

Sur les routes de l’époque, la ville fortifiée de Mühlhausen est un passage obligé lorsqu’il s’agit de traverser la Thuringe. Elle est l’une de ses villes libres : autonome, indépendante de toute famille aristocratique, gouvernée non par un prince, mais démocratiquement, par un conseil municipal ...
... En plus d’églises secondaires, deux grandes églises principales organisent le culte : la Marienkirche et la Blasiuskirche qui est la plus importante et qui vient de s’attacher les services de Jean-Sébastien Bach.
Il existe à Mühlhausen une pratique de la musique d’église déjà fort ancienne. En plus de la musique d’orgue, on apprécie depuis plusieurs générations cette Kirchenmusik où les voix se mêlent au jeu de divers instruments pour embellir les paroles du culte. Les textes chantés, le plus souvent sous forme de dialogues, sont ornés et augmentés de ritournelles instrumentales. La polyphonie chorale est plutôt dans un style vertical et homophone pour garantir une parfaite intelligibilité du texte. C’est cette « musique figurée » (Musica figurata) que l’on nomme aujourd’hui sous le terme générique de cantate.
Et c’est dans ce domaine de la « musique figurée que Jean-Sébastien entend s’investir ; un domaine dans lequel il s’était senti si brimée à Arnstadt. Cette Kirchenmusik, il en avait entendu de merveilleux exemples dans le nord du pays. Le grand maître de Lübeck, Dietrich Buxtehude, venait justement de rendre l’âme à l’âge de 70 ans, le 9 mai 1707. Jean-Sébastien s’active alors pour copier sa Kirchenmusik, la faire connaître à Mühlhausen et constituer en cette ville un répertoire nouveau. Dans cette tâche, il s’entoure d’élèves qui l’aident à la copie et auquel il donne également des leçons. Nous connaissons les noms de deux d’entre eux : Johann Sebastian Koch et Johann Martin Schubart
Sans doute Jean-Sébastien avait-il déjà composé quelque « musique figurée » pour Arnstadt après son retour de Lübeck. Mais rien n’a subsisté de ces premiers jets dont l’exécution par le chœur des élèves devaient être largement compromise. Les toutes premières partitions qui soient parvenues jusqu’à nous datent donc de Mühlhausen. Seulement voilà, il se trouve qu’elles n’étaient guère conformes à la tradition locale…
Jean-Sébastien Bach
Cantate BWV 131 « Aus der Tiefen rufe ich Herr zu dir »
Choeur « Israel hoffe auf dem Herrn »
Ensemble Vox Luminis
Direction Lionel Meunier
Disque : Alpha 258 (2016)
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