Dans leur nouvel album « Constantine », les frères Ceccaldi déclarent leur flamme à leur père, entourés par la fine fleur du jazz hexagonal.
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- Valentin & Théo Ceccaldi à la Une
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Sous l’impulsion de Valentin & Théo Ceccaldi, le Grand Orchestre du Tricot s’entoure d’une myriade d’invités aventuriers, toutes générations confondues, venus du jazz, du rock ou des musiques traditionnelles (Leïla Martial, Thomas de Pourquery, Fantazio, Naïssam Jalal, Yom, Abdullah Miniawy, Airelle Besson, Emile Parisien, Michel Portal...) pour créer une fresque musicale opératique, puissante et poétique.
Inspiré de l’histoire familiale personnelle des frères Ceccaldi et pensé initialement comme une déclaration d’amour à leur père, ce “Constantine” prend une dimension universelle et se construit comme un écho au passé qui jamais ne s’éteint, aux souvenirs clairs ou embrumés, aux présages honnis, aux paysages perdus ou retrouvés, aux aurores précoces et hallucinées. On y parle de peuples en exil qui ne maîtrisent pas leur destin. On y parle de vies oubliées, de souvenirs impalpables et vaporeux, que l’on cherche à ressaisir en vain.
Tour à tour facétieux, écorché, enfantin ou tonitruant, le Grand Orchestre du Tricot se joue des codes et des frontières en inventant la bande originale lyrique et décalée d’un road movie imaginaire. Une épopée exaltée nous menant d’un Paris bouillonnant jusqu’aux hauteurs arides des reliefs de Constantine.
Constantine, une histoire d'exils
Exil
Serge a vu le jour un lundi. C’était le 18 avril 1960, à Constantine, en Algérie. L’Algérie, c’était le paradis sur terre, pour cette famille installée ici depuis quatre générations.
Comment étaient- ils arrivés là ? Le hasard de migrations de familles, corses, alsaciennes, italiennes, en exil. Qu’on catapulte, qu’on trimballe ici ou là, de guerres en catastrophes climatiques, bien des choses qui viennent de sphères plus inaccessibles, qu’on ne contrôle pas. Alors on leur donne un petit caillou de terre, sur ces hauteurs arides du relief Est-Algérien. Ce n’est rien, c’est la misère, mais pas celle d’une violence qui vous écrase à terre, plutôt celle qui peut devenir paisible. On vit de pas grand chose (le père est rémouleur dans le souk), mais le climat est doux, et la famille unie. On se soutient.
Etranger dans son pays
Puis vient 1962. La décolonisation est salvatrice pour le peuple algérien. Il faut tout quitter. Brutalement. Tout laisser, le soleil, la maison, le petit magasin de couteaux de 9m2, les amis. Atterrissage en France. Ils sont un million de pieds noirs. Dans les pré-fabriqués à l’aéroport du Bourget ou au port de Marseille. « C’est votre pays maintenant ici ». Mais ils ne connaissent rien à ce pays, on a choisi pour eux. Et c’est comme si leur pays, celui dans lequel ils étaient heureux, avait soudainement disparu. Ni vraiment français, ni vraiment arabes, étrangers partout.Alors un deuil commence, on tente de s’intégrer, on parle moins fort, on fait profil bas, on cache son accent, on cache sa honte de ne plus avoir de socle, plus avoir de fondations. Et commence le long chemin d’une famille, de milliers de familles, en quête de racines, d’identité. Une famille qui vivra dans la nostalgie, d’une terre fantasmée, sublimée, perdue à jamais.
De l'exil au théâtre
Cette histoire, c’est celle de notre papa, qui avait deux ans quand la famille quitta le berceau de Constantine. Petit dernier d’une famille de quatre enfants, il n’emportera que très peu de souvenirs concrets de ce déracinement. Mais une sensation trouble, vaporeuse, une force mystique le poussera à partir en quête de son histoire, le mènera à aborder la musique en autodidacte, à s’intéresser aux répertoires de tradition orale, aux musiques traditionnelles, orientales, folkloriques. Cette même quête le poussera à composer pour le théâtre plus de 600 pièces, à la recherche d’une musique qui délivre un message, de sa partition intérieure. Cette même quête le poussera également à militer socialement, en créant une école de musique associative ouverte à tous, sans distinction d’âges, d’horizons sociaux, d’identités culturelles et artistiques. Les souvenirs s’entrechoquent dans ma tête. Nous étions trimballés partout où l’art pointait son nez, de répétitions de chorales, aux loges de théâtres, costumes flamboyants, grandes gueules, rires, ivresse, longues nuits de musique et de partage.
