De passage à Weimar au cours du printemps 1708, Jean-Sébastien Bach avait joué de l’orgue au duc Wilhelm-Ernst. L’organiste de la cour, Johann Effler était malade depuis plusieurs années et il était temps pour le souverain de libérer le vieil homme de sa charge ...
... Conquis par Jean-Sébastien, le duc de Saxe-Weimar recrute le prodigieux musicien de 23 ans comme organiste de la cour avec un très bon salaire, bien supérieur à celui de Mühlhausen.
A Weimar, Jean-Sébastien n’était pas un inconnu ; cinq années auparavant, il avait travaillé pendant quelques mois à la chapelle privée du frère cadet du duc de Saxe-Weimar. Le voici qui s’installe donc au cœur de la ville au début du mois de juillet 1708 avec son épouse Maria Barbara et la sœur de celle-ci : la maison qu’ils occupent sur la place du marché appartient à l’un des chanteurs de la chapelle ducale.
Le duc Wilhelm-Ernst ne se passionnait guère pour le commerce ou la politique ; la ville de Weimar semble d’ailleurs sommeiller sous son règne ; elle ne compte que 5000 habitants, bien moins que Mühlhausen ou même que Eisenach, la ville natale de Jean-Sébastien. Reclus dans son château, le souverain se consacrait aux études théologiques et aux pratiques religieuses. Il avait fondé une bibliothèque impressionnante par le nombre et la qualité des ouvrages qu’elle renfermait ainsi qu’un cabinet de numismatique.
La musique tenait une place importante à la cour du duc : la musique sacrée d’abord, et plus particulièrement la musique d’orgue. Jean-Sébastien disposait de l’instrument de la chapelle ducale et pouvait enfin déployer librement son art et le développer à sa guise. L’intérêt et l’attente du souverain pour ses travaux étaient grands et sa bibliothèque en matière d’orgue fournie. C’est à Weimar que Jean-Sébastien recopie de sa main le Premier livre d’orgue de Nicolas de Grigny (Paris, 1699), grand maître français, ainsi que les plus anciens Fiori Musicali (1635) de l’italien Girolamo Frescobaldi.
La réputation de « Bach l’organiste » grandit considérablement à partir de Weimar et se répand bien au-delà de la région : il est de plus en plus sollicité pour les expertises de nombreux instruments, notamment à Halle et à Erfurt. Son activité de pédagogue se développe également ; on compte au moins une quinzaine d’élèves pour cette période. La plupart deviendront à leur tour organistes professionnels ou même cantor. C’est d’ailleurs à Weimar que Jean-Sébastien conçoit son tout premier recueil didactique : l’Orgelbüchlein BWV 599-644 un « Petit livre d’orgue, offrant à l’organiste débutant une méthode pour exécuter un choral de toutes les manières, et se perfectionner en même temps dans l’étude du pédalier ».
Quant à son propre répertoire, Jean-Sébastien continue d’œuvrer dans le domaine des chorals d’église qui deviennent de véritable Fantaisies de larges proportions. Il compose également toute une série de Préludes, Fantaisies ou Toccatas et fugues dont la plus célèbre aujourd’hui est la Toccata et Fugue en ré mineur BWV 565. Mais le point culminant de sa production à Weimar reste à n’en pas douter sa grande Passacaille en ut mineur BWV 582.
Jean-Sébastien Bach
Passacaille en ut mineur BWV 582
Bernard Foccroulle, orgue
Orgues Schnitger de la Martinikerk de Groningen (Pays-Bas)
Disque : RICERCAR RIC 276 (2008)
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration