

Le musicologue italien Alberto Basso (né en 1931) est l’un des plus grands spécialistes de Bach de la seconde moitié du XXe siècle. Il a publié de nombreux articles sur le cantor dont une biographie en deux volumes (1979 et 1983), traduite en langue française aux éditions Fayard (1984 et 1985).
« Lorsqu’il fut temps de mettre en pratique l’ars moriendi, cet art difficile de savoir se détacher du monde avec la plus grande dignité et la plus grande sobriété, Bach avait déjà préparé l’événement par des actes de purification et des exercices d’ascétisme. Durant sa dernière décennie, qui vit naître L’Offrande Musicale, les Variations Goldberg et L’Art de la fugue, sa vie s’était transformée au point de sembler, peut-être même à ses propres yeux, méconnaissable. Il avait abandonné les modes éculés – ceux qui avaient fait de lui le plus grand des musiciens d’église et de cour – et s’était brouillé avec le monde extérieur dès le moment où il ne pouvait plus croire, ni comme Kantor, ni comme Director Musices, dans les formes et dans les styles qu’il avait défendus avec tant d’ardente insistance durant les dix ou quinze premières années de son engagement avec les institutions de Leipzig.
Il s’était retiré sur le mont Sion, dans une solide forteresse, citadelle ou tour, où le seul hôte admis était la science, avec ses vertus de créature élue, avec sa lumineuse et vibrante auréole de certitudes acquises et de développements inattendus. Une nouvelle apocalypse, une révélation de ce qui est et de ce qui a été, un témoignage de prophétie comprise moins comme prédiction du futur que, selon sa signification la plus véritable et la plus authentiquement biblique, comme lecture du passé et interprétation des signes à travers lesquels la pensée se manifeste : voilà le programme que Bach s’était donné, voilà le nouveau Gottesdienst, le nouveau service divin qu’il mettait en pratique.
Supprimant les barrières qui se dressent entre l’œuvre et l’espace dans lequel elle se situe, fendant victorieusement l’épaisseur de la nuit qui enveloppe le non-connu et le non-expérimenté, ce grand pèlerin s’était engagé sur la route qui mène au savoir secret. Personne d’autre, après lui, ne saurait pénétrer dans les mirabilia mysteria du son, ni recueillir dans une urne précieuse, aux lignes géométriquement parfaites, les choses secrètes de la musique, celles dont la valeur ne peut pas être soumise au calcul et à la prétention, qui serait un blasphème, d’en mesurer la beauté et la durée dans le temps. »
Alberto BASSO, Redécouvrir Jean-Sébastien Bach, Arles, Harmonia Mundi, Livre-disque, traduit de l’italien par Béatrice Arnal, avril 1997, p. 43.

♫ Jean-Sébastien Bach
L’Offrande musicale BWV 1079
Thème royal en canon à deux voix
Les musiciens de l’Orchestre baroque d’Amsterdam, Ton Koopman (dir.)
Disque : Challenge classics CC72309 (2009)
Programmation musicale
- 07h57
Thematis regii elaborationes canonicae - canon a 2 per tones TON KOOPMANThematis regii elaborationes canonicae - canon a 2 per tones,
Album Jean Sébastien Bach l'Offrande musicale BWV 1079 (2009)
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