Les ponts de Constantine
C’est à travers cette histoire, qui est aussi notre histoire personnelle, que nous avons décidé avec mon frère Valentin, d’associer nos vingt doigts, nos deux cœurs, et nos quatre oreilles, à la redécouverte de la bande son de notre enfance. En se réappropriant cette musique qui a accompagné notre évolution d’humains et d’artistes.
Nous avons sélectionné une dizaine de thèmes, tirés pour la plupart de musiques de théâtre composées par notre père pour la compagnie Gilles Pajon, et nous avons décidé de les traiter sous le prisme de cette thématique de l’exil, du déracinement, de la colonisation et la décolonisation, sujets qui n’ont jamais été à proprement nommés dans la famille mais dont nous avons toujours senti les fantômes errer.
Pour Valentin et moi, après une petite dizaine d’années dans la constellation des musiques vivantes et créatives, nourris par l’urgence de créer, comme un besoin vital de se forger une identité, de revendiquer une posture artistique, c’est aussi l’occasion de se poser un moment, de se retourner, et de prendre le temps de regarder simplement : Voici notre histoire. Voici d’où l’on vient. Voici d’où vient cette colère. Cette nécessité de se dépasser, de bâtir des ponts entre les musiques, entre les disciplines, entre les humains. Sûrement les ponts de Constantine.
Notre tribu
À travers les thèmes de l’exil, nous avons souhaité nous entourer de nos compagnons les plus proches en premier lieu. La Tribu du Tricollectif, dont chacun des membres entretient un rapport particulier avec notre famille, la plupart des musiciens ayant fait leur premier pas d’improvisateurs dans l’école de notre père. Quentin Biardeau, le troisième homme derrière cette création, nous a tout d’abord aidé à repenser les directions musicales et les arrangements pour être au plus près de nos désirs actuels. Puis Robin Mercier a réécrit des textes de chansons en abordant ces différents sujets, à la fois très personnels et universels, qui parlent de peuples éloignés de leurs terres, de leurs repères, des peuples qui ne maitrisent pas leur destin, qui subissent. La Roue de la Fortune. Les cartes sont battues et rebattues de plus haut. On y parle de vies oubliées, de la pensée qui transforme la réalité au fur et à mesure des années, on y parle de mémoire, de souvenirs impalpables et vaporeux, que l’on cherche à ressaisir en vain.
Puis nous avons aussi convoqué des grands-frères et soeurs, des maîtres, des musiciens/nes croisés sur le chemin depuis quelques années, Fantazio qui choisit d’aborder Frantz Fanon et la violence coloniale, Abdullah Miniawy, chanteur égyptien qui a quitté son pays pour poursuivre son rêve de créateur, Emile Parisien, Leïla Martial, Airelle Besson, Thomas de Pourquery, Yom & Michel Portal qui ont tous influencé à leur manière notre parcours, qui nous ont inspiré par leur force et leur singularité, et qui proposent ici et à nos côtés, leur regard, leur interprétation de cette histoire collective.
Au final, c’est un projet qui s’est monté très instinctivement et naturellement, sans que nous le voyions arriver, et une formidable aventure humaine que nous écrivons au fur et à mesure que nous la vivons.
