En 2018, les ministères de l'Education nationale et de la Culture lançaient le Plan chorale. Objectif:une chorale dans chaque école encadrée par les enseignants. Qui manquent de compétences, de ressources et de moyens. Comment les épauler? En mobilisant les professionnels. Reportage par Suzana Kubik
Ils sont une vingtaine : filles et garçons tous de blanc vêtus, sur la scène du théâtre d'Auxerre baignée d'une lumière chaude. Sur le fond, comme seul décor se détache une rosette. Le dispositif est minimaliste, sobre, mais il a tout d'un vrai spectacle : scène, lumière, costumes, un ensemble instrumental, et un chef : Mathieu Romano, directeur artistique de l'ensemble vocal Aedes.
« Il y a une dimension évidemment chorale : tout le travail sur l'écoute, d'être ensemble, savoir chanter ensemble, le développement de l'oreille. Et puis une dimension scénique : on essaie de faire des spectacles qui ne soient pas uniquement que du chant, mais aussi du mouvement, de la danse, de la lumière pour que les enfants puissent aussi participer à un spectacle le plus complet possible, avoir une expérience la plus heureuse possible.»
Ce sont les élèves de CM2 de l'école Piedalloues d'Auxerre qui chanteront devant les caméras professionnelles, à défaut de pouvoir le faire devant un public. Comme trois autres classes de trois autres écoles auxerroises, depuis janvier ils ont travaillé la suite chorale Un chemin qui sort de mes pieds de Manuel Colley, dans le cadre du projet 100% chorale, dont Auxerre est ville pilote pour la 2e année. Le projet 100% chorale, qu’est-ce que c’est ? Stéphanie Ballet, musicienne intervenante.
« L’idée c’était de vivre un projet accompagnés par des professionnels, chanteuses d'Aedes et leur directeur artistique, ouvrir vers une autre qualité de chant, une autre prise de conscience, pour les enfants aussi de découvrir les voix lyriques, puis d’accompagner aussi les enseignantes sur un projet un peu plus ambitieux que ce qu'elles n'auraient osé monter. Et pour cela, cette année la Cité de la voix a proposé un volet tutorat : On a accompagné les enseignantes, on les a observé, les aidé, leur fait des retours comment mieux diriger et d’aboutir, avec des moyens. »
Et pour épauler les enseignants, tous les professionnels de la région sont impliqués, explique François Delagoutte, directeur de la Cite de la voix et initiateur du projet.
« C'est un peu comme un puzzle : quand on choisit une œuvre, les enseignants précisent leurs thématiques pédagogiques. Donc, la Cité de la voix a le Centre de documentation d'art choral à Dijon avec 50.000 partitions dans lequel on va puiser pour proposer du répertoire. Les enseignants du Conservatoire vont faire de l'accompagnement et les arrangements. Ca engage finalement tout le monde dans le projet et permet à la sauce de prendre.»
Si pour l’instant le projet 100% chorale est loin de couvrir toutes les écoles de la région, sa force est de s’inscrire dans la durée, explique François Delagoutte. Les enseignants formés au cours de cette année continueront à être accompagnés, jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes pour mener un projet choral dans leur établissement. Et à contribuer ainsi à faire perdurer le chant en classe sous quelque forme qu'il soit, pense Julie Besle, chargée des projets à La Cité de la voix :
« Si les enfants peuvent chanter au quotidien dans la classe, pourquoi pas ? Je pense que ce projet peut aussi aider à mettre à l'aise les enseignants et peut - être aussi, démythifier le fait de chanter, démythifier ce que c'est qu'un artiste. Et aider un peu à changer les postures, donner envie d'oser chanter un peu plus en classe. »
Et ça marche : le modèle auxerrois a déjà fait des petits : depuis cette année le projet 100% chorale a été initié aussi à Gray.
L'équipe
- Production
- Production
- Autre