Joey Alexander, pour ses 18 ans il se révèle compositeur

• Joey Alexander à la Une

"Pendant cette pandémie, je pense que la première chose à faire est de commencer par être plein d'espoir, ce qui est le thème principal d'”Origin”. Au lieu d'en faire une source de frustration, j'en ai fait la source d'inspiration pour m'exprimer en musique."

• 3 invitations pour 2 à gagner pour le concert de Anis Benhallak vendredi 20 mai à 20h30 au 360 Paris Music Factory à Paris (75). Envoyez un mail à openjazz.jeu@radiofrance.com et laissez vos nom et prénom. 1 invitation pour 2 pour les 3 premiers mails.

____________________________________________________________________________

Ce n'est pas une coïncidence si deux des titres de “Origin”, contiennent les mots "rise" et "rising". La racine latine du mot "origine" est "orire", qui signifie "s'élever", explique le musicien, qui s'est produit partout, de la Maison Blanche d'Obama au Grand Ole Opry, et a été nommé pour trois Grammy Awards.

Pour ce sixième album en tant que leader, le premier à contenir uniquement ses propres compositions, Joey Alexander a poussé son imagination sur de nouveaux terrains, se mettant au défi d'écrire de riches interactions mélodiques et harmoniques sans jamais abandonner l'engagement émotionnel qui a captivé les foules et catapulté ses albums au sommet des palmarès du jazz.

De retour en studio avec la section rythmique de son dernier album - ses collaborateurs de longue date Larry Grenadier (contrebasse) et Kendrick Scott (batterie) - ainsi que des invités de marque, Gilad Hekselman à la guitare et Chris Potter aux saxophones, Joey Alexander ajoute également de nouvelles couleurs instrumentales, jouant du Fender Rhodes pour la deuxième fois seulement sur disque (la première étant le single Salt de l'année dernière). Le pianiste privilégie le Rhodes pour son côté doux, contrastant par sa sonorité crémeuse avec les lignes percutantes de Chris Potter et Gilad Hekselman.

Les trois hommes font équipe sur le morceau asymétrique Winter Blues, qui entre dans la pièce avec une attitude 6/8 fluide et funky. “Pour être franc, je n'ai pas vraiment écrit Winter Blues pendant l'hiver”, confesse Joey Alexander. “En fait, c'était en été, à New York, mais je me souvenais de la morosité de l'hiver pendant la pandémie et je me suis demandé comment rendre la situation optimiste et pleine d'espoir.”

Les autres saisons ont également leur place. Le chaleureux et fluide Summer Rising, avec Gilad Hekselman qui se lance dans un nouveau tour de forceau-dessus du Rhodes de Joey Alexander, se déroule en 5/8. Le tendre et latin Dear Autumn, explique Joey Alexander, est destiné à rappeler aux auditeurs que l'automne n'est pas seulement la saison où les feuilles commencent à tomber, mais aussi le temps des récoltes. La sérénité poétique de Promise of Spring transmet également un sentiment d'espoir.

"Je ne suis pas vraiment adepte des activités de plein air, explique le pianiste, mais j'ai fini par comprendre comment les saisons nous affectent. Lorsque j'ai écrit Autumn, comme d'autres musiciens, je restais souvent à la maison, mais je me suis dit que c'était aussi une période où nous pouvions être plus productifs en tant que musiciens, où nous pouvions récolter. Lorsque nous passons l'hiver, le printemps donne de l'espoir aux gens avec la promesse d'un temps plus chaud. Puis, avec l'été, les choses se passent plutôt à l'extérieur et, où que vous soyez, si vous avez plus de soleil, vous êtes plus heureux, donc je pense que Summer Rising est certainement l'un de mes préférés sur l'album, et l'un des morceaux les plus difficiles - il s'agit de la façon dont l'été apporte un sentiment de joie."

Un autre morceau long et stimulant dans ”Origin”, On the Horizon, a été inspiré par une question posée à Joey Alexander : Qu'y a-t-il à l'horizon pour vous ? La pièce comporte un solo de saxophone soprano intense, ondulant et magnifiquement lyrique de Chris Potter, et Joey Alexander crée à nouveau un contraste avec son solo, en laissant beaucoup d'espace entre les notes. Cet espace fait écho à la dynamique de la conversation - la poussée et la traction de l'incertitude et la nécessité d'écouter avant de réagir - afin de tracer son chemin.

Non content de trouver de nouvelles formes, Joey Alexander s'aventure également dans deux improvisations très libres sur l'album. Rise Up est un délire joyeux et sauvage en 9/8, avec Gilad Hekselman et Chris Potter de retour sur le terrain, célébrant la libération extatique qui découle de la création spontanée. Le calme et contemplatif Angel Eyes, dont les auditeurs seront surpris d'apprendre qu'il a également été composé à la volée, est un clin d'œil reconnaissant à "toutes les personnes qui ont veillé sur moi, même dans les plus petites choses", déclare Joey Alexander.

La gratitude revient souvent lorsque Joey Alexander parle de sa carrière. Lorsqu'il a écrit la belle et simple chanson qui ouvre l'album, Remembering, il a pu réfléchir aux opportunités que les 8 dernières années lui ont apportées. "Beaucoup de moments extraordinaires se sont produits au cours de cette période, et c'est la première fois que j'ai pu faire une pause et apprécier tout cela. C'est alors que j'ai réalisé que la pandémie m'avait en fait aidé à être plus reconnaissant", dit-il.

Une grande partie de ”Origin” a été composée à New York, mais le flottement et l'hypnose de Midnight Waves proviennent d'un retour prolongé à Bali, où Joey Alexander a passé ses premières années. L'endroit où il logeait était près de la plage, si bien que la nuit, il pouvait entendre les vagues. Après sa vie trépidante à New York, l'immobilité et le calme qui régnaient là-bas étaient un changement de rythme bienvenu qui lui permettait de "faire une pause et de profiter du moment présent". Il espère que cette chanson encouragera les auditeurs à faire de même.

Joey Alexander termine “Origin” avec la ballade Hesitation, un autre morceau d'une longueur inhabituelle qui est aussi un peu un jeu de mots formel, avec sa progression non résolue. "Je l'ai fait exprès, oui", confirme-t-il. "La mélodie questionne : "Quelle est la suite ?" et la réponse est bien sûr : "Je ne sais pas". J'espère simplement que ma musique apportera une sorte de réconfort en ces temps troublés."
(extrait du communiqué de presse en anglais - C. Charbonnier/A. Dutilh)