C’est à l’occasion de la fête de Pâques 1707 que Jean-Sébastien se fait entendre à Mühlhausen sur l’orgue de l’église Saint-Blaise laissé vacant depuis plusieurs mois déjà. Il vient d’avoir 22 ans et sa remarquable prestation incite les autorités de la ville à l’engager illico presto ...
... Entendu le 24 avril, il signe à Mühlhausen le 15 juin, demande dans la foulée sa démission à Arnstadt où il remet les clefs de la tribune de la Neuekirche le 29 juin. C’est son cousin Johann Ernst qui prend sa succession à Arnstadt.
En tant qu’organiste de la Blasiuskirche de Mühlhausen, Jean-Sébastien assure son service de façon régulière et active tous les dimanches, les jours de fête et autres jours fériés. Son traitement est convenable : il reçoit même plus d’argent qu’à Arnstadt. Il va déployer beaucoup de zèle dans cette ville en renouvelant le répertoire de l’église et en créant pour son instrument des œuvres tout à fait novatrices.
C’est de cette période que date le plus ancien manuscrit connu de Jean-Sébastien Bach, une ébauche d’une vingtaine de mesures sur le Choral « Wie schön leuchtet » BWV 764. Mais c’est surtout le genre du Prélude et Fugue qui retient son attention : il bâtit de vastes architectures où la virtuosité dont il fait preuve au pédalier égale celle de ses deux mains.
Le témoignage de l’un de ses premiers élèves connus de l’époque, Johann Martin Schubart, est parvenu jusqu’à nous. Schubart relate que son jeune maître « mêlait si imperceptiblement les registres de l’orgue les uns aux autres que l’auditeur sombrait presque sous le tourbillon de ses enchantements. Ses mains étaient infatigables et il jouait de l’orgue des journées durant. Il touchait le clavier avec autant de puissance que l’orgue et embrassait toutes les parties de la science musicale avec une force de géant. » Et Schubart conclut qu’il fallait déjà être un grand maître pour pouvoir interpréter sa musique.
En toute chose, la municipalité se montra à l’écoute du nouvel organiste qu’elle s’enorgueillissait d’avoir recruté. Insatisfait de son instrument, Jean-Sébastien proposa des améliorations pour engager une rénovation de l’orgue de Saint-Blaise. Dans son expertise, il dresse une liste de douze points dont l’examen permet d’apprécier ses exigences autant que son raffinement. Il réclame par exemple l’installation d’un jeu de Basson de 16 pieds car « il permet toutes sortes d’inventions nouvelles et sonne très discrètement dans la musique concertante » ; il demande également le remplacement d’un Cor de Chamois par une Viole de gambe de 8 pieds ainsi que le remplacement d’un petit Bourdon de métal par un petit Bourdon en bois, afin de « s’accorder plus parfaitement à la musique concertante ».
Si ces améliorations ne sont entreprises qu’après son départ de Mühlhausen, Jean-Sébastien n’hésitera pas à faire plusieurs voyages pour superviser les travaux de l’orgue de la Blasiuskirche.
Jean-Sébastien Bach
Fugue en ré majeur BWV 532
Jean Guillou, orgue
Grandes Orgues du Grossmünster de Zürich
Enregistrement de février 1970
Disque : Universal Music 4802008 (2011)
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