Dans l'album “Streams”, qui sort le 22 février chez Act, Nguyên Lê réaffirme la place centrale du jazz dans son exploration des traditions d’Asie du Sud-Est.
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- Nguyên Lê invité de Alex Dutilh.
“Chacun de mes albums est un peu le contraire de celui qui le précède. Il est comme un livre qui raconte sa propre histoire,” dit Nguyên Lê.
La seule constante de la carrière de Nguyên Lê est justement que son parcours évolue en permanence. Ce musicien né et vivant à Paris s'est imposé comme une voix majeure en combinant, de manière passionnante et novatrice, une myriade de musiques aux accents vietnamiens. “ Streams”, son dernier opus qui paraît chez ACT le 22 février, continue dans cette tradition en s'associant des musiciens ouverts aux musiques du monde : le batteur percussionniste américain John Hadfield, le bassiste canadien Chris Jennings, et le vibraphoniste français Illya Amar.
“Chacun de mes albums est un peu le contraire de celui qui le précède. Il est comme un livre qui raconte sa propre histoire,” dit Nguyên Lê. “”Streams” est plus “'jazz” que mes projets précédents - dans ma plus personnelle définition du terme. J'ai commencé à créer mon propre “'world jazz” en 1996 avec “Tales from Viêt-Nam”, avant d'enregistrer “Maghreb & Friends” (1998). L'intégration du jazz et des musiques traditionnelles s'est avérée un long processus qui s'est développé tout au long de nombreux albums. J'aimerais maintenant dévoiler où ce voyage m'a mené, et montrer comment chaque singularité culturelle est venue se fondre en ma propre voix. Chaque composition de “Streams” trouve son origine dans une inspiration ethnique spécifique, même si celle-ci n'apparaît pas forcément de manière évidente. Il y a beaucoup de concepts rythmiques indiens, de nombreux phrasés d'Inde et du Vietnam, des mélodies aux accents orientaux, des rythmes originaires du Maghreb — et aussi des références inconnues à des traditions imaginaires.”
“Subtle Body est un morceau où l'idée était de faire se succéder de manière fluide des zones aux métriques multiples” précise Nguyên Lê. “Dans Bamiyan, il est question de subdivisions, de superpositions de cycles et d'équivalences rythmiques. En fait, “Streams” contient des pièces parmi les plus difficiles que j'ai jamais composées, en particulier sur le plan rythmique. _Mais la mélodie est toujours centrale__, et c'est pourquoi les morceaux n'ont pas un son "mathématique". Prenez Mazurka, par exemple : sa mélodie romantique est suivie d'un développement très rythmique, presque africain : ainsi se mêlent les racines polonaises et caribéennes de cette chanson. J'aime à penser que la musique de “Streams” fait entendre le voyage des cultures, et qu'elle montre comment, en voyageant, les cultures se transforment_.”
“Ce groupe est une grande symbiose entre musiciens, êtres humains et personnalités artistiques” dit Nguyên Lê. “Illya est mon beau-fils, et il n'avait que trois ans quand je l'ai connu. Je l'ai vu grandir et devenir un vibraphoniste fantastique. Depuis toutes ces années, il connaît les aspects les plus intimes de ma musique, et joue aujourd'hui dans plusieurs de mes groupes. Je connais Chris depuis plus de dix ans. Il est précieux d'entendre des lignes de basse acoustique aussi solides que chantantes ! C'est Chris qui m'a présenté John, batteur de New York autant versé dans le jazz américain que dans les musiques traditionnelles. Ses voyages en Inde, Pérou, Mongolie, Moyen-Orient et Indonésie, lui ont appris les rythmes et les instruments de toutes ces cultures. Comme moi, les musiciens de “Streams” ont vécu des expériences musicales ethniques profondes, et grâce à cette connaissance ils comprennent ma musique immédiatement.”
Pour Nguyên Lê, un esprit à l'écoute et des oreilles grandes ouvertes sont l'essence du jazz. “La base du jazz est l'improvisation collective. Il ne s'agit pas seulement de faire un bon solo, mais aussi d'écouter les autres musiciens, de réagir en adaptant instantanément son discours musical à celui de l'autre,dit Nguyên Lê. Ce dialogue, cette interaction essentielle, font des jazzmen les musiciens souvent les plus habilités aux échanges transculturels. Ce Streams quartet est un exemple parfait pour ouvrir ce dialogue ; ce groupe crée de riches conversations musicales et, même si le quartet vient du jazz, il finit par transcender les genres. Tout simplement, il permet aux auditeurs de se concentrer sur la musique et de l'aimer. Je suis convaincu qu'un nouvel univers d'inspirations est en train de s'ouvrir entre tradition et modernité, entre Est et Ouest, Nord et Sud. Cet album “Streams” est l'incarnation de cette idée.”
Où écouter Nguyên Lê
- A Paris (75) mardi 19 mars à 21h au New Morning - concert enregistré pour Jazz Club de Yvan Amar, diffusion le 06 avril.
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