Patrice Caratini, corps et âme

Patrice Caratini, corps et âme
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Parution de « Body & Soul » de Patrice Caratini chez Caramusic.

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TOUS LES TITRES DIFFUSES SONT EN BAS DE PAGE A LA RUBRIQUE "PROGRAMMATION MUSICALE " N’importe quel fan de jazz vous dira que **Body and Soul ** est un standard popularisé par Louis Armstrong en 1930, neuf ans avant d’être immortalise par Coleman Hawkins ; en revanche, il saura moins sûrement que Body & Soul est le titre de l’un des premiers chefs d’œuvre du cinéma afro-américain, un film qui a fait couler beaucoup d’encre au sein de sa communauté, au cœur des années vingt, en lançant la carrière a l’écran du chanteur, acteur et militant de la cause noire Paul Robeson.

De fait, s’il a été tourne au plus fort de ce que l’histoire aura retenu comme le Jazz Age, ce film d’Oscar Micheaux n’était pas vraiment concerné par la nouvelle école musicale qui enfiévrait l’Amérique depuis la fin de la Grande Guerre. Œuvre impressionniste portée par une intrigue à tiroirs, de magnifiques séquences oniriques et la mise en abyme de flashbacks, Body & Soul évoque le triste sort d’une jeune femme vertueuse de la Georgie rurale, victime d’un escroc cynique (Robeson) déguise en homme d’église. Abusée et dépouillée par son bourreau, contrainte de s’exiler, l’héroïne trouve refuge dans le ghetto d’Atlanta ou elle meurt dans une misère crasse.

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Ce drame social, très éloigne par son propos des bluettes qui offrent au jazz ses meilleurs standards, évoquait davantage la brutalité des rythmes du corps et les harmonies vénéneuses de l’âme que l’insouciance joyeuse de la musique jungle. Oscar Micheaux, aujourd’hui reconnu comme le père du cinéma afro-américain, a d’ailleurs provoque l’ire de la censure blanche comme la réprobation de l’Elite noire de son temps pour avoir osé dresser ce portrait ≪ immoral et sacrilège ≫ d’un pasteur corrompu et libidineux.

Curieusement, le long métrage de Micheaux a été l’objet d’une nouvelle controverse lors de sa projection en 2000 au New York Film Festival, accompagne d’une musique originale du tromboniste Wycliffe Gordon qu’interprétait l’orchestre Jazz at Lincoln Center de Wynton Marsalis. Trois quarts de siècle après les faits, l’intelligentsia afro-américaine du tournant du millénaire était choquée à son tour de voir à l’écran des Noirs boire, tricher, s’exprimer en petit néré et abuser du mot nigger.

Une décennie plus tard, j’ai souhaité réhabiliter Body & Soul et mettre en lumière la vision révolutionnaire de son créateur en commandant à Patrice Caratini une partition originale, présentée lors de la soirée de clôture de la 20e Edition du Paris Jazz Festival, le 28 juillet 2013.

Cet album, enregistre lors de la première du ciné-concert *Body & Soul * au Parc Floral de Paris, donne la mesure de la formidable maitrise de l’orchestre de Patrice, et plus encore de sa connaissance intime du jazz. Il reste à espérer que ce disque transmettra largement l’envie de venir assister, en direct, a l’une ou l’autre des projections du film données en présence du Caratini Jazz Ensemble.

Sebastian Danchin
Directeur artistique du Paris Jazz Festival

Où écouter Patrice Caratini

  • ciné-concert de lancement de l'album le lundi 08 décembre à 20h30 au cinéma le Balzac à Paris

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