

En avant-première "Blue Maqams" de Anouar Brahem chez ECM / Universal.
Au sommaire aujourd'hui
- Anouar Brahem invitée d'Alex Dutilh
- 10 CD à gagner en répondant correctement à la question posée par Alex Dutilh. Cliquez sur "contactez-nous" et laissez vos nom, prénom et adresse postale. 1 CD pour les 10 premières bonnes réponses. Bonne chance !
- 3 invitations pour 2 à gagner pour le concert de Kamato / Grand Orchestre du Tricot mercredi 11 octobre à 20h30 à la salle Vitez de la Scène National d'Orléans (45). Cliquez sur "contactez-nous" et laissez vos nom et prénom. 1 invitation pour 2 pour les 3 premiers mails.
- 3 invitations pour 2 à gagner pour le concert de Roscoe Mitchell mercredi 11 octobre à 20h30 au Cabaret Vauban à Brest (29) dans le cadre de l'Atlantique Jazz Festival. Cliquez sur "contactez-nous" et laissez vos nom et prénom. 1 invitation pour 2 pour les 3 premiers mails.

Prévu pour paraître à l’occasion de son 60e anniversaire chez ECM, “Blue Maqams” apparaît par bien des aspects comme le disque des célébrations pour Anouar Brahem. Enregistré au studio Avatar de New York en mai 2017 sous la direction artistique de Manfred Eicher, il présente le grand maître tunisien de l’oud associé à trois brillants improvisateurs. Les Maqams qu’évoquent le titre de l’album se réfèrent au système modal de la musique arabe traditionnelle — une sorte d’équivalent à la “sorte de bleu” (kind of blue) qu’affectionnent les musiciens de jazz. Cet album est également l’occasion de retrouvailles entre Anouar Brahem et Dave Holland dont la première rencontre remonte à 20 ans pour l’enregistrement du disque “Thimar” plébiscité par le public et la critique.
Si Anouar Brahem n’avait jamais joué avec Jack DeJohnette avant cette séance, Holland et DeJohnette sont des partenaires musicaux de longue date, leur première association remontant au tournant des années 70 lorsqu’ils se trouvaient tous deux dans le groupe de Miles Davis. Autant dire que leur collaboration est d’ores et déjà entrée dans l’histoire du jazz. Le pianiste britannique Django Bates apporte également sa contribution à l’album en surmontant avec superbe les défis posés par les compositions d’Anouar Brahem. De son côté le oudiste fournit dans ce disque quelques-unes de ses interventions les plus inspirées.
“Ce nouveau disque, comme d’habitude, j’ai commencé à y penser confusément, en laissant les idées venir d’elles-mêmes, sans parti pris de style, de forme ou d’instrumentation. Insensiblement c’est d’abord l’envie de mêler de nouveau les sonorités de l’oud et du piano qui s’est cristallisée, bientôt suivie du désir (et de la gageure !) d’associer à cette combinaison instrumentale fragile, toujours un peu délicate à mettre en place dans ses équilibres et ses dynamiques, une véritable section rythmique de jazz. L’instrumentation trouvée, les choses se sont dès lors précisées très vite dans mon esprit.
Au fur et à mesure de sa conception j’ai pris conscience que ce disque serait pour moi l’occasion de revenir sur mon histoire personnelle avec le jazz et de célébrer mon amour pour cette forme musicale majeure du 20e siècle. C’est à Tunis, dans les années 70, quand j’étais encore adolescent, que j’ai commencé à écouter cette musique. A cette époque je vouais une passion exclusive à la musique traditionnelle arabe que j’avais la chance d’étudier alors avec le grand maître Ali Sriti. Mon unique ambition était de devenir un bon interprète et de participer à la réhabilitation de cette tradition. Paradoxalement j’étais très curieux de découvrir des expressions musicales différentes. Outre les grandes traditions musicales indiennes, turques et balkaniques, qui depuis mon plus jeune âge me fascinaient, j’ai commencé à l’âge de 17 ans à me tourner vers des formes plus contemporaines, parmi lesquelles le jazz s’est rapidement imposé comme la plus attirante à mon oreille.