(Théo Ceccaldi, extrait du communiqué de presse)
Direction artistique & conception : Valentin & Théo Ceccaldi
Musique originale : Serge Ceccaldi
Arrangements : Valentin Ceccaldi, Théo Ceccaldi, Quentin Biardeau, Roberto Negro
Textes : Robin Mercier, Fantazio, Abdullah Miniawy
Le Grand Orchestre du Tricot :
Robin Mercier (récitan), Théo Ceccaldi (violon), Quentin Biardeau (saxophone ténor, claviers), Gabriel Lemaire (saxophones, clarinettes), Guillaume Aknine (guitares), Roberto Negro (piano, claviers), Valentin Ceccaldi (violoncelle, basse), Florian Satche (batterie, percussions), Adrien Chennebault (batterie, percussions)
Programmation musicale
- 18h08
Ampsaga Valentin Ceccaldi & Théo CeccaldiAmpsagaSerge Ceccaldi. (Compositeur), Leïla Martial (voix), Théo Ceccaldi (violon, alto), Valentin Ceccaldi (violoncelle, basse électrique), Gabriel Lemaire (clarinette), Quentin Biardeau (saxophone ténor, claviers, choeurs), Guillaume Aknine (guitares), Roberto Negro (piano, claviers), Adrien Chennebault (batterie, percussions), Florian Satche (batterie, percussions)
Album Constantine (2020)Label Brouhaha (BROUHAHA 3) - 18h11
Sigognac Serge Ceccaldi. (Compositeur)Sigognac, Valentin & Théo Ceccaldi, Valentin Ceccaldi (violoncelle, basse électrique), Théo Ceccaldi (violon, alto), Emile Parisien (saxophone soprano), Quentin Biardeau (saxophone ténor, claviers), Gabriel Lemaire (saxophone alto), Guillaume Aknine (guitares), Roberto Negro (piano, claviers), Adrien Chennebault (batterie, percussions), Florian Satche (batterie, percussions)
Album Constantine (2020)Label Brouhaha (BROUHAHA 3) - 18h18
Et même le ciel Valentin Ceccaldi & Théo CeccaldiEt même le cielSerge Ceccaldi. (Compositeur), Théo Ceccaldi (violon, alto), Valentin Ceccaldi (violoncelle, basse électrique), Michel Portal (bandonéon, clarinette basse), Quentin Biardeau (saxophone ténor, claviers), Gabriel Lemaire (saxophone baryton), Guillaume Aknine (guitares), Roberto Negro (piano, claviers), Adrien Chennebault (batterie, percussions), Florian Satche (batterie, percussions)
Album Constantine (2020)Label Brouhaha (BROUHAHA 3) - 18h26
Le violon mélancolique Jean ToupanceLe violon mélancoliqueMichel Warlop. (Compositeur), Jean Toupance (violon), Noel Letertre (flute traversière), Pierre Jacquet (contrebasse)
Album Zazou (2016)Label Cantons sous la pluie (CLSP001) - 18h30
Odile Roberto NegroOdileRoberto Negro. (Compositeur), Roberto Negro (piano, claviers, électroniques), Emile Parisien (saxophone soprano), Valentin Ceccaldi (basse), Michele Rabbia (batterie, électroniques)
Album Papier ciseau (2020)Label Label Bleu (LBLC6735) - 18h42
The heat is on (très chaud) Roy EldridgeThe heat is on (très chaud)Roy Elridge (Compositeur), Roy Eldridge (trompette), Don Byas (saxophone ténor), Claude Bolling (piano), Guy De Fatto (contrebasse), Armand Molinetti (batterie)
Album Roy Eldridge and His Little Jazz / Joue pour la danse / Vol.3 (2013)Label Sony Classical (88725443772-03) - 18h47
Bebop Bud PowellBebopDizzy Gillespie. (Compositeur), Bud Powell (piano), Ray Brown (contrebasse), Osie Johnson (batterie)
Album The complete Bud Powell on Verve /5 cd box (2014)Label VERVE - 18h50
I love you Gary PeacockI love youCole Porter. (Compositeur), Clare Fischer (piano), Gary Peacock (contrebasse), Gene Stone (batterie), Clare Fischer Trio
Album West Coast Years 1959-1962 (2020)Label Fresh Sound (FSRCD996) - 18h57
Lions walk (feat. Gary Bartz) Doug Carn, Adrian Younge, Ali Shaheed Muhammad (Compositeur)Lions walk (feat. Gary Bartz)Doug Carn, Gary Bartz (saxophone alto), Doug Carn (fender rhodes, Hammond B3, vocoder, synthétiseur monophonique), Ali Shaheed Muhammad (basse électrique), Malachi Morehead (batterie)
Album JAZZ IS DEAD / Vol. 5 (2020)Label JAZZ IS DEAD
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