John Coltrane, A Love Supreme et alcôves cachées

John Coltrane, A Love Supreme et alcôves cachées
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En Avant-Première, « A Love Supreme, Complete Masters » de John Coltrane qui paraît vendredi 27 novembre chez Impulse / Universal.

Photo - coffret John Coltrane A Love Supreme 603*380
Photo - coffret John Coltrane A Love Supreme 603*380

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9 décembre 1964. Cela fait des mois que John Coltrane a composé une suite, dans sa nouvelle maison de Long Island où il vient de s’installer avec Alice McLeod. Il est même bouleversé par ce qu’il vient de coucher sur le papier. C’est la première fois qu’il envisage une œuvre sous la forme d’une suite.

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Unité d’action, une œuvre en quatre mouvements, d’inspiration mystique (il ira même jusqu’à insérer un poème manuscrit sur la pochette intérieure de l’album) pour son quartet “classique” : McCoy Tyner au piano, Jimmy Garrison à la contrebasse, Elvin Jones à la batterie et lui-même au sax ténor et pour la première fois à la voix, psalmodiée.** Unité de lieu**, le studio de Rudy Van Gelder à Hackensack, sur l’autre rive de l’Hudson : le saxophoniste à gauche, debout, puis le batteur, puis le contrebassiste juché sur son tabouret et le pianiste à droite, offrant vue sur le clavier à Coltrane et Elvin.** Unité de temps**, la journée du 9 décembre 1964. Mais une seconde chance sera prise le lendemain, longtemps inédite, avec Archie Shepp en deuxième saxophoniste et Art Davis comme second contrebassiste (Coltrane renonçant finalement à son idée initiale de rajouter des percussions latines).

Paru en 1965 sous la référence Impulse AS-77, l’album serait un énorme succès et le pic de reconnaissance de Coltrane de son vivant (il disparaîtrait à l’été 1967). Pour l’anecdote, on se souviendra qu’il fut supplanté au Grammy Awards par le trio de Ramsey Lewis comme meilleure petite formation de jazz et par Jazz Suite on the Mass Texts de Lalo Schiffrin comme meilleure composition… Par contre le magazine Down Beat le salua comme meilleur album, meilleur sax ténor et meilleur jazzman de l’année !

“A Love Supreme” faisait suite à “Crescent”, lui même à un furieux “Live at Birdland” qui succédait aux très zen “Duke Ellington & John Coltrane” et “John Coltrane & Johnny Hartman”, eux-même précédés les “Live at The Village Vanguard” et du big band “Africa/Brass”. Autrement dit, **à chaque parution, Coltrane s’efforçait de déjouer les attentes et ne restait enfermé dans aucun cadre. ** Des traces de gospel, de blues, de musique indienne, un poème mystique que le saxophoniste récite littéralement dans son saxophone lors du quatrième mouvement, et cette étrange irruption de la voix pour psalmodier A Love Supreme à plusieurs reprises à la fin du premier mouvement : “A Love Supreme” ouvrait une nouvelle page.

La présente “The Complete Masters” édition, propose en un triple CD une intégrale des éléments conservés en dehors même de l’album initial. On y trouve ainsi les versions mono des 3ème et 4ème mouvements enregistrés le premier jour, Pursuance et* Psalm,* que Van Gelder avait confié à Coltrane pour qu’il puisse les réécouter avant la séance du lendemain. Également inédites, quelques prises non retenues de la voix de Coltrane scandant *** A Love Supreme** ;* une version de Psalm sans le doublage de Coltrane au sax alto qui fut la version retenue pour l’album d’origine ; les prises 3 à 6 du 1er mouvement, Acknowledgemen t, enregistrées avec Shepp le 10 décembre**, les 4 et 6 étant complètes, les deux autres constituant des faux départs.

Le troisième CD restitue l’intégrale du 26 juillet 1965 au festival d’Antibes, enregistré par Radio France, seul concert public au cours duquel Coltrane ait joué la suite en entier. Le lendemain, le quartet jouerait un programme complètement différent. Après l’édition de 2002 (”Deluxe Edition”), celle-ci offre donc de sérieux bonus, à commencer par le texte très documenté signé Ashley Kahn, auteur d’un livre sur le making of de “A Love Supreme”.

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