Parution de « Chant Inca » de Palm Unit chez Super Sonic Jazz.
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Question : Quel est le seul artiste français à avoir assuré une première partie de John Coltrane (au Festival d’Antibes, Juan-les-Pins en 1965), à avoir lancé le futur gotha du jazz français dans ses orchestres (Henri Texier, Jean-Luc Ponty, Bernard Lubat, Michel Portal, Bernard Vitet, Christian Vander, François Jeanneau…), à avoir été remixé, joué et compilé par Four Tet, à être aujourd’hui plébiscité et collectionné par Gilles Peterson (Worldwide), Thurston Moore (Sonic Youth) ou Dan Snaith (Caribou) et dont l’œuvre a fait l’objet de plusieurs compilations chez l’excellent label de réédition anglais Jazzman Records ?
Réponse : le chef d’orchestre, compositeur, pianiste, arrangeur, technicien son, producteur, chanteur, professeur, critique et label manager Jean-François Quiévreux, alias Jef Gilson, qui démarra sa carrière en jouant clandestinement du jazz sous l’Occupation avec Boris Vian et la termina en 2002 à cause d’une attaque qui le laissa partiellement paralysé du côté gauche. Il s’éteindra dix ans plus tard, à 85 ans passés, le 5 février 2012.
En plus d’un demi-siècle de carrière, Jef Gilson aura donc occupé à peu près tous les postes possibles et imaginables dans la musique. Son nom côtoyait ceux de John Coltrane, Oscar Peterson, Sun Ra ou Ray Charles sur les affiches des 60 et 70, il a enregistré la nouvelle avant-garde dans son studio (Byard Lancaster, Archie Shepp, David S. Ware…) et il a surtout joué le jazz sous toutes ses coutures, des plus traditionnelles aux plus abstraites.
Et pourtant tout le monde ou presque semble l’avoir oublié : Jef Gilson est le grand absent des livres d’histoire.
Pour être tout à fait honnête, même le saxophoniste Lionel Martin (uKanDanZ), le claviériste Fred Escoffier (Le Sacre du Tympan) et le batteur Philippe « Pipon » Garcia (Erik Truffaz Quartet) n’en avaient jamais entendu parler, avant que le producteur et label manager Antoine Rajon ne leur propose cet hommage en montant Palm Unit (double clin d’œil au label Palm que Jef avait créé dans les seventies, et au Gilson Unit, nom sous lequel il avait sorti un disque sur Futura en compagnie du saxophoniste américain Sahib Shihab). Antoine Rajon a eu une belle histoire d’amitié avec Jef Gilson dès le milieu des années 90, et a même été le premier à rééditer une partie de son œuvre sur le défunt label Isma'a en 2004.
Cette relative virginité du trio, mêlée à la grande connaissance du producteur, était ce qui pouvait arriver de mieux pour cet hommage. Le groupe joue sans a priori, et de manière totalement décomplexée, le répertoire de Gilson, en le réinventant tout en gardant la substance originelle. Les claviers sonnent presque psychédéliques (pas si loin parfois du jeu d'Eddy Louiss sur les disques des sixties de Jef Gilson), le sax griffe, miaule et minaude, tandis que la batterie fait swinguer l'ensemble. Même le joueur de valiha (petite harpe malgache) Del Rabenja, invité d'honneur du Palm Unit qui a fait partie de l'orchestre de Jef Gilson dans les années 70 et qui figure donc sur plusieurs disques essentiels estampillés Palm, a été surpris de redécouvrir ces morceaux toujours aussi modernes des décennies après leur création.
Jef Gilson a souvent été trop en avance pour son époque. Sa musique résonne aujourd’hui avec l’évidence que l’heure est enfin venue.
Où écouter Palm Unit ?
- jeudi 14 décembre à 21h à La Petite Halle à Paris (75)
- samedi 13 janvier à 21h au Périscope à Lyon (69)
- jeudi 25 janvier à 20h au Pédiluve à Châtenay Malabry (92)
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