-jazz, tout en maintenant des fondations funk-meets-hip-hop percutantes.”
James Brandon Lewis écrit au piano, pas au saxophone ténor, et dit que sur ce projet, il s'est retrouvé à penser de manière cinématographique après une conversation qu'il a eue avec le saxophoniste et compositeur Henry Threadgill. "Il m'a fait penser au premier plan, au second plan et à l'arrière-plan, comme dans une scène de film", explique-t-il. "Je ne me considère pas comme un musicien free", précise-t-il. Il ajoute que pour faire ressortir encore plus ses thèmes, il n'a pas inclus de symboles d'accords conventionnels ni d'indications harmoniques sur ses grilles. "Je n'écris pas d'accords sur ma musique. J'en suis à un point où je n'aime pas le poids d'une harmonie complexe. Il y a davantage de couleurs disponibles lorsque les choses sont ouvertes. Je pense que c'est pour cela que ma musique a un certain impact, parce que j'encourage les autres musiciens à explorer et à faire ressortir les harmonies qui résonnent pour eux."
En résultat de cela, “Eye of I” traverse un éventail de styles musicaux et d'ambiances, de Donnie Hathaway à Cecil Taylor, en passant par le gospel plaintif Even The Sparrow et l'hymne final Fear Not, une collaboration avec le groupe post punk The Messthetics, qui compte des membres de Fugazi. Cette collaboration de dernière minute, après que le reste de “Eye of I” ait été enregistré. James Brandon Lewis reconnaît que son trio l'a préparé à l'interactivité des Messthetics. "Instantanément, il s'agissait d’interaction. Le trio est centré sur les idées d'espace et de renouveau - nous prenons une mélodie comme ligne de vie, et à partir de là, nous entrons dans une danse ludique entre le connu et l'inconnu. C'est aussi ce que font les Messthetics".
(extrait du communiqué de presse en anglais - traduction E. Lacaze / A. Dutilh)
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Programmation musicale
- 18h08
Someday We'll All Be Free (feat. Kirk Knuffke) James Brandon LewisSomeday We'll All Be Free (feat. Kirk Knuffke)Kay Conley. (Compositeur), Donny Hathaway. (Compositeur), Edward Howard. (Compositeur), James Brandon Lewis (saxophone ténor), Chris Hoffman (violoncelle), Max Jaffe (batterie), Kirk Knuffke (cornet)
Album Eye of I (2023)Label Anti Epitaph - 18h14
The Blues Still Blossoms James Brandon LewisThe Blues Still BlossomsJames Brandon Lewis. (Compositeur), James Brandon Lewis (saxophone ténor), Chris Hoffman (violoncelle), Max Jaffe (batterie)
Album Eye of I (2023)Label Anti Epitaph - 18h22
Drifting Mette HenrietteDriftingJohan Lindvall, Judith Hamann
Album Drifting (2023)Label ECM - 18h29
Picasso Coleman HawkinsPicassoColeman Hawkins. (Compositeur), Coleman Hawkins (saxophone ténor)
Album Body And Soul (2000)Label Dreyfus (FDM 36721-2) - 18h33
Les fleurs de sakura Lisa Cat-BerroLes fleurs de sakuraLisa Cat-Berro. (Compositeur), Lisa Cat-Berro (saxophone alto), Julien Omé (guitare), Stéphane Decolly (basse), Nicolas Larmignat (batterie)
Album Good Days Bad Days (2021)Label Gaya (601711) - 18h38
Water Cédric HanriotWaterCédric Hanriot. (Compositeur), Cédric Hanriot (piano), Bertrand Beruard (basse), Elie Martin-Charrière (batterie), Days (voix)
Album Time is Color (2022)Label Morphosis Arts (LMA001) - 18h43
Flying Until Laura PrinceFlying UntilLaura Prince. (Compositeur), Laura Prince (voix), Grégory Privat (piano), Zacharie Abraham (contrebasse), Tilo Bertholo (batterie), Inor Sotolongo (percussions), David Sonder.
Album Peace of Mine (2021)Label CQFD (CQFD33030) - 18h49
Incubation Chocho CannelleIncubationLéo Danais. (Compositeur), Léo Danais (batterie), Arthur Guyard (piano), Camille Heim (harpe électro-llanera), Timothé Renard (clarinette basse)
Album Libre à l'intérieur (2022)Label Autoproduction
L'équipe
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