L’esthétique du jazz était très différente de celle des musiques arabes que je fréquentais. Je ne comprenais pas toujours ce que les musiciens de jazz proposaient. Mais j’étais attiré par cette musique qui me dépaysait et dont je me sentais proche par ailleurs. Sans doute y avait il dans la musique arabe une forme de spontanéité, une manière pour l’interprète de s’en remettre à ses sentiments intérieurs et de prendre des libertés avec la partition initiale dans l’improvisation, qui entraient en résonance confusément avec le jazz. Ce qui m’interpelait aussi dans le jazz, c’était le fait que malgré ses origines très populaires cette musique, somme toute encore très jeune au regard de l’histoire de la musique, ait su atteindre un niveau de sophistication aussi élevé, au point d’occuper une place désormais centrale dans le paysage des musiques actuelles. En comparaison, la musique arabe bien que très ancienne, d’une très grande richesse et d’une grande sophistication, me paraissait empêtrée dans une forme de conservatisme et de conformisme. Le jazz me donnait l’exemple d’une musique qui avait réussi à être de son temps sans se renier. Je trouvais ça fascinant. Par ailleurs le jazz était pour moi associé à l’idée de transgression, de liberté – et je pensais déjà à cette époque qu’il ne pouvait y avoir de création sans transgression. A la fois champ extraordinaire d’expérimentation, terre fertile de brassage et de croisements – le jazz était aussi un langage naturellement ouvert sur les cultures du monde, et je sentais pouvoir y trouver ma place …
La plupart des pièces de ce disque ont été composées entre 2011 et 2017. J’ai également repris deux anciennes compositions, Bahia et Bom Dia Rio_ qui datent de 1990. Comme souvent j’ai cherché dans ce disque à écrire une musique qui laisse de l’espace (plus ou moins large selon les cas) à l’improvisation et à une véritable liberté d’interprétation. Pour autant j’ai le sentiment qu’il est important également de demeurer fidèle à la partition et de rester au plus près de ce qui est écrit. J’aime à ce que chaque pièce garde sa propre identité dans et par l’écriture – le rôle du musicien étant de s’intégrer dans cet univers et de s’exprimer dans le cadre de cette identité. Si le champ donné à l’improvisation ou à la liberté d’interprétation est trop « ouvert » je pense que la musique court le risque de perdre son caractère. Tout alors peut finir par se ressembler. Il est important pour moi de préserver l’univers propre de chaque pièce.
Pour un musicien de jazz cette conception peut paraître parfois un peu trop dirigiste et les discussions ont été âpres au cours de l’enregistrement. Ça a été une grande part de notre travail de trouver collectivement l’équilibre en écriture et spontanéité. Car même dans les pièces ou les passages très écrits pour lesquels je ne concède pas d’espace à l’interprétation, j’aime que la musique sonne comme un jet inspiré et improvisé. La première fois que ma femme, à qui je dédie ce disque, a écouter cette musique elle m’a dit qu’elle lui semblait à la fois moderne et traditionnelle. Je trouve qu’elle n’a pas tort et c’est d’ailleurs la première fois que j’intègre de véritables taxims (forme traditionnelle de solo improvisés) à l’intérieur de pièces composées.”
Anouar Brahem
Anouar Brahem (oud)
Django Bates (piano)
Dave Holland (contrebasse)
Jack DeJohnette (batterie, percussions)
Où écouter Anouar Brahem
- vendredi 23 mars 2018 à 20h30 à la Comète à Châlons-en-Champagne (51)
- dimanche 8 avril 2018 à 16h30 à la Grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris (75) dans le cadre du festival Arabesque
- lundi 9 avril 2018 à 20h30 à Odyssud à Blagnac (31)
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