À Nantes, un Malade imaginaire jubilatoire pour fêter Molière

Une marionnette géante de Louis XIV, glorifié par ses sujets
Une marionnette géante de Louis XIV, glorifié par ses sujets - Hélène Aubert
Une marionnette géante de Louis XIV, glorifié par ses sujets - Hélène Aubert
Une marionnette géante de Louis XIV, glorifié par ses sujets - Hélène Aubert
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Pour son "Malade imaginaire", le metteur en scène Vincent Tavernier revient à la comédie-ballet, conçue par Molière en 1673. Une collaboration explosive entre la compagnie théâtrale Les Malins Plaisirs, la compagnie de danse l'Éventail et l'ensemble musical Le Concert spirituel.

Oubliez le texte étudié à l'école, la version classique que vous avez vue au théâtre. Pour son "Malade imaginaire", Vincent Tavernier, le metteur en scène, revient à la comédie-ballet, la forme initiale conçue par Molière, en 1673. Un spectacle qui réunit trois troupes : la compagnie théâtrale Les Malins Plaisirs, la compagnie de danse l'Éventail et l'ensemble musical Le Concert spirituel. Des représentations se tiennent en ce moment au théâtre Graslin, à Nantes.

Retrouver "la rutilance des couleurs"

Le fil rouge du spectacle ? Un carnaval. La ville est en effervescence : masques d'animaux, opulence des costumes, marionnette géante de Louis XIV glorifié par ses sujets. Tandis qu'Argan se morfond, cloîtré, persuadé d'être atteint de toutes les afflictions. Il s'agissait de respecter le matériau de Molière tout en l'actualisant, nous dit Vincent Tavernier, le metteur en scène : "C'est un peu le travail que mènent les peintres ou les restaurateurs quand ils prennent une toile du XVIIe siècle couverte de vernis. En décapant tout ça très soigneusement, on retrouve la rutilance des couleurs."

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La mise en scène de Vincent Tavernier nous plonge par intermittence dans un réjouissant carnaval
La mise en scène de Vincent Tavernier nous plonge par intermittence dans un réjouissant carnaval
- Hélène Aubert

Réunir la musique, le théâtre, la danse : il fallait bien trois troupes pour ce tour de force. Chacun a travaillé de son côté, souvent par visioconférence, Covid oblige. Puis tout le monde s'est retrouvé pour répéter. "Au dernier moment, trois semaines avant, on met tout le monde dans la même pièce, et c'est un merdier, non de Dieu ! Il y a un genre d'énergie communicative des trois groupes qui arrivent, qu'il faut gérer. Le résultat, c'est que ça marche, et qu'on a réussi à faire une troupe", raconte le directeur musical Hervé Niquet. Ce dernier dirige une vingtaine de musiciens dans la fosse, qui interprètent la musique de Marc-Antoine Charpentier.

Les trois troupes passent par les mains expertes d'Angèle, la maquilleuse
Les trois troupes passent par les mains expertes d'Angèle, la maquilleuse
© Radio France - Louis-Valentin Lopez
3 min

Des "divertissements" essentiels

La mise en scène se distingue en incluant tous les "divertissements", ces parties qui scandent la comédie- ballet, souvent éludées. "L'ambition était de respecter l'intégralité et l'intégrité du projet. La plupart des comédies-ballet sont montées sans divertissements, qui sont pourtant intrinsèquement liées à l'oeuvre", estime Vincent Tavernier.

Il fallait aussi prendre en compte l'audience, car beaucoup de collégiens et de lycéens assistent aux représentations. "Il n'y a pas une seconde où je ne pense pas au public, même moi ça me met dans un état d'inquiétude, d'angoisse", confie Marie-Geneviève Massé, directrice de la compagnie de danse l'Éventail. "Il faut que ce soit vivant, direct, immédiat. Après, je suis très contente s'ils sont agréablement surpris, qu'ils se disent 'ah, c'est ça aussi le Malade imaginaire, avec ses divertissements, ses danses... ' ".

Les carnets de Marie-Geneviève Massé, qui retranscrit méthodiquement toutes les chorégraphies
Les carnets de Marie-Geneviève Massé, qui retranscrit méthodiquement toutes les chorégraphies
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

La chorégraphe peut être rassurée : des vivats, le public du théâtre Graslin se lève, récompense d'un théâtre jubilatoire, d'un burlesque exacerbé, servi par la finesse de l'écriture de Molière. Les 3h30 paraîtraient presque trop courtes.

25 min

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