On s’évade dans la forêt de Fontainebleau pour rencontrer la soprano Clémentine Decouture, directrice artistique de la Compagnie Divague. Elle y organisait des concerts l’année dernière, et s’en inspire encore pour sa discographie.
A moins d’une heure de Paris, la forêt de Fontainebleau offre le calme des grands arbres, et le chant des oiseaux. Nous ne sommes pas très loin de la gare, en compagnie de la chanteuse Clémentine Decouture, et c’est ici qu’elle organisait il y a un an, juste après le premier confinement, des concerts avec la flûtiste Florencia Jaurena. Le programme s’appelait Chante Rossignol Chante. « On était en zone rouge, c’est-à-dire qu’on n’avait pas le droit de faire des rassemblements de plus de 10 personnes, on pouvait accueillir 8 spectateurs. Les gens m’appelaient, prenaient leur billet, je les attendais à la gare, devant la foret ou parfois devant chez moi, et je les amenais sur le lieu du concert. C’était la débrouille mais c’était très sympa ! »
Sur une plateforme collaborative, la billetterie était libre et pour ne pas créer de rassemblement, le lieu était tenu secret jusqu’au dernier moment. Une fois sur place chacun pouvait s’installer comme il voulait, avec une certaine philosophie. « L’idée c’était de garder la forêt telle qu’elle, parce qu’on ne voulait pas changer l’endroit qui est magnifique ». Les gens pouvaient ainsi « venir avec leur chaise, ou un plaid », mais la plupart se posaient à même la terre. « Parfois ils prévoyaient un pique-nique, nous proposaient de le partager, et allaient se balader après ».
Echange musical avec les oiseaux
Le programme était lui aussi inspiré par le lieu, avec un hommage dans son titre au dessin animé Cendrillon. Il y avait, entre autres, des partitions d’Albert Roussel sur des poèmes de Ronsard, ou de Monique Gabus, sur la Grèce, la mer Egée. Et la nature elle-même venait se mêler aux concerts, « à un moment les oiseaux sont venus se poser sur une branche. Ils nous écoutaient et nous répondaient. C’était magique. Après avoir été longtemps seule chez soi, le premier concert moi j’en ai pratiquement pleuré, j’étais très émue ».
Un an après ces concerts, nous avons demandé à Clémentine Decouture si cette expérience avait été prolongée avec l’enregistrement d’un disque. « Oui !», répond-elle immédiatement. « Nous venons d’enregistrer un disque qui s’appelle OKIYO, un mot japonais qui veut dire Réveille-toi, Active-toi. Il y a ces pièces de Roussel sur les poèmes de Ronsard. On a ajouté la harpe et on a du écrire un programme parce qu’il y a très peu de choses pour harpe, flûte et voix. Des pièces créées par Laurent Coulomb, sur des haïkus d'Agnès Domergue__, sur le thème de la nature, la féérie, ces légendes de la foret ».
Un nouveau lieu de répétition
La parution du disque, réalisé via une campagne de financement, est prévue pour le 21 juin. On y retrouve Maholy Saholiariliva à la flûte, Anne Salomon à la harpe et Agnès Domergue à l’alto. Et en attendant, Clémentine Decouture continue de venir en forêt, pour notamment répéter le concert de sortie quand il pourra avoir lieu : « En plus de ne pas pouvoir travailler et ne pas pouvoir exprimer notre créativité sur scène, on a ce gros soucis de ne pas pouvoir travailler chez nous, pour la plupart. Moi je ne peux pas à cause de mon syndic ! Donc je continue à venir en forêt depuis février, depuis que j’ai l’interdiction de chanter chez moi et c’est rigolo parce que les gens qui font du footing ou se baladent à vélo me demandent pourquoi je fais ça et me demandent si je reviens le lendemain. Parfois on se fait des rendez-vous secrets ».
Clémentine Decouture aimerait réitérer l’expérience des concerts en plein air, en s’associant cette année à d’autres compagnies et associations.
Concerts dans le jardin municipal de Bois-le-roi avec la Compagnie Artemis le 30 mai, le 5 juin lors des journées de l'histoire de l'art du château de Fontainebleau et au Théâtre des minuits le 29 mai avec la troupe des Minuits. Pour plus d’informations.
L'équipe
- Production
- Autre