Propos sur Bach : 31. Les cycles de cantates

Episode 31
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Le poste de Cantor de la Thomaskirche permet avant tout à Jean-Sébastien de se consacrer pleinement à la musique liturgique pour le culte luthérien. Il va enfin pouvoir accomplir ce qu’il n’avait finalement qu’ébauché à la chapelle de la cour de Weimar ...

... sans pouvoir continuer à la cour calviniste de Köthen : l’édification d’une musique originale pour toute l’année liturgique, c’est-à-dire la production de près de 60 cantates nouvelles par an.

A l’observation des sources, rien n’indique que Jean-Sébastien Bach fut obligé par les autorités de la ville à fournir une partition nouvelle chaque dimanche ; il aurait pu se contenter de faire alterner quelques œuvres originales avec la reprise de cantates de ses prédécesseurs ou contemporains, comme le faisaient la plupart des cantors des autres villes. Mais non, Jean-Sébastien est bien plus ambitieux. Il songe à son maître Buxtehude et aux grands musiciens d’église de son temps, tels Graupner ou Telemann. Il doit à sa volonté personnelle de s’être lancé dans une telle construction : ce fut son choix, délibéré, d’entreprendre l’édification d’un corpus totalement nouveau pour la ville de Leipzig, un corpus dont l’art et le style allaient marquer son temps ainsi que l’histoire du genre. 

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Trois années liturgiques complètes sont parvenues jusqu’à nous, ainsi que diverses cantates composées pour les grandes fêtes, la célébration de certains saints ou d’autres cérémonies, c’est-à-dire environ 160 œuvres créées entre 1723 et 1726. Dans les années qui suivront, le Cantor s’autorisera des reprises.

Les cantates composées par Bach pour l’office dominical sont le lieu de toutes les recherches et de tous les possibles, un véritable laboratoire où s’assemblent les formations instrumentales et vocales les plus variées, depuis la cantate soliste, jusqu’à celles pour deux, trois ou quatre chanteurs, avec ou sans chœur. Il exploite l’ensemble des couleurs instrumentales qui sont à sa disposition et offre même des combinaisons nouvelles. Ses Sinfonias sont écrites comme des mouvements de concertos conférant à l’orgue, à la flûte, au hautbois ou au violon, des parties solistes d’une virtuosité extraordinaire. Les chœurs flamboyants, avec ou sans mélodie de choral, oscillent entre le style ancien du motet et une écriture polyphonique nouvelle, en accord avec la dramaturgie et le sens du texte liturgique. La conduite des airs solistes est pareillement variée et couvre toute une palette de nuances entre l’aria da capo, l’air à ritournelle, l’air binaire ou en rondeau. Quant à son style, il sait combiner les tournures allemandes, italiennes et françaises dans une synthèse par lui seul réalisée en son temps.

Les Cantates composées par Bach à Leipzig offrent un moment d’art et de liberté dans l’office comme il n’avait encore jamais été concevable avant lui. En lien étroit avec la lecture des Evangiles, elles prolongent le texte liturgique tout en suscitant presque « concrètement » les émotions pieuses des fidèles.

Jean-Sébastien Bach
Cantate BWV 62 « Nun komm der heiden Heiland »  
Choeur introductif  
Choeur Monteverdi Solistes baroques anglais
Direction  John Eliot Gardiner
Disque : Archiv Produktion 463588-2 (1992)

CD Bach Cantatas JE Gardiner Archiv
CD Bach Cantatas JE Gardiner Archiv

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