L'actualité du jazz : Hommage à Cecil Taylor

Cecil Taylor
Cecil Taylor ©Getty - Jack Vartoogian
Cecil Taylor ©Getty - Jack Vartoogian
Cecil Taylor ©Getty - Jack Vartoogian
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Disparition de Cecil Taylor le jeudi 05 avril 2018.

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  • Hommage à Cecil Taylor
Hommage à Cecil Taylor
Hommage à Cecil Taylor

Le pianiste, compositeur, danseur et poète Cecil Taylor (15 mars 1929 à Long Island City) est décédé le 05 avril 2018. C'est un géant du jazz qui disparaît. Il en avait repoussé les limites avec un lyrisme échevelé et merveilleusement poétique. Sa technique pianistique hors du commun fascinait autant les pianistes de la musique contemporaine que ceux du jazz. Mais c'est son apport à la libération harmonique, mélodique et rythmique du jazz, pour faire éclore le free jazz simultanément à Ornette Coleman et Albert Ayler qui marque sa stature historique. Une influence aussi énorme que l'étrange discrétion de sa carrière. Étrange est d'ailleurs un mot qui lui va bien : un ange de l'étrange…  

L'imprévisible érigé en philosophie de jeu et de vie : il fallait plonger dans ses concerts comme il plongeait dans le clavier. À corps perdu. En oubliant toute notion du temps. En devinant des notes dont on n'était pas sûr de les avoir entendues, dans des pianissimos d'une sensualité sublime… En se laissant envahir par les harmoniques de ses clusters plaqués par ses avant-bras pendant que ses pieds dansaient un rythme imaginaire… Il était de ces rares musiciens dont on peut s'abstraire du jeu sur scène quelques minutes pour laisser voguer son imagination et y revenir un peu plus tard sans avoir l'impression d'avoir brisé la continuité. C'était comme être assis au bord d'un torrent de montagne, de fermer les yeux quelques instants avant de les rouvrir : la sensation de puissance du flux est intacte ! 

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Dès 1938, sa mère, qui joue du piano, parle français et allemand et s'intéresse au théâtre, lui fait étudier la musique. Son père, cuisinier er domestique, chante, joue de la guitare, et raconte les histoires et mythes du peuple noir américain. 

Sous la direction d'une professeure de piano, il apprend les rudiments de la musique classique. Plus tard, avec le mari d'une voisine, percussionniste du NBC Symphony Ochestra, alors dirigé par Arturo Toscanini, il étudie les percussions, tandis que chez lui, il essaie d'imiter Chick Webb. 

Outre un oncle paternel violoniste amateur, il compte un oncle pianiste et batteur (qui l'emmène voir les grands orchestres swing, notamment ceux de Jimmie Lunceford et Cab Calloway, dont il essaie de reproduire les onomatopées) et un cousin qui serait le premier musicien noir à avoir joué pour la radio. Duke Ellington étant considéré comme "de la famille", il est d'abord réticent à sa musique, préférant les autres big bands et les exhibitions de batterie. Puis il s'intéresse à la danse. 

A 13 ans après la mort de sa mère, il renonce au piano et se consacre à des activités sportives. Puis, avec un camarade qui joue de la batterie, il se présente à un concours radiophonique pour musiciens amateurs et obtient un prix. L'émission est entendue pas un chef d'orchestre qui lui fait passer une audition et l'engage. Il fait son premier gig dans un grand hôtel des monts Catskill où le patron refuse une formation comprenant un musicien noir. 

En 1952, il s'inscrit au New England Conservatory de Boston où il étudie pendant trois ans les arrangements et l'harmonie, supporte les préjugés racistes du professeur de composition et découvre le bebop grâce au saxophoniste Andrew McGhee. Ce dernier le présente aux meilleurs jazzmen de Boston. Il est invité par Nat Hentoff à son émission de radio. 

Très influencé par Lennie Tristano, il n'est converti à la musique de Bud Powell qu'après l'audition d'Un Poco Loco. Parmi les pianistes qui l'impressionnent à l'époque, il cite aussi, pour ce qu'elle lui rappelle d'Erroll Garner, Mary Lou Williams (avec qui il jouera en duo 25 ans plus tard), Dave Brubeck, Dick Twardzik, Horace Silver, Thelonious Monk et Duke Ellington. 

Plus tard, il fait partie de l'orchestre de Johnny Hodges (1954), joue avec Steve Lacy, et commence une psychanalyse après la mort de son père en 1956. En 1957, il est engagé au Five Spot pour accompagner le multi-instrumentiste Dick Whitmore, remplacé trois jours plus tard par Lacy. En 1958, il enregistre pour United Artists avec des partenaires imposés : John Coltrane, Chuck Israels, Louis Hayes et Kenny Dorham. 

En 1962, outre une participation à la pièce "The Connection" avec Archie Shepp, il part en Europe. De retour à New York, il joue pour la dernière fois avec Albert Ayler en 1963. En 1966, il signe deux albums sur Blue Note. En 1969, il est au programme des Nuits de la Fondation Maeght. Dans la mesure où sa musique est difficilement acceptée par les compagnies phonographiques, il crée Unit Core au début des années 70. Seulement deux enregistrements seront publiés (1973). Sa discographie, sur une myriade de labels indépendants, ne s'interrompra que ces dernières années. 

Il se partage alors entre les concerts en piano solo et ceux à la tête de son Unit et retrouve aussi ses premières amours en collaborant avec danseurs et chorégraphes. Aux sons instrumentaux, de plus en plus souvent il ajoute des éléments vocaux, généralement alimentés par des poèmes de son cru et des pas de danse d'inspiration amérindienne. 

Biographie, d'après "Le nouveau dictionnaire du jazz" par Philippe Carles 

Programmation musicale

18h09 - Cecil Taylor « Conquistador »
With (Exit) (Cecil Taylor)
Blue Note 84260

« Conquistador »
« Conquistador »

18h29 - Cecil Taylor « Garden »
Stepping on Stars (Cecil Taylor)
Hat Art 6051

 « Garden »
« Garden »

18h34 - Buddy Collette  « Swinging Shepherds »
Laura (David Raksin)
Fresh Sound 2258

« Swinging Shepherds »
« Swinging Shepherds »

18h37 - Anouar Brahem « Barzakh »
Parfum de gitane (Anouar Brahem)
ECM 1432

« Barzakh »
« Barzakh »

18h43 - Roy Hargrove, Christian McBride, Christian Scott  « Parker's MoodX »
Chasin' The Bird (Charlie Parker)
Verve  527907-2

« Parker's MoodX »
« Parker's MoodX »

18h49 - Kenny Burrell  « Blue Lights, Volume 1 »
The Man I Love (Gershwin)
Blue Note   7815962

« Blue Lights, Volume 1 »
« Blue Lights, Volume 1 »

18h56 - Sly and Robbie, Nils Petter Molvaer « Nordub »
If I Gave You My Love (Sly and Robbie, Nils Petter Molvaer)
Okeh

« Nordub »
« Nordub »

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