

Jacadi, les croisières Ponant, la maison Sotheby’s, et AirBnb... Les collaborations de l'Opéra de Paris sont nombreuses et se multiplient. Quel est l’intérêt pour des enseignes aussi variées de nouer de telles conventions ? Et quel est celui de l’Opéra de Paris ?
Le sujet dérange-t-il ? Est-il sensible ? En tout cas les croisières Ponant n'ont pas donné suite à nos sollicitations. Et du côté de l'Opéra de Paris, impossible depuis plusieurs jours de s'entretenir avec un interlocuteur. Néanmoins, Martin Ajdari le directeur général adjoint de l’Opéra de Paris insistait la semaine dernière auprès de nos collègues de France Info sur la finalité de l’opération avec AirBnb : « Ce partenariat précisément nous permet de financer la restauration des loges du palais Garnier et la nouvelle plateforme de streaming que nous allons lancer dans quelques mois ; Nous devons trouver des ressources propres en complément des ressources que l’Etat met à notre disposition. »
Pour Airbnb, ce partenariat est d'abord une question d'image qui lui permet de monter en gamme. Bertrand Burdet, son directeur adjoint : « Il y a six mois, on a créé une catégorie pour le patrimoine sur airbnb, créée uniquement en France. Et donc la continuité et l’origine de ce partenariat c’est vraiment airbnb le patrimoine français. C’est une expérience qui permet à des voyageurs de découvrir l’Opéra de Paris sous différentes facettes. La première étape ce sera de découvrir les coulisses de l’Opéra. La deuxième étape il y aura un cours de danse qui sera donné avec un danseur de l’Opéra de Paris, ensuite il y aura un dîner qui sera organisé dans le foyer de la danse. Je pense que l’opéra de Paris voit aussi un avantage là-dedans de comment on démocratise encore plus l’opéra en utilisant une marque mondiale comme AirBnb. »
Une opération d'image
Un podcast avec la marque Jacadi pour trouver un public de jeunes parents, ou des croisières proposés à des seniors. L’objectif serait-il donc d’ouvrir l’opéra à des publics ciblés ? Philippe Noisette, journaliste spécialisé dans le spectacle vivant notamment aux Echos nous répond : « J’ai un peu des doutes sur l’ouverture, je pense quand même que ça reste une opération d’image et que dans cette opération d’image c’est plutôt le loueur qui gagne que l’Opéra de Paris. L’opéra a perdu beaucoup d’argent pendant les confinements, il y a aussi eu beaucoup d’annulations de spectacles avec les grèves donc il a fallu rembourser ces places. Certains spectacles marchent moins en ce début de saison notamment du côté de l’opéra. Il faut de l’argent frais, on ne peut pas toujours demander à l’État de remettre au pot. »
Car les subventions de l’Etat pour l’Opéra de Paris étaient de 95 millions d’euros en 2022. Une somme qui ne manque pas de faire réagir. « On a l’impression qu’il y a deux mondes : le monde de l’Opéra de Paris, plutôt richement doté, et un autre monde qui a plus de mal à survivre à cette période délicate. C’est très difficile de retirer quoi que ce soit à l’Opéra de Paris parce que son rayonnement est international. »
Parmi les autres opérations entreprises par l'opéra de Paris, une vente aux enchères organisée par la maison Sotheby's a fait gagner une journée en compagnie de l’étoile Hugo Marchand, une autre avec le Directeur musical Gustavo Dudamel ou encore un dîner avec le baryton Ludovic Tézier. Alors jusqu’où peut-on aller pour faire tenir une institution comme l’Opéra de Paris ? Télérama interroge cette "quête éperdue de financement extérieurs", et des lots qui donnent l’impression de "transformer les artistes en objet".
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