D’abord organiste de la cour, Jean-Sébastien Bach occupe bien vite à Weimar une charge de musicien de la chambre (Cammer Musices) du duc Wilhelm-Ernst, partageant ainsi son temps entre le service d’église, à la chapelle ducale, et le service de cour, dans les salles du château...
... Le souverain était féru d’opéra : il avait fait construire un petit théâtre pour donner des spectacles au caractère moralisateur et avait entretenu une troupe d’instrumentistes et de chanteurs pendant plus d’une dizaine d’années, de 1696 à 1709. Ces représentations cessent à peu près au moment où Bach arrive à la cour. Mais le duc maintien une activité musicale intense confiée à une quinzaine de musiciens parmi lesquels figure l’excellent violoniste Westhoff. On sait que Jean-Sébastien participait à ces concerts au violon, à l’alto ou au clavecin.
Les partitions de jeunesse qu’il compose pour le clavecin restent difficiles à dater et à situer. De l’époque de Mühlhausen appartiennent peut-être quelques suites de danses (comme la Suite en fa mineur BWV 823 et la Suite en la majeur BWV 832) et la Sonate en ré majeur BWV 963 dont le final est une fugue sur un thème à l’imitation du coucou et de sa femelle.
De l’époque de Weimar datent peut-être les sept Toccatas pour clavecin : des partitions déjà impressionnantes par leurs vastes dimensions et surtout par leur écriture flamboyante. La composition mêle des styles très divers, des rythmes et des motifs mélodiques contrastants, présentant des oppositions marquées, avec des passages en style fugué omniprésents.
C’est également à Weimar que Jean-Sébastien transcrit au clavecin seul toute une série de Concertos pour violon et orchestre composés par Antonio Vivaldi. Depuis les grands modèles publiés par Arcangelo Corelli, ce répertoire italien est à la mode ; différentes copies et les toutes premières éditions des concertos de Vivaldi circulent alors dans toute l’Europe. Le duc avait fait acquérir l’édition parue à Amsterdam en 1711 de l’Estro armonico, l’opus 3 du grand maître vénitien. Comme bien d’autres musiciens des cours allemandes de l’époque, Jean-Sébastien Bach entrait donc en contact avec ce répertoire. Bientôt il composera lui aussi ses propres concertos, mais pas à Weimar.
La production de Jean-Sébastien à Weimar dans le domaine du clavecin témoignent d’une attention particulière aux style français et italien, sans pour autant délaisser le style allemand hérité de Pachelbel, Froberger et Buxtehude. Voici deux partitions témoins : l’Ouverture à la française BWV 820 et cet Air varié dans le style italien en la mineur BWV 989.
Jean-Sébastien Bach
Air varié à la manière italienne en la mineur BWV 989
Air + Variations 1, 5, 6, 11
Rinaldo Alessandrini, clavecin
Disque OPUS 111 / OPS 30-258 (1999)